En septembre 2021, fraîchement investi, le gouvernement s'était engagé à conduire des réformes majeures pour répondre aux attentes d'une population dont la confiance dans les institutions s'était profondément érodée, comme le soulignait sans détour le rapport sur le Nouveau Modèle de Développement, publié cinq mois avant les élections. Parmi les grandes priorités figurait la réforme du système de Santé, sujet de mécontentement récurrent pour les Marocains, au même titre que l'Enseignement et la lutte contre la sécheresse, tant leur impact sur la société et l'économie nationale est profond et durable. Pour panser les profondes blessures d'un secteur durement éprouvé depuis plus de quinze ans, le gouvernement a, il faut le reconnaître, amorcé une véritable dynamique de réforme, qui a débuté avec la promulgation de la loi-cadre 06-22, portant l'ambition d'offrir à tous les citoyens un accès équitable à des soins de qualité, dans un système plus efficace, transparent et mieux structuré. Cette réforme structuranteinitiée au beau milieu de la crise du Covid a été accompagnée d'un ensemble de mesures, notamment le développement des infrastructures, le dialogue renoué avec les professionnels, la sortie de crise avec les étudiants en médecine, et surtout la création d'instances de gouvernance régionales pour amorcer une décentralisation tant attendue. Car sans véritable régionalisation, aucune réforme du système de santé public ne saurait, in fine, porter ses fruits. Sur le papier, les avancées sont notables, et le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, n'a pas manqué de les mettre en avant, lundi au Parlement, où il a martelé que si ces réformes avaient été mises en œuvre une décennie plus tôt, le déficit structurel que connaît aujourd'hui le secteur aurait pu être évité. Mais pour le citoyen lambda, celui qui a déjà connu la douloureuse expérience de recourir au système hospitalier national, le malaise est d'abord d'ordre moral et ne se résume pas à une pénurie de moyens ou à l'insuffisance d'infrastructures. Car si, dans nos hôpitaux publics, les files d'attente kilométriques, les tensions avec le personnel et les petits privilèges accordés au détriment des plus vulnérables sont autant de signes exaspérants, dans le privé, la logique commerciale prime, et c'est parfois la vie même des patients qui est suspendue au règlement préalable de factures exorbitantes. Le point de départ de notre réforme devrait ainsi être l'imposition du respect de la déontologie, par conscience citoyenne ou, à défaut, par contrainte. Sans cela, ni la technologie, ni les bâtiments flambant neuf, ni les discours réformateurs ne pourront révolutionner en profondeur notre système de Santé. Car, comme le dit si bien l'adage : «Tout ce qui brille n'est pas or».