Ukraine : Beijing appelle à un accord avant la rencontre Trump-Zelensky    Espagne : Deux partisans présumés de Daech arrêtés avec l'aide de la DGST    Rallye Dakhla-Guerguerat: en route vers Dakar !    Averses orageuses et vague de chaleur avec chergui, de lundi à mercredi dans plusieurs provinces du Royaume    Espagne: un pompier tué, quatrième décès dans les incendies    Surpopulation carcérale en Belgique : Le gouvernement prépare des »solutions structurelles »    Le Maroc concentre 95 % de la production et 86 % de la consommation d'argent en MENA en 2024, chiffres records    Un adolescent subit un viol collectif présumé lors du moussem de Moulay Abdallah, la justice sévira    La Bourse de Casablanca débute en territoire négatif    Girona intensifie les négociations pour Ounahi    Revue de presse de ce lundi 18 août 2025    Les produits de la pêche marocaine reculent de 3% à 6,14 milliards de dirhams à fin juillet    Falcon pose ses jalons à Jorf Lasfar    Coup de cœur tourisme Ep4: La légation américaine, joyau de la médina de Tanger    Campagne Correct The Map : Soutien de l'UA pour rétablir la taille réelle de l'Afrique    Interview avec Dr Ali Moussa Iye et Prof. Augustin F.C. Holl : « La question de la gouvernance endogène nous ramène à celle de la souveraineté »    Développement territorial intégré: une nouvelle génération de programmes en vue    Foot arabe : Ammouta limogé    Transfert : Amine Adli vers Bournemouth, Ben Seghir vers Leverkusen ?    UNAF / Eliminatoires LDC Féminine : Trois arbitres marocaines convoquées    Abdelouafi Laftit prépare les législatives de 2026 en défendant le quota féminin et l'intégrité du processus    Mercedes Classe A: elle joue les prolongations    Air Canada: la grève maintenue, la compagnie espère une reprise dès lundi soir    La société indienne Paradeep Phosphates investit 172 millions de dollars pour sécuriser ses approvisionnements avec le Maroc    Les prévisions du lundi 18 août 2025    Cours des devises du lundi 18 août 2025    Jeter l'injustice à la mer !    Air Canada suspend la reprise des vols, le personnel navigant poursuit sa grève    Quatre morts dans deux crashs de planeurs en France    Arrestation de trois étudiants à Tétouan pour une campagne de boycott pro-palestinienne    Spain : Moroccan national arrested for arson attack on Santiago Apóstol Church in Albuñol    US diplomats to visit Laayoune amid UN resolution talks on Sahara    La police arrête l'auteur de l'accident ayant causé la mort d'un brigadier à Béni Mellal    Le modèle marocain antiterroriste : une architecture multidimensionnelle érigée en référence stratégique avec la DGSN comme pivot, souligne la Coalition militaire islamique de lutte contre le terrorisme (Imctc)    Etats-Unis: Une délégation diplomatique et militaire attendue à Laayoune    CHAN 2024 : Le Maroc bat la RDC et se qualifie pour les quarts de finale    Tarik Sektioui: la confiance des joueurs a été décisive pour remporter le match contre la RDC    Hatim Ammor enflamme M'diq et réunit 180 000 spectateurs au Festival des plages    Foire internationale du livre de Panama : Abderrahman El Fathi réclame une académie de la langue espagnole au Maroc    L'Algérie arme la migration clandestine... Un nouveau chantage politique envers l'Europe    El Jadida : Clap de fin des festivités du Moussem Moulay Abdallah Amghar    Sous les feux d'artifice: Clôture triomphale du Moussem Moulay Abdallah Amghar    «Le grand Israël» : Le Maroc signe une condamnation des propos de Netanyahu    SM le Roi félicite le Président de la République gabonaise à l'occasion de la fête nationale de son pays    MAGAZINE : « Carte de Séjour », le livre qui métisse des liens    L'ambassade de Chine à Rabat commémore le 80e anniversaire de la victoire des Alliés avec la projection d'un documentaire chinois    Le duo fraternel Belmir captive Martil lors du Festival des plages Maroc Telecom    Reportage - Moussem Moulay Abdallah Amghar : un formidable catalyseur économique et social pour toute une région    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Ressources halieutiques du continent : S'orienter vers une pêcherie durable pour éviter l'épuisement
Publié dans L'opinion le 05 - 08 - 2024

Comment lutter contre la surexploitation des ressources de la pêche ? Telle est la lancinante question qu'aborde le rapport intitulé : « L'Afrique face à l'épuisement de ses ressources de la pêche maritime ». L'inquiétude est réelle et mérite une mûre réflexion pour que la pêche durable soit la norme et non l'exception. Grille de lecture.
Dans son dernier rapport, Pierre Jacquemot bat en brèche et attire l'attention des gouvernants africains sur la gestion de leurs ressources halieutiques. Car si rien n'est fait maintenant le continent verra une diminution drastique de poisson dans les filets. Intitulé : « L'Afrique face à l'épuisement de ses ressources de la pêche maritime », ce nouveau document est une mine d'informations sur la réalité et les pratiques dans ce secteur. Il y a de quoi alerter et les chiffres parlent d'eux-mêmes.

Dans son constat, les perspectives sont pessimistes. La surpêche, la pêche illégale, non déclarée et non réglementée et l'exploitation mal contrôlée des stocks de poissons par des industries de farine et d'huile tournées vers l'exportation laissent de lourdes conséquences dans leur sillage. Pourtant, selon l'enquête, le rôle du secteur halieutique dans l'alimentation du continent africain est considérable.

