La majorité appelle le gouvernement à renforcer le pouvoir d'achat des citoyens et l'opposition lui reproche de "manquer de vision" Le Chef de gouvernement, M. Abdelilah Benkirane, a démenti lundi toute augmentation des prix des produits de base qualifiant de "rumeurs" les informations circulant à ce sujet. Dans ses réponses aux députés lors de la séance mensuelle des questions relatives à la politique gouvernementale à la Chambre des représentants, consacrée à "l'augmentation du coût de la vie et à la préservation du pouvoir d'achat des citoyens", M. Benkirane a affirmé que seuls les prix des tomates, volaille et oeufs ont connu une légère hausse à cause des perturbations climatiques et de la hausse des prix des aliments de bétail sur le marché international. Les prix des produits de base, comme le gaz butane, le sucre, l'huile, la farine et le pain n'ont connu aucune augmentation, a-t-il martelé, faisant observer par ailleurs que d'autres produits, notamment les oignons, les pommes de terre et les fruits, dont l'offre était abondante ont connu des baisses de prix. Les prix "auraient pu atteindre des niveaux records en raison des conditions climatiques et de la conjoncture économique internationale, notamment les fluctuations du cours du dollar, si le gouvernement n'était pas intervenu à deux niveaux, d'un côté à travers la subvention des produits de base, et de l'autre par le renforcement du pouvoir d'achat des familles marocaines, ce qui a exigé du gouvernement des efforts exceptionnels, qui surpassent sa capacité financière nominale", a expliqué le Chef de gouvernement. "Les efforts du gouvernement pour assurer la stabilité des prix et développer les revenus des familles marocaines ont abouti non seulement à la préservation du pouvoir d'achat, mais à son amélioration et à l'augmentation de la consommation interne", a-t-il conclu. Lors du débat qui a marqué cette séance, la majorité parlementaire a appelé le gouvernement à accélérer la cadence des réformes pour améliorer le pouvoir d'achat des citoyens, tandis que l'opposition lui reproche de manquer de "vision claire" pour pouvoir protéger les classes moyenne et pauvre. Dans leurs réactions aux réponses du Chef du gouvernement, les députés de la majorité ont relevé qu'en dépit des efforts fournis par le gouvernement pour améliorer les conditions de vie des marocains, celui-ci est appelé également à trouver des solutions intelligentes pour éviter de saper le pouvoir d'achat des citoyens. En revanche, l'opposition a appelé le gouvernement à tenir ses engagements et à faire montre d'une "vision claire" à même de garantir une répartition équitable des richesses et à réaliser la justice sociale. Dans ce contexte, la majorité a invité le gouvernement à réactiver les mécanismes du dialogue social en vue de parvenir à des mesures susceptibles d'améliorer le revenu des salariés et à accélérer la cadence de la réforme des Caisses des retraites et de la compensation, notant toutefois que la réforme de cette dernière ne doit pas se faire sur la base d'une augmentation des prix des produits de base, mais plutôt dans une démarche garantissant l'autosuffisance nationale en matière de production de certaines denrées comme le blé, afin d'éviter de recourir à l'importation. Les députés de la majorité ont également appelé à réactiver les mécanismes de surveillance de l'action des commissions de contrôle des prix, à réprimer la fraude, à combattre l'évasion fiscale, à revoir les lois organiques des finances et à ouvrir un dialogue sur la situation des marocains résidant à l'étranger. De son côté, l'opposition a dit rejeter toute réforme de la Caisse de compensation qui entrainerait une hausse des prix et porterait ainsi atteinte au pouvoir d'achat des citoyens, estimant que "la solution idéale" ne peut être que la production de la richesse à travers l'investissement et la création d'emploi, ce qui nécessite, selon les intervenants, une vision gouvernementale claire et des solutions innovantes, qui prennent en considération la spécificité marocaine et dépassent les clichés et idées reçues. Selon l'opposition, l'absence de mesures urgentes pour freiner la hausse des prix entrainerait inévitablement un recours croissant aux produits importés et de contrebande, avec tous les effets néfastes induits sur l'économie nationale. Les grands chantiers comme la réforme de la Caisse de compensation et de les Caisses des retraites nécessitent une approche participative et ouverte à tous les acteurs, ont fait valoir les députés de l'opposition.