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A propos d'une enquête réalisée par l'Association marocaine de lutte contre la violence à l'encontre des femmes
Violence à l'encontre des femmes et gouvernance
Publié dans L'opinion le 11 - 05 - 2013

La violence n'est pas une exclusivité urbaine. Le cas tout récent de Wiam le prouve puisque la fillette, dont l'histoire a suscité émoi à l'échelle nationale, est agressée dans une zone rurale pauvre, au milieu d'un champ. L'enquête du Haut Commissariat au Plan sur la violence à l'égard des femmes a déjà permis de voir qu'aussi bien le monde rural que l'urbain ont chacun leur lot de violences. Ainsi sur les 6 millions de femmes victimes de violences diverses (physiques, psychiques, économiques...), pas moins de 2,2 millions le sont en milieu rural contre 3,8 millions en milieu urbain.
Il reste que le monde urbain serait le repaire de plus de violence du fait, d'abord, de la grande concentration démographique et de la frénésie du rythme de vie en constantes mutations. Depuis le début de ce XXIème, la population des villes, pour la première fois dans l'Histoire, dépasse en nombre celle du monde rural à l'échelle mondiale. La violence urbaine dit-on serait due aux fortes disparités exacerbées par le développement économique inéquitable, la pauvreté, la précarité, l'habitat insalubre, les inégalités des chances pour l'accès à l'instruction et l'épanouissement, le chômage, le désœuvrement, la drogue. Pour les femmes, la violence est double car il y a en plus les valeurs discriminatoires du passé fondées sur la domination masculine et qui ont la vie dure.
La multiplication de la violence donne lieu, par la force des choses, à des essais de recherches et de diagnostic en vue de cerner le phénomène dans la perspective d'en comprendre les mécanismes et de chercher des solutions. Il semble que c'est la démarche à laquelle l'Association Marocaine de lutte contre la Violence à l'égard des Femmes (AMVEF) aspire en optant d'abord pour la réalisation d'une enquête sur deux grands quartiers de Casablanca : Bernoussi et Sidi Moumen. Ceux-ci sont réunis dans la préfecture de Bernoussi, tentaculaire du fait de l'exode. L'enquête en question a été réalisée par le sociologue Jamal Khalil, (Lire entretien ci-contre), dans le cadre du projet « Genre et gouvernance, Redevabilité envers les femmes, étude/Enquête sur les perceptions des femmes du style de gouvernance locale ». En sous-titre on peut lire : « Perception de la violence à Casablanca : préfecture de Bernoussi Sidi Moumen ». Pour dire qu'il s'agit pour l'essentiel d'un diagnostic, par l'écoute, de ce que vivent les habitants au quotidien, en particulier les femmes. La violence physique, morale, violence verbale, violence économique, violence à l'intérieur du foyer, dans l'espace public, la rue, dans l'espace public mobile incarné dans les transports de masse comme le bus ou le taxi. Tout cela, en bonne partie, n'échappe pas à ce qu'on appelle la gouvernance qui est la gestion des services relevant de la responsabilité des pouvoirs publics.
Le choix des grands quartiers Bernoussi et Sidi Moumen s'explique par l'existence d'un réseau d'associations de quartiers partenaires de l'AMVEF, très actives dans l'action de proximité. Un choix donc d'ordre pratique, mais qui tombe à point car ces quartiers, de véritables villes dans la ville (288.677 habitants à Sidi Moumen et 164.875 à Bernoussi, avec une immense zone industrielle dotée de 600 unités étendues sur 1000 ha et employant 54.000 salariés dont une grande partie de femmes) donnent une idée très représentative de la métropole à forte démographie, en expansion continuelle par sa périphérie avec des quartiers neufs d'où les carences en équipements sociaux par rapport aux besoins toujours grandissants. Ces carences seraient en partie l'expression des conflits d'intérêts entre les besoins des habitants et les appétits économiques mercantiles des différents intervenants.
L'idée de l'écoute comme l'explique Najia Zirari (Lire entretien ci-contre) c'est d'essayer de dessiner les attentes de la population en matière de gouvernance (gestion des services publics, santé, sécurité, éducation...), en prenant pour repère la violence contre les femmes. Le but est de se battre pour faire en sorte que le quartier permette mobilité sécurisée pour tous, aussi bien femmes qu'hommes, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui. Parvenir à ce résultat n'est possible que si le principe de « redevabilité sociale » est concrétisé dans la pratique quotidienne. Il s'agit en clair de garantir aux femmes leur droit légitime, au même titre que les hommes, de pouvoir vivre et circuler en sécurité dans leur quartier et la ville en général.
L'enquête permet de relever différents aspects de la violence quotidienne dans des quartiers où “les habitants ne se sentent pas en sécurité", où la police et les agents d'autorité sont perçus comme faisant partie intégrante de la machine de la violence au lieu de s'y opposer et où la drogue constitue l'un des plus graves fléaux à côté du taux élevé du chômage des jeunes, de l'habitat insalubre etc.
“La violence à l'égard des femmes se manifeste aussi bien dans la sphère publique que privée. Les violences qui relèvent de l'espace public sont exercées généralement par des hommes et parfois par des enfants qui reproduisent inconsciemment la violence observée dans leur entourage. Le harcèlement sexuel, l'agression physique en vue du vol et du viol constituent les principales manifestations de la violence faite aux femmes. Elles correspondent à celles qu'elles dénoncent le moins. Par peur de revanche de la part de l'acteur de la violence ou par crainte des médisances. La stigmatisation de l'entourage social force les victimes au silence".
Il n'empêche que certains sujets tabous sont bel et bien évoqués comme le viol conjugal bien que “la violence sexuelle (conjugale) semble la moins dénoncée par les femmes" pour les motifs déjà cités.
Mais la complexité est telle qu'on relève aussi le fait que “la victimisation permanente des femmes dans le cadre de la vie conjugale est remise en cause" avec émergence d'une “prise de conscience qu'un homme peut lui aussi s'exposer à la violence de la part de la femme".
La violence à force de la subir on finit par cohabiter avec elle :
« La fréquence des violences verbales et le harcèlement sont tels qu'une femme les normalise et les intériorise avec le temps. Aux dires de l'une de nos interviewées « les femmes deviennent des personnes qui vivent avec la violence ».
Mais tandis que la violence dans le privé pose la question du rapport femme/homme, la violence dans la rue semble tendre à établir une certaine “démocratie" du fait que les hommes autant que les femmes en sont victimes avec la multiplication des agressions à cause de la drogue et pour motif de vol