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«Les perturbations des écosystèmes sont à pointer du doigt…»
Sauvegarde du patrimoine bâti Entretien avec l'architecte urbaniste Ahmed El Hariri : Pour une urbanité où la mémoire du lieu est sauvegardée
Publié dans L'opinion le 16 - 04 - 2011

Ahmed El Hariri, architecte urbaniste marocain installé à Casablanca depuis une trentaine d'années, s'intéresse à la sauvegarde du patrimoine bâti; notamment à travers l'activité de l'association qu'il préside, Docomomo (Documentation et conservation du mouvement moderne de l'architecture, de l'urbanisme et du paysage du XXème siècle). Il avait participé à des projets d'habitat social de plusieurs quartiers de Casablanca: carrières Ben Msik, Moulay Rachid, Tacharouk et aussi à Mohammedia pour les quartiers El Alia, Hassania, Rachidia etc. Plus récemment, il a pris part à la réalisation du projet de relogement des habitants des bidonvilles de Sidi Moumen, projets Salam I et Salam II, où furent relogés les habitants de Sekouila et Thomas, les deux célèbres bidonvilles où résidaient les kamikazes du 16 mai 2003.
L'association Docomomo Maroc célèbre les journées du patrimoine par des visites guidées, pour étudiants en architecture, aux monuments architecturaux réalisés à Casablanca par deux architectes: Jean-François Zevaco et Auguste Cadet. De même, dans la périphérie, la visite d'un prototype d'habitat social de Casablanca au quartier Sbata, l'immeuble Nid d'Abeille, réalisé par les architectes Georges Candilis et Shadrach Woods du groupe Team Ten en 1952. Entretien.
L'Opinion: Casablanca qui s'apprête à célébrer les journées du patrimoine, est-elle votre domaine de prédilection ?
Ahmed El Hariri: Je m'intéresse à tout le Maroc, dont Casablanca et Agadir. C'est pour ça que nous avons une association, l'association Docomomo Maroc. On y développe une activité avec des programmes bien ciblés pour faire valoir le patrimoine national du 20ème siècle en tant que richesse sur laquelle on peut travailler. Comme on le sait, sans connaître le 20ème siècle on ne peut pas avancer. Or Casablanca, comme d'autres villes, s'est développée surtout pendant le XXè siècle.
L'Opinion: Pourtant l'intérêt pour le patrimoine bâti sur le pourtour de la Méditerranée incluait aussi bien le XIXè que le XXè siècle ?
Ahmed El Hariri: Mais cet intérêt s'est progressivement porté surtout sur le XXème siècle. Il faut savoir que pour la sauvegarde du patrimoine bâti, il y avait une seule organisation internationale qui est ICOMOS. Le Maroc en fait partie avec M. Abderrahman Chorfi comme président de la section Maroc. Cela fait une dizaine d'années, on a même un membre marocain dans le bureau international, Mme Mina Mghari. C'est en 1989 qu'a été créé Docomomo international à Eindhoven, Hollande. C'est alors qu'on a constaté que ce qui se faisait n'était pas en rapport avec le patrimoine des villes du XXé siècle et du mouvement moderne en architecture et urbanisme. Cela alors que le XIXè est trop loin de nous et que d'extraordinaires changements sont intervenus au XXè du fait des deux guerres mondiales et du traumatisme universel qui s'en est suivi. Du fait aussi des bouleversements technologiques intervenus avec l'invasion de la voiture, de l'aéroplane et plus tard les technologies de l'information etc.
Maintenant on ne peut pas travailler sur un lieu sans connaître ses mécanismes et sans tenir compte du fait que le XXè a vu la population mondiale, y compris la population du Maroc, passer d'une dominante rurale à une dominante urbaine au point qu'on ne parle plus du rural dans des zones du monde où la population urbaine a dépassé 80% du total. Au Maroc, la population urbaine tourne autour de 54% à 55% du total de la population. Nous appartenons désormais à des mécanismes gérés par ce qu'engendre l'urbain. Le patrimoine bâti doit être revu en fonction de tout cela.
L'Opinion: Qu'est-ce qui a donc essentiellement changé ?