En effet, 22% des protéines animales disponibles viennent des produits de la mer et des eaux douces et plus de 50% dans certains pays africains, en particulier en Afrique du Nord et de l'Ouest. Les pêches et leurs activités connexes fournissent non seulement de la nourriture, mais aussi des emplois à 12 millions de personnes, et génèrent des revenus pour les États comme pour les communautés.

En outre, l'Afrique dispose d'un territoire maritime de l'ordre de 13 millions de km2. Il correspond aux Zones économiques exclusives (ZEE) sous la juridiction des Etats côtiers et des Etats insulaires. Dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, ils ont la responsabilité de gérer durablement les ressources maritimes de ces zones.

Comment opérer un retournement de ces tendances ?, s'interroge l'auteur. Cela passe par l'adoption d'une politique souveraine et durable de la pêche répondant à deux préoccupations principales dont la première consiste à respecter un niveau des captures en mer compatible avec les besoins de reproduction du potentiel halieutique. Quant à la deuxième, il s'agira d'imposer des débarquements suffisants à terre destinés à la transformation pour assurer la meilleure couverture alimentaire locale et régionale.

Transformation et responsabilité

D'ailleurs, les perspectives de la FAO pour l'Afrique, proposées à l'horizon 2032, enfoncent le clou. « La consommation de poisson par habitant en Afrique continuera de diminuer, car les projections de production risquent de ne pas suivre la croissance de la population », révèle l'institution mondiale. En effet, partout, la production halieutique traverse une phase critique, signe que les ressources de la mer ne sont pas infinies.

Alors que la façade atlantique du Maroc à la Côte d'Ivoire est l'une des régions parmi les plus riches au monde en ressources halieutiques. L'upwelling, la remontée le long de la côte d'eaux froides profondes chargées en sels minéraux, favorise la production d'algues (le plancton principalement). Les ressources démersales comprennent les crustacés et la plupart des poissons dits « nobles » (sole, rouget, capitaine, mérou, dorade) et des céphalopodes (poulpe, seiche) qui sont recherchés en raison de leur valeur marchande.

Mais la menace de l'épuisement des ressources est réelle et leur surexploitation est une réalité partout. Les stocks de 51 espèces de poissons dans les eaux d'Afrique - de la Mauritanie à l'Angola -, indispensables pour la plupart à l'alimentation des populations côtières, sont en voie de disparition. Pour l'expert, l'évolution des techniques de pêche artisanale joue un rôle dans l'épuisement des ressources, notamment avec la senne tournante, des filets rectangulaires utilisés en surface pour encercler des bancs d'espèces pélagiques.

Cette surexploitation biologique se double d'une surexploitation économique quand les embarcations d'artisans pêcheurs se multiplient.
Presque partout en Afrique, la pêche artisanale reste de facto en « accès libre », ce qui a entraîné une augmentation de l'effort des pêcheries artisanales et contribue à présent au problème de la surcapacité. Au Sénégal, la pêche artisanale a connu des modifications importantes dans ses conditions d'exploitation. La flotte a augmenté de manière considérable. Le nombre de pirogues est ainsi passé en 20 ans de 3.800 à 17.400 enregistrées en 2024. C'est dire la menace qui guette les ressources de la pêche.

Exploitation abusive

Mais il y un autre péril bien plus grand que celui représenté par la pêche artisanale, c'est celui que fait peser sur les ressources halieutiques la pêche industrielle. Elle est souvent étrangère, européenne, russe et asiatique, légale ou illégale. Elle constitue une concurrence directe pour la pêche artisanale dans la mesure où elle intervient souvent près des côtes.

La pêche au chalut de fond est pratiquée presque exclusivement dans les ZEE des pays côtiers, à une distance relativement proche du littoral. Elle exploite donc les mêmes espèces (la crevette en Guinée-Bissau, au Sénégal ou à Madagascar, le thon albacore au Cap-Vert, la bonite aux Seychelles). En la matière, font savoir les estimations du centre de données FishSpektrum, une plateforme spécialisée dans l'identification des navires, il y a des puissances qui disposeraient de flottes de six cents bateaux disséminés le long des côtes, de Gibraltar au Cap.

Pour préserver les ressources de la pêcherie, dans le cadre d'une gestion durable de la pêche sur le continent, le cas marocain est cité en exemple. En effet, face aux menaces qui pèsent sur les ressources de la pêche maritime, des mesures d'encadrement du secteur sont parfois appliquées. Certains pays tentent de mieux protéger leurs intérêts, en signant des accords s'inspirant des principes de la gestion durable.

Dans ce cadre, la gestion dans le Royaume indique une voie à explorer. La flotte contient plus de 3.000 navires et une large infrastructure portuaire. La pêche maritime génère une production annuelle de plus d'un million de tonnes, plaçant ainsi le Maroc au premier rang des producteurs africains. Cette gestion durable devra inspirer plus d'Etat sur le continent.

Bon à savoir
Universitaire puis diplomate, Pierre Jacquemot a été en poste dans plusieurs pays africains (Sénégal, Algérie, Burkina Faso, Cameroun, Kenya, Ghana, République démocratique du Congo). Il est l'auteur de De l'élection à la démocratie en Afrique (1960-2020) (Fondation Jean-Jaurès, 2020). Il est actuellement maître de conférences à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, chercheur associé à l'IRIS, et membre du Conseil national du développement et de la solidarité internationale.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.