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Plaidoyer pour une agriculture paysanne utile, solidaire et écologique
Publié dans L'opinion le 23 - 12 - 2009

Au moment , où le Maroc s'apprête à entamer la mise en œuvre du Plan ‘'Maroc vert'' , consacré en grande partie à la composante ‘'moderne'' de notre agriculture, et au moment où la scène mondiale est marquée par des déséquilibres flagrants où, famines coexistent avec surproduction, il est peut être opportun de réfléchir sur les potentialités et le devenir de notre agriculture, eu égard aux enjeux présents et surtout à venir . A cet effet, il n'est pas inutile de commencer par rappeler quelques vérités évidentes, voire même élémentaires :
Tout d'abord , l'agriculture permet de satisfaire les besoins essentiels de la population , et de ce fait, elle constitue un élément fondamental dans tout processus de développement humain, économique et social.
Ensuite, l'agriculture est une activité productive par excellence ( conception physiocratique) , car la croissance y est tangible.
De même, l'effet d'une amélioration de la productivité, s'il est évident sur les rendements en terme de production, cela n' est pas toujours le cas , pour les revenus des paysans à cause essentiellement des aléas économiques et conjoncturels.
Alors, pour que l'agriculture puisse jouer pleinement son rôle économique et social , elle doit relever plusieurs défis, qui tiennent à la diversité des blocages économiques, techniques et institutionnels.
Les remarques précédentes nous permettent d'affirmer qu'il est assez risqué , voire même dangereux, de laisser s'installer une dépendance agricole envers l'extérieur, car cela nuirait fortement à la ‘'sécurité alimentaire'' du pays.
La ‘'spécificité'' de l'agriculture, comparée à d'autres activités, telle l'industrie ou les services, réside dans le fait qu'elle soit soumise à des cycles de production , relativement longs. Cela ne permet pas aux producteurs d'avoir une visibilité et une réactivité adéquates. S'ajoute à cela, le problème de la multitude d'intermédiaires,qui prélèvent, souvent de manière ‘'indue'', des marges substantielles tout au long de la chaîne de commercialisation.
Cela n'est d'ailleurs pas de nature à encourager les producteurs qui voient, la plupart du temps, le fruit de leurs efforts ‘'appropriés'' par les autres, qu'ils soient intermédiaires ou même consommateurs.
Pour toutes ces raisons, l'agriculture ne peut pas être exclusivement encadrée par un système de marché, tant au niveau national qu'international. Les pays qui ont pu développer leur agriculture, l'ont souvent fait à l'abri d'une protection vis-à-vis de l'extérieur et grâce à une fixation de prix garantis et stables pour leurs producteurs ( P.A.C. en Europe depuis 1958 ).
Toutes les tentatives de libéralisation totale du secteur agricole ont, plus ou moins, échoué à cause non seulement des résistances des différents protagonistes, mais aussi grâce à la prise de conscience de l' utilité et la nécessité de telles protections.
L'insertion de l'agriculture dans une logique de libre échange au niveau mondial est de nature à déstabiliser les systèmes productifs nationaux, qui, une fois démantelés, auraient beaucoup de mal à se relever, sans pour autant assurer, d'une manière durable et peu coûteuse l'alimentation des populations.
L'exemple de la flambée des prix des produits agricoles sur la scène mondiale est encore très présent dans les esprits et il est tout à fait sûr que cela se reproduirait à l'avenir d'une manière plus fréquente et plus exacerbée.
Pour ce qui est de notre agriculture, il est admis qu'elle souffre d'un certain nombre de difficultés, à la fois conjoncturelles et structurelles, qui empêchent son développement.
Face à la croissance démographique, notamment celle de la population urbaine, il est impératif de songer à une augmentation substantielle des rendements et de la production agricole.
Or, si l'agriculture emploie 40 % de la population active , elle ne contribue qu'à hauteur de 14% du P.I.B. Cela montre à la fois, l'immense retard de la productivité agricole, mais aussi l'existence de gisements potentiels de la croissance agricole.
A côté des contraintes physiques et naturelles ( seuls 10% de notre territoire constitue la S.A.U , le problème de la rareté des ressources hydriques mais aussi leur gaspillage inégal ,.. ) , notre agriculture reste marquée par un ‘'dualisme'' qui , non seulement , se perpétue mais prend des formes, de plus en plus , inquiétantes.
D'un côté, nous avons une agriculture ‘'moderne'', travaillant dans une logique de marché, national, mais aussi international, utilisant des techniques intensives , gourmandes en eau et recourant à des procédés chimiques, plus ou moins, dangereux pour l'environnement.