Ahmed El Hariri: Ce qui a changé c'est que le patrimoine n'est plus conçu comme le musée qu'on doit garder parce que ça représente quelque chose au niveau de la mémoire, car aujourd'hui il doit servir à quelque chose en étant intégré dans la vie quotidienne des gens. C'est du fait qu'on ne va pas au-delà de la notion muséologique pour le patrimoine au Maroc, qu'on se trouve devant des situations de blocage. On n'arrive pas à classer, on n'arrive pas à sauvegarder parce que la notion du patrimoine a beaucoup évolué à travers le monde et nous n'avons pas fait attention ici à cette évolution. Nous sommes en retard. Nous, en tant qu'association Docomomo Maroc et Docomomo International, nous travaillons dans ce cadre. C'est pour cela que nous ne nous compliquons pas l'existence par d'autres champs de connaissances, des patrimoines architecturaux d'autres époques historiques par exemple qui peuvent être déjà balayés par des expertises pointues.
Donc conserver le patrimoine dans un sens muséologique n'apporte rien à la population et à la dynamique de développement urbain.
Je dis bien muséologique. Prenons l'exemple d'un bâtiment comme la Mahkama de Derb Lahbous à Casablanca. Si par exemple on laisse ce bâtiment vide, ça servirait à quoi et à qui ? C'est pour cela qu'en tant que patrimoine bâti, il faut que l'édifice intègre des fonctions développées, il faut que le bâtiment participe à la vie sociale et culturelle de la population, il faut qu'il apporte quelque chose. Et en dernier lieu, même s'il n'apporte rien, il apporte une valeur vénale qui joue un rôle dans l'économie locale.
L'Opinion: Que dire de l'histoire de l'hôtel Lincoln que vous aviez suivi depuis le début ?
Ahmed El Hariri: La grande erreur commise c'est d'avoir vidé la bâtisse de ses occupants et de l'avoir laissée à l'abandon durant des années ce qui hâté son délabrement. Il aurait fallu, juste après, procéder aux travaux de renforcement. Le projet de renforcement n'a pas pu aboutir par manque de volonté et de prise de conscience des responsables.
Ce qui devait être sauvé dans le Lincoln ce sont les façades monumentales pour permettre à tout promoteur public ou privé de lancer un programme de réaménagement et d'animation du centre.
L'Opinion: Souvent on dit que tout cela est arrivé du fait de l'absence de législation appropriée ?
Ahmed El Hariri: Il s'agit aussi de ça. En soubassement au manque de volonté, il y a le vide juridique. Ce qu'on a pu observer, tout comme pour d'autres domaines, c'est que les choses avancent mais les structures demeurent en retard, essentiellement les structures législatives par rapport aux actions. La définition du patrimoine elle-même, lorsqu'on en prend connaissance dans le Dahir de 1980, est très restrictive. Tout le monde est dans la perplexité s'agissant de la mise en application de cette loi. Même si on essaie de l'outrepasser, ça reste un élément de blocage. D'abord quand je parle du XXè siècle des villes et de l'urbanisme, aucune loi aujourd'hui au Maroc ne distingue un intérêt général d'une ville pour dire par exemple que pour ses qualités en tant que quartier de caractère, le quartier des Habous, doit être impérativement préservé. Ou encore, autre exemple, le centre urbain de Casablanca du fait de sa dimension Art Déco, dire voilà un ensemble urbain qui doit être sauvegardé dans sa qualité paysagère. On essaie donc de distinguer une chose qui n'est jamais mentionnée dans les lois marocaines et qui n'est autre que la propriété collective urbaine. C'est-à-dire qu'en dehors du domaine privé, individuel, il y a une propriété intellectuelle collective de la ville.
L'Opinion: Vous dites que le patrimoine c'est le capital avec lequel on travaille l'avenir. Plus concrètement qu'est-ce ça veut dire ?
