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La Libye et l'avenir de la non-violence
Publié dans L'opinion le 24 - 08 - 2011

Le règne du «frère colonel» Mouammar Kadhafi touche à sa fin: les rebelles sont désormais entrés dans la capitale, Tripoli. C'est l'aboutissement de six mois de combats en Libye, qui auront coûté au moins un millier de vies, et d'une intervention militaire étrangère pour soutenir les rebelles. Pas vraiment le genre de révolution non violente auquel on est en droit de s'attendre au xxième siècle. Les règles du jeu auraient-elles encore changé ?
De Lisbonne en 1974 au Caire en début d'année, en passant par Manille en 1986, Berlin est en 1989, Moscou en 1991, Djakarta en 1995 et Belgrade en 2000, les révolutions populaires non violentes ont chassé plusieurs dictateurs. Après deux siècles marqués par des révolutions sanglantes, la grande nouveauté de notre époque est qu'on cherche à pousser les despotes à la démission sans effusion de sang.
Le succès des premières révolutions pacifiques en a surpris plus d'un, à commencer par ceux qui les menaient. Mais au fur et à mesure que leur liste s'allongeait, c'est devenu une sorte de norme établie. Pourtant, aujourd'hui, la Libye semble représenter un sacré pas en arrière. Certes, on ne peut que se réjouir de la chute de Kadhafi, mais l'échec de l'approche non violente n'en est pas moins patent.
Quelles leçons devons-nous en tirer, à l'heure où des pacifistes luttent pour instaurer la démocratie sans violence, notamment au Yémen et en Syrie ? Existe-t-il des endroits où cette approche n'est pas viable ?
Pour qu'une révolution non violente réussisse, il faut que l'immense majorité du peuple du pays concerné partage une identité commune. En effet, si nous estimons tous appartenir à la même société, il nous est insupportable de voir ses membres s'entre-tuer ou ses dirigeants assassiner leur peuple. Tant que les rebelles ne recourent pas à la force, même le plus répressif et sanguinaire des régimes a du mal à abattre des protestataires pacifistes «c'est étonnant, mais c'est le cas.
La révolution égyptienne, qui a vu les manifestants de la place Tahrir du Caire défier le régime d'Hosni Moubarak en début d'année, en est un exemple éloquent. Certes, la répression a coûté la vie à quelques contestataires, mais le gouvernement n'a pas osé envoyer la police ou l'armée pour mater la rébellion. Ces assassinats ont été commis par des civils, le plus souvent de nuit, tout simplement parce que Moubarak ne pouvait pas ouvertement violer son obligation première: ne pas tuer ses concitoyens.
La révolution égyptienne a triomphé le jour où l'armée a publiquement déclaré qu'elle ne prendrait jamais les armes contre les civils. Moubarak et ses affidés doivent aujourd'hui répondre de leurs actes devant la justice. Cependant, en Syrie, Bachar Al-Assad s'accroche au pouvoir et n'hésite pas à envoyer l'armée décimer les protestataires. Au Yémen, la situation est plus complexe. Tandis qu'en Libye, il aura fallu six mois de guérilla (et une intervention militaire étrangère) pour faire tomber Kadhafi. Comment l'expliquer ?
La non-violence fonctionne beaucoup moins bien dans les pays où il existe de profonds clivages linguistiques, religieux ou ethniques, tout simplement parce qu'ils traduisent l'absence d'une identité commune forte. En Syrie, par exemple, il existe une minorité kurdophone ; en outre, même la majorité arabophone est divisée entre musulmans sunnites, musulmans chiites (dont les alaouites au pouvoir), chrétiens et druzes.
Au Yémen, pas de barrière linguistique, tout le monde parle arabe, mais le clivage existe entre chiites et sunnites, et il faut compter avec des rivalités tribales très anciennes et très complexes. La Libye, pour sa part, est homogène en termes de langue et de religion. Le pays jouit d'une prospérité bien supérieure à celle de la Syrie ou du Yémen (en grande partie grâce à la manne pétrolière) ; on ne saurait pour autant parler de société unifiée. Certes, il s'agit d'un pays urbanisé qui a les dehors de la modernité, mais pour nombre de Libyens, c'est l'allégeance au clan qui prime sur tout le reste.
En Libye, la révolution a été violente dès le départ. En Syrie, les protestations ont tout d'abord été pacifistes, et le sont restées dans une large mesure, mais cela n'a pas empêché le régime de recourir à la force et de tuer quelque 2000 civils. Au Yémen, les étudiants à l'origine du mouvement de protestation s'inspiraient du modèle égyptien de révolution non violente, mais ils ont été dépassés par les profondes rivalités claniques.
C'est déplorable, mais pas vraiment étonnant. La non-violence ne fonctionne à plein que dans des sociétés relativement homogènes, or ce n'était pas le cas dans ces pays. Et pourtant…
Ce qui est tout à fait remarquable en Libye, ce n'est pas tant le caractère violent de la violence, mais plutôt le fait que les rebelles aient déployé tant d'efforts pour contenir la menace des clans. Ils aspirent très clairement à une société démocratique et, qui plus est, débarrassée des clivages tribaux. Si la chute de Tripoli ne se fait pas dans un bain de sang, cet espoir a de bonnes chances de se concrétiser.
En Syrie, après cinq mois de répression sanglante orchestrée par le régime, les protestataires se refusent toujours à faire usage de la force et déjouent les plans du gouvernement qui comptait bien exploiter les clivages sectaires et ethniques. Quant au Yémen, il n'a pas encore basculé dans la guerre civile. Les étudiants à l'origine du mouvement sont toujours fidèles au poste, dans leur campement au centre de la capitale.
La non-violence est apparue principalement dans des sociétés homogènes qu'elle a transformées, ce qui donne la mesure de son succès sur les quatre dernières décennies. Mais elle a également un rôle à jouer dans les sociétés les plus divisées ; des individus risquent leur vie chaque jour pour la faire triompher. L'histoire de l'approche non violente ne fait que commencer.


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