D'un autre côté, nous avons une agriculture ‘'traditionnelle'' et ‘'vivrière'' faiblement productive, orientée essentiellement vers le marché domestique avec évidemment des différences selon les régions.
Cette dernière semble stagner, voire régresser, sous la pression des différents obstacles auxquels elle est confrontée. Citons à titre d'exemple, les problèmes du foncier, de la disponibilité en eau, l'accès au financement ,le niveau de formation, la faible incitation des jeunes à s'insérer dans la profession, la déperdition des savoir-faire traditionnels,...etc
Ces difficultés, couplées aux aléas climatiques , aux fluctuations du marché , à la concurrence de produits importés et aux changements des habitudes alimentaires de la population, menacent sérieusement, non seulement, son développement mais aussi sa simple survie.
Les zones de production agricole qui se trouvent à proximité des espaces urbains , se trouvent également au centre de logiques de rentes et de spéculations foncières/immobilières dues à l'extension désordonnée des villes et à l'implantation , de certains ‘'citadins'' en quête de résidences secondaires, faute d'espaces publics urbains conséquents.
C'est alors qu'on doit se poser la question sur l'existence d'une éventuelle alternative pour ce modèle ‘'traditionnel'', qui, sans chercher vainement à intégrer le modèle intensif/monocultural, doit inventer un modèle qui serait, non seulement, viable économiquement, mais aussi utile socialement et respectueux pour l'environnement.
l'insertion de cette perspective dans une logique de développement durable, devrait parfaitement répondre à ces multiples exigences. La prise de conscience de la nécessité d'une préservation des milieux naturels, déjà aigue ailleurs, mais encore balbutiante chez nous, devrait constituer une chance extraordinaire pour cette agriculture afin de lui donner l'occasion de renouer avec ses fonctions naturelles mais aussi sociales.
La réhabilitation ou la mise à niveau de cette agriculture traditionnelle , ou du moins une partie d'entre elle, devrait s'inspirer de ce qu'il est appelé par ailleurs,''l'agriculture paysanne''(1), et dont le succès devrait nous interpeller à plus d'un titre, en vue d'une mise en place rapide et aussi généralisée que possible de ce mode d'exploitation agricole.
Cela, devrait d'ailleurs faciliter le renouement avec nos pratiques ancestrales, composante de notre patrimoine historique, et où les jardins maraîchers approvisionnaient les populations citadines avec des produits riches et variés, durant toute l'année.
Une agriculture de proximité qui, tout en permettant de contourner les intermédiaires et en offrant des produits de qualité, devrait satisfaire les besoins alimentaires d'une population de plus en plus à la recherche de produits d'une meilleure qualité gustative et sans effets nocifs pour la santé.
En même temps, cela devrait permettre aux paysans, et surtout aux jeunes d'entre eux, de profiter d'une amélioration de leurs revenus pour pouvoir développer des projets de vie dans les zones de production.
L'adhésion consciente des consommateurs, intéressés par la qualité des produits, mais aussi par la solidarité avec le monde paysan, et des producteurs soucieux de leur rôle dans l'échange mutuellement fructueux, devrait réduire les aléas pour les deux parties, contribuant ainsi au développement social solidaire.
Cette initiative devrait profiter essentiellement aux populations rurales, quitte à les réunir dans des structures coopératives (ou associatives) (2), afin de mettre en place des modes d'organisation capables d'encourager les jeunes à s'y installer et à développer leurs compétences avec un minimum d'espoir quant à leur avenir .
L'Etat et les collectivités territoriales devront veiller à l'élaboration et au respect des plans d'aménagement, en mettant les zones productives, surtout celles à proximité des villes, à l'abri des spéculations spéculatives. Notre agriculture est confrontée à de multiples défis, et le développement d'une agriculture paysanne, sans prétendre devenir une alternative totale, peut et doit, être encouragée à côté de l'agriculture intensive qui, elle, connaît, d'autres problèmes.
Cela, doit être mené dans une vision globale, articulée et à long terme. C'est à ce prix, que nous pouvons éviter une dépendance alimentaire, combien lourde de conséquences, pour le développement économique et social de notre pays.
(*) Enseignant-Chercheur. Université Mohamed V - Souissi. Rabat
_________________________________
(1) voir le cas de la France où il existe même une charte de l'agriculture paysanne.
(2) Le cas par exemple des A.M.A.P, ces associations de maintien de l'agriculture paysanne, qui associent des consommateurs à un producteur par le moyen de contrats permettant l'approvisionnement à des prix rémunérateurs, dans une logique de solidarité et de développement durable.


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