Ahmed El Hariri: Pour comprendre, il suffit de prendre des exemples très simples : les villes européennes sont entrées en compétition rien que par la dynamique de sauvegarde du patrimoine. C'est-à-dire les responsables ont distingué des ensembles de leur ville qu'ils ont réhabilités et mis en valeur et ils ont mis cela dans le dossier de compétition internationale, qu'il s'agisse de Paris, New York, La Havane etc. La Havane est par exemple communiste, New York est capitaliste, mais tout le monde se retrouve au niveau d'une seule notion : c'est ce qui appartient à la collectivité et fait que celle-ci est dynamique, développante ou au contraire en régression. Une ville sale c'est une ville que fuient les investissements. Il en est autrement pour une ville propre qui est mise en valeur dans son patrimoine que ce soit patrimoine individuel, bâtiment par bâtiment et ensembles de quartiers, que ce soit le cadre paysager, des pans entiers de perspective urbaine qui, une fois mis en valeur, valorisent la ville.
Il faut voir ce qui est entrepris à Lisbonne ou Barcelone les deux villes qui sont concurrentes entre elles pour attirer le capital. Ce n'est pas parce que vous avez l'eau et l'électricité que vous avez droit et la chance d'être éligible. Aujourd'hui la concurrence est culturelle et c'est pour cela que les ministères de la Culture ailleurs ont une importance de même gabarit que les ministères de l'Economie ou de la Défense. Ils ont des budgets en conséquence pour donner les cachets que les villes méritent au niveau international pour leur assurer d'être compétitives. Et on ne peut pas y accéder avec du folklore ; on ne peut pas y accéder avec des choses que personnes ne partage avec nous. Les seules choses qu'on partage avec les autres ce sont les valeurs récentes universelles. Casablanca de par la richesse de son patrimoine a une stature internationale qui devrait lui permettre d'être compétitive et lui conférer une bonne place dans le concert des grandes villes à condition de préserver son patrimoine bâti.
L'Opinion: Non seulement la notion du patrimoine a changé mais le patrimoine bâti lui-même doit être appréhendé sous un regard neuf?
Ahmed El Hariri: En effet, beaucoup de gens par exemple croient que si on évoque ce type de patrimoine du centre de la ville Casablanca on parle automatiquement de patrimoine colonial. On répète souvent aussi «ville européenne». Mais lorsque on trouve dans le lot un passage Tazi ou un passage Glaoui on commence un petit peu à se poser des questions.
L'Opinion: Quelle est donc l'histoire
de ces passages ?
Ahmed El Hariri: C'est que les riches marocains (parce qu'il y a d'autres lots de bâtiments construits par des Marocains dans ce centre dit européen) ont été associés pendant le Protectorat pour acheter des terrains lotis et les construire. L'exemple est donné par des notabilités comme Tazi et Glaoui et d'autres comme d'ailleurs des juifs marocains Murdoch, Dahhan. Les Marocains ont donc été associés à construire la ville qu'on dit européenne. Or Casablanca n'a pas été réalisée en ville d'apartheid, car le seul apartheid qu'il y avait eu c'est l'argent, ce qui a fait que les riches étaient avec les riches, toutes nationalités confondues et les pauvres avec les pauvres. La région d'Anfa était habitée aussi bien par des Européens, des Français, que par des Marocains qui y possédaient des demeures construites par de grands architectes par exemple la villa Mokri. C'est pour cela que la structure des villes au XXè siècle, notamment Casablanca, est très particulière.
L'Opinion: En quoi consiste cette particularité ?
Ahmed El Hariri: C'est un urbanisme avec une notion très moderne de fabrication de la ville et dans laquelle l'histoire idéologique reste au second plan. Ainsi, à Casablanca on a moins réalisé une «ville européenne dans la ville marocaine» que de l'urbanisme moderne. Les Marocains riches pouvaient acheter des terrains et fructifier l'argent. La ville a été réalisée par des capitaux bancaires. C'est une ville capitalistique basée sur des valeurs modernes du capital et en conséquence cela fait table rase de toutes valeurs idéologique du passé. Le capital s'y est toujours fructifié à travers le foncier.
L'Opinion: Pourquoi la même dimension n'a pas eu lieu auparavant par exemple à Fès et autres médinas ?
Ahmed El Hariri: Ce n'était pas possible parce que finalement au Maroc les terrains, avant l'ère moderne du XXè siècle, n'avaient pratiquement que deux qualités de propriétaires dominants : le Makhzen et les Habous. Le Makhzen se confond avec l'urbain dans la littérature ancienne et en conséquence c'est l'autorité qui décidait de la propriété. Tout cela était régi par une autre logique qui n'est pas la logique moderne. Les mécanismes de la modernité ont été inclus dans Casablanca dès le départ. La même situation pour Agadir ville nouvelle à part sa Casbah et Kénitra pour citer que ces exemples.
