En relation avec le déficit structurel du compte courant, la chute des réserves de changes et l'appréciation du dirham qui illustrent une situation identique sur plusieurs points à celle qui prévalait au début de la décennie 2010, dans le contexte d'une réflexion à laquelle doit donner lieu le souhait de Bank Al-Maghrib de voir s'instaurer un régime de change flexible, nous reproduisons des extraits de l'étude « Parité du dirham Evolution et impact sur la compétitivité de l'économie marocaine », publiée par le Conseil national du commerce extérieur juillet 2011. Cette étude a été réalisée dans des conditions certes différentes par certains aspects (données relatives à la balance des paiements et au budget, voir à la parité du dirham), ses analyses et résultats demeurent cependant significatifs et soulèvent des interrogations sur la politique des pouvoirs publics en matière économique, budgétaire et financière. Selon cette étude, le dirham a accumulé, au cours de la décennie 1990, une appréciation effective nominale variant, selon les méthodes de calcul, entre 2,2%1 et 24,9%2. En terme réel, l'appréciation effective, se chiffre, selon lesdites méthodes, entre 14 et 19%. Au niveau bilatéral, cette tendance moyenne demeure contrastée principalement entre une sous-évaluation vis à vis du dollar et une surévaluation relativement aux principales devises européennes. L'analyse comparée du taux de change effectif réel marocain, par rapport à un échantillon de pays représentant à la fois les principaux partenaires commerciaux du Maroc ainsi qu'un ensemble de pays concurrents, confirme que la tendance à l'appréciation du dirham génère des désavantages assez importants de compétitivité de change pour les entreprises marocaines. Au niveau macro-économique, la surévaluation a un effet direct sur les principaux agrégats macro-économiques: déficit budgétaire, balance des paiements, inflation et taux d'intérêt. Elle affecte indirectement la croissance économique par ses incidences sur les exportations, l'emploi, les finances publiques et la balance des paiements. En ce qui concerne le budget de l'Etat, la surévaluation a des effets directs sur les recettes fiscales au titre des activités du commerce extérieur et sur la valeur des flux de la dette extérieure. Elle affecte indirectement les finances publiques par ses effets sur l'activité économique et sur le niveau des recettes et des dépenses fiscales qui en découlent. Compte tenu de la nature compensatoire de ces effets, il est quasi impossible de déterminer l'effet net de la surévaluation sur le budget sans le recours à la modélisation. Globalement, la balance du compte courant est négativement affectée par la surévaluation. L'ampleur des effets dépend, principalement, des élasticités prix et revenu de la demande d'importation et de la capacité des exportations à résister aux effets négatifs de la surévaluation. En rendant les prix des importations moins chers et en tirant les prix des biens produits localement à la baisse, la surévaluation exerce certainement un effet déflationniste sur l'économie. Cet effet est fonction de la structure de la consommation tant finale qu'intermédiaire. Il est à noter, en outre, que l'appréciation du dirham par rapport aux devises des principaux partenaires commerciaux est un phénomène antérieur aux fluctuations récentes de l'Euro. C'est donc la politique de change elle-même qui semble être en cause dans sa globalité à travers l'inadéquation tant du panier de cotation du dirham que de la méthode de gestion de la parité. Dans cette perspective, l'option serait un système de change moins rigide, couplé à la réorientation des objectifs de la politique de change vers une meilleure cohérence de la politique économique globale. Il devient peut être nécessaire d'éviter la confusion entre les équilibres fondamentaux, qui sont essentiels comme instruments de gestion macroéconomique, et le principal objectif de la politique économique à savoir : améliorer le bien être de la population en lui assurant un emploi et un revenu suffisant pour satisfaire ses besoins. Evolution du taux de change réel L'évolution du taux de change nominal ne donne qu'une vision partielle de la position de change d'une monnaie. C'est le taux de change réel qui permet de mieux cerner le niveau d'appréciation ou de dépréciation d'une monnaie en prenant en compte l'évolution du différentiel d'inflation entre deux pays. Le taux de change effectif réel (TCER), de sa part, synthétise la position de change d'un pays par rapport à l'ensemble des partenaires commerciaux. Le taux de change réel permet de mesurer la compétitivité relative d'un pays par rapport à un autre, en tenant compte du rapport des prix entre ces pays. Il permet de surmonter le problème que représente la mesure nominale du taux de change c'est à dire d'être invariable à l'inflation. Cet indicateur a connu une appréciation continue depuis 1990 et ce, quelle que soit la méthode de calcul de cet indice. Balance des paiements et équilibre externe Le déficit courant d'un pays est lié à son déficit interne dans le sens qu'un solde négatif ne peut exister que si le pays considéré absorbe des biens et services plus qu'il n'en produit. Généralement, un pays ne peut supporter un déficit courant à l'infini sans pouvoir le compenser par des flux financiers en terme d'investissement étrangers directs ou des transferts nets positifs. Un déficit chronique (toutes chose égale par ailleurs) conduit à une dépréciation de la monnaie nationale, par rapport aux devises des principaux partenaires commerciaux par le biais de l'excès de demande de ces devises relativement à celle adressée à la monnaie nationale. D'où l'intérêt d'examiner de près l'évolution des principaux soldes de la balance des paiements et des flux financiers afin d'approcher l'évolution et des équilibres externes et la tendance des pressions en faveur ou en défaveur d'une appréciation ou une dépréciation du dirham.