Mégaprojets, essor des énergies renouvelables, dessalement de l'eau de mer, et ouverture en cascade de consulats. Les provinces du Sud connaissent une mutation spectaculaire depuis 2015. Rencontre avec le Secrétaire Général du Forum Sahraoui d'Etudes Parallèles et de Diplomatie, Hassan Lahouideg, pour décrypter cette dynamique. - Suite au colloque national tenu avec l'Association Ribat Al Fath, jeudi dernier, célébrant les acquis d'un demi- siècle depuis l'annonce de la Marche Verte, vous avez salué les grands chantiers de développement dans les Provinces du Sud. Quel bilan dressez-vous ? - Depuis le lancement du nouveau modèle de développement des provinces du Sud du Royaume, en 2015, sur Très Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Que Dieu l'Assiste, des projets majeurs ont été réalisés dans divers domaines, notamment des infrastructures, énergies renouvelables, éducation et santé. Aujourd'hui, nous constatons des résultats tangibles au niveau de l'amélioration des conditions de vie, de l'élargissement des opportunités d'emploi et de la stimulation des investissements privés nationaux et étrangers, en particulier suite au lancement de projets stratégiques tels que le port Dakhla Atlantique, la voie express Tiznit–Dakhla, et le dessalement de l'eau de mer pour l'irrigation de 5.000 hectares. Cette dynamique a fait des Provinces du Sud un pôle prometteur de développement et d'investissement, et un espace privilégié pour les entreprises nationales et étrangères, grâce à la stabilité, à la sécurité et à la simplification des procédures. - Sur le plan politique et démocratique, comment évaluez- vous l'évolution de la participation des élus et des acteurs locaux des Provinces du Sud dans la gestion des affaires régionales, et quel rôle ce renforcement de la démocratie locale joue-t-il dans la consolidation de l'unité territoriale ? - Les Provinces du Sud constituent un modèle dans l'exercice de la démocratie locale au sein du Royaume. Grâce à la large participation des élus à la gestion des affaires régionales et à l'opérationnalisation du principe de la régionalisation avancée, la présence des acteurs locaux dans la prise de décision a été renforcée. Cette participation n'est pas seulement un indicateur de maturité politique ; elle est également l'incarnation concrète de l'unité territoriale, dans la mesure où les fils du Sahara gèrent leurs propres affaires dans le cadre de la souveraineté nationale. Ce fait vient ainsi réfuter les allégations des adversaires de la marocanité du Sahara. - Face à l'élan des reconnaissances internationales de la marocanité du Sahara et l'ouverture de nombreux consulats, comment la diplomatie parallèle et la société civile travaillent-elles en synergie avec la diplomatie officielle pour consolider et amplifier ces acquis sur le terrain international ? - La diplomatie parallèle joue un rôle complémentaire à celui de la diplomatie officielle. Elle contribue à expliquer la position marocaine à l'opinion publique internationale, à réfuter les contrevérités, et à bâtir des ponts de communication avec les élites, les parlements et les organisations de la société civile à l'étranger. De plus, la société civile s'engage désormais dans des rencontres internationales afin de faire connaître les développements que connaissent les Provinces du Sud, contribuant ainsi à consolider la reconnaissance internationale croissante de la marocanité du Sahara. Parmi les prochaines étapes envisagées figurent le renforcement de la formation des jeunes compétences dans le domaine du plaidoyer international, l'élargissement de la présence des associations et des chercheurs dans les forums régionaux et internationaux, le développement de contenus de communication numériques, en différentes langues, mettant en évidence les vérités historiques et juridiques, ainsi que la création de réseaux de coordination entre les acteurs de la société civile et les institutions officielles afin de consolider le front diplomatique national. L'objectif ultime est que le plaidoyer en faveur de la marocanité du Sahara devienne une responsabilité partagée, exercée avec professionnalisme et étayée par des arguments irréfutables. - Quel regard portez-vous sur l'évolution du processus politique mené par l'Organisation des Nations Unies, notamment après les récentes Résolutions du Conseil de Sécurité et le travail de l'Envoyé Personnel du Secrétaire Général, Staffan de Mistura ? Quelles sont les perspectives pour une reprise effective du processus des tables rondes ? - Le Maroc aborde le processus politique soutenu par les Nations Unies avec sérieux et confiance, dans le cadre des référentiels clairs définis par le Conseil de Sécurité. Le Royaume s'accroche à l'initiative d'autonomie comme solution réaliste et pratique qui bénéficie d'un soutien croissant de la communauté internationale. S'agissant de l'Envoyé personnel de l'ONU, Staffan de Mistura, le Royaume le soutient dans ses efforts visant à relancer les tables rondes, à condition de respecter les constantes du Maroc et sa souveraineté pleine et entière sur ses Provinces du Sud. Les perspectives sont positives au vu de l'élan diplomatique actuel et de l'augmentation du nombre de pays favorables à la position marocaine. À cet égard, il suffit de souligner que le Conseiller spécial du Président américain pour l'Afrique, Massaad Boulos, a réitéré le soutien exprimé à plusieurs reprises par Washington à la souveraineté du Maroc sur son Sahara et au plan d'autonomie comme "seule base pour une solution juste et durable" à ce conflit régional artificiel qui dure depuis près d'un demi-siècle. Dans un entretien accordé à la chaîne d'information Asharq, Boulos a mis en lumière le soutien clair et sans équivoque du Président Trump, rappelant que Washington prévoit d'ouvrir prochainement un consulat américain dans les Provinces du Sud du Royaume. Le Conseiller américain a également estimé qu'"il est temps de trouver une solution définitive et durable" à ce conflit régional vieux de 50 ans. Il a fait référence, à cet égard, au contenu "historique" du Discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à la Fête du Trône, soulignant l'"engagement ferme" du Royaume en faveur de la main tendue envers l'Algérie. Les Etats-Unis d'Amérique œuvrent avec un grand nombre de partenaires européens dans le but de parvenir à une solution définitive et consensuelle au dossier du Sahara au niveau des Nations Unies. Le Conseiller américain pour l'Afrique, Massaad Boulos, a exprimé son optimisme quant à la perspective de parvenir à une solution durable, déclarant : "Nous sommes très optimistes, plus que jamais". Cette position américaine s'inscrit en parallèle avec les positions espagnole et française, qui soutiennent le processus de l'ONU. En outre, on observe un rapprochement diplomatique majeur entre le Maroc et la Russie. Le ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains Résidant à l'Etranger, Nasser Bourita, a récemment effectué une visite à Moscou. Il a affirmé que la huitième session de la Commission mixte maroco-russe est une opportunité d'exploiter toutes les potentialités pour faire avancer la coopération commune vers des horizons plus larges. Coprésidant les travaux de cette commission avec le vice- Premier ministre de la Fédération de Russie, Dmitri Patrouchev, Nasser Bourita a déclaré : "Nous aspirons à faire de cette réunion une rencontre fructueuse menant à des résultats concrets qui reflètent l'ambition de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'Assiste, et de Son Excellence le Président Vladimir Poutine". Il a ajouté que cette session "nous y plaçons de grands espoirs pour faire avancer notre coopération commune vers des horizons plus larges". Le ministre a souligné que les relations entre les deux pays offrent des opportunités de coopération dans de nombreux domaines, tels que les échanges commerciaux, la coopération technique, le tourisme, l'énergie et l'éducation, notant que ces relations "ont connu un développement significatif depuis la visite historique de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'Assiste, à Moscou en 2016". Il est également à noter que Moscou a salué les initiatives royales visant à renforcer la stabilité et à promouvoir le développement du continent africain, considérant qu'elles sont à même de contribuer au renforcement de la stabilité, de la sécurité et du développement durable à l'échelle du continent africain.