À l'approche de la réunion d'octobre du Conseil de sécurité des Nations unies consacrée au Sahara, les lignes diplomatiques se resserrent autour d'un seul projet de règlement : l'autonomie proposée par le Maroc. Tandis que Rabat consolide ses alliances et capitalise sur un soutien international croissant, l'Algérie, principal acteur de ce conflit vieux de près d'un demi-siècle, voit ses marges de manœuvre s'amenuiser. La France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni — trois membres permanents du Conseil de sécurité — affichent désormais une position sans ambiguïté : l'initiative marocaine d'autonomie, jugée « sérieuse, crédible et réaliste », constitue l'unique base viable pour parvenir à une solution politique négociée. Washington, rédacteur traditionnel des résolutions onusiennes sur le Sahara, pilote activement ce front diplomatique. Dans une récente déclaration, Massad Boulos, principal conseiller de l'administration Trump pour l'Afrique, a réitéré que « l'autonomie sous souveraineté marocaine est la seule option envisageable ». Paris, après des années de prudence, a également franchi un cap en reconnaissant formellement cette approche, tout comme Londres, soucieuse de stabiliser le flanc sud de la Méditerranée. Le Maroc ne se limite pas à cet alignement occidental. Le ministre des affaires étrangères, Nasser Bourita, a multiplié les échanges bilatéraux, notamment avec Moscou et Pékin, les deux autres membres du Conseil de sécurité dotés d'un droit de veto. Sa récente conversation avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, et son déplacement annoncé en Chine illustrent une stratégie visant à neutraliser tout blocage. Rabat mise sur son rôle pivot dans les flux commerciaux mondiaux et dans la lutte contre l'instabilité sahélienne pour convaincre ces puissances de ne pas entraver le processus. Cette dynamique accentue l'isolement d'Alger, dont la diplomatie repose depuis des décennies sur le soutien au Front Polisario. Le récent constat de Staffan de Mistura, envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara, enfonce le clou : dans un entretien à l'Institut italien d'études politiques internationales, il a explicitement qualifié l'Algérie de « principal acteur » du conflit, réduisant le Polisario au rang de relais algérien. Une lecture qui fragilise la posture d'Alger, longtemps présentée comme médiateur et non partie prenante. Lors de sa visite à Alger, M. de Mistura s'est heurté à l'intransigeance du ministre des affaires étrangères, Ahmed Attaf, dont la ligne reste inchangée malgré les pressions croissantes. Cette rigidité apparaît en décalage avec la reconnaissance internationale de l'autonomie marocaine, désormais partagée par une majorité d'acteurs influents. Lire aussi : Sahara-ONU : Vers une recomposition des alliances autour du plan d'autonomie Washington hausse le ton face à l'Algérie. La visite à Alger du général Claude K. Tudor, commandant des opérations spéciales américaines pour l'Afrique, visait à transmettre un avertissement clair. Elle faisait suite à celle, en juillet, de Massad Boulos, qui avait exhorté la junte militaire à s'inscrire dans la dynamique internationale. Selon plusieurs sources, les discussions ont révélé la division interne du régime : une faction favorable à une sortie de crise par la normalisation avec Rabat, une autre attachée au statu quo. Ce blocage inquiète Washington, qui voit dans le prolongement du conflit une menace directe pour la stabilité du Sahel, déjà fragilisé par la montée des groupes armés et l'affaiblissement de la CEDEAO. La séquence à venir sera décisive. L'envoyé onusien doit prochainement rencontrer le ministre français des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, pour consolider la position européenne. Les diplomates évoquent une « dernière chance » offerte à Alger pour se joindre à la recherche d'un compromis. À défaut, des sanctions internationales pourraient être envisagées, une perspective encore marginale mais de plus en plus évoquée dans les cercles de Washington et de Bruxelles. L'Algérie se retrouve ainsi piégée par son propre jeu diplomatique. Ses tensions récentes avec les pays du Sahel, où elle tente sans succès d'imposer des médiations parallèles, l'ont isolée de ses voisins immédiats. Sur le plan interne, la pression économique et sociale limite sa capacité à supporter de nouvelles sanctions. Refuser de s'adapter reviendrait à s'exposer à une marginalisation accrue, au moment où Rabat renforce son ancrage africain et méditerranéen. La configuration actuelle rend difficile toute issue autre que celle déjà posée sur la table : une autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine, négociée et garantie par la communauté internationale. Le dilemme pour Alger est désormais limpide : accepter ce compromis ou s'exposer à un isolement international durable.