L'Opinion: La sauvegarde du patrimoine c'est aussi l'interaction entre le problème social de logement et les sites historiques comme le cas de la médina qui fait l'objet actuellement d'un programme de réhabilitation.
Ahmed El Hariri: Dans bien des cas, on ne peut pas parler de réhabilitation sans l'enclenchement d'un programme spécifique de dédensification des quartiers historiques. Parce que les investisseurs ne peuvent s'attaquer à la question de la rénovation que si le problème de l'occupation des sites est réglé. A ce propos, je cite le quartier historique de Bousbir de Derb Soltane «le quartier réservé» conçu par Auguste Cadet et qui a été malheureusement squatté et défiguré. C'est pourtant un centre multifonctionnel qui abritait un cinéma et des cafés. Récupéré et réhabilité, il pourrait constituer le début de la rénovation de tout Derb Soltane.
L'Opinion: A Casablanca on a laissé à l'abandon des bâtisses historiques comme l'immeuble Bessonneau (hôtel Lincoln), on en a détruit d'autres nombreux amputant la ville d'une partie importante de son histoire mais qu'en est-il d'autres lieux de mémoires qui risquent de disparaître sous le même rouleau compresseur de la spéculation ?
Ahmed El Hariri: Vous me donnez là l'occasion d'évoquer une autre forme de patrimoine bâti à Casablanca, ce sont les friches industrielles qui constituent une chance de développement pour la ville dans les 20 et 30 prochaines années. Des édifices d'usines abandonnés suite au déplacement des grandes entreprises vers d'autres sites ou vers la grande périphérie. Il faut commencer à réfléchir à propos de ces friches et les introduire dans une vision de sauvegarde afin de contrôler leur propre développement. Car pour développer une urbanité appropriée il faut impérativement qu'une partie de la mémoire du lieu soit sauvegardée et transformée en équipements au profit du futur utilisateur de ce territoire en premier lieu les habitants des environnants. A Casablanca, nous avons l'exemple des quartiers Roches Noires et Ain Sebaa comme zones industrielles. Nous y avons, entre autres exemples, l'ancienne usine de l'ONE, la première centrale électrique du Maroc. L'immense édifice datant de 1952 est désaffecté depuis des années. L'ONE était prêt à le céder à la ville pour éventuellement abriter un musé de la machine mais il n'y a pas eu de répondant de la part de la Ville. Certes il y eu les anciens abattoirs désaffecté dont les locaux ont été transformés en lieu de manifestations culturelles qui permettent de préserver ces édifices historique. Ces friches industrielles peuvent redynamiser la ville d'une autres façon.
L'Opinion: Vous avez participé à de nombreux projets de logements sociaux. On pense que dans le passé on a plus construit des quartiers plus aérés avec places publiques, jardins pour un habitat qui se bonifie avec le temps.
Ahmed El Hariri: La question de l'urbanisme aujourd'hui devient plus difficile, on ne peut plus se permettre cette grande liberté de l'étalement de l'urbanisme en investissant des terrains agricoles comme dans le passé et on est obligé de faire une ville densifiée, c'est-à-dire construire la ville sur la ville. Cette approche et les techniques y afférant relèvent d'un débat actuel aujourd'hui.
C'est une tradition née au Maroc le fait de construire des pans entier de la ville : derb Soltane, El Habous, Sidi Othmane, Derb Moulay Cherif, Ben Msik, Bernoussi. On a toujours créée la ville par de grands morceaux. Ainsi par exemple Bernoussi est construit, à partir de 1952, par Ecochard qui avait dessiné ce grand quartier. Aujourd'hui c'est une ville entière et ce n'est pas une ville indépendante car elle fait partie intégrante de Casablanca, c'est un centre de la ville. Or Casablanca s'est permis de fabriquer des pôles et c'est dans ces équilibres qu'il faut rendre hommage aux gens qui ont travaillé depuis Prost jusqu'à aujourd'hui, il faut mettre leur travail en valeur et c'est ça le patrimoine : restituer à chacun sa place et le mettre sur son propre piédestal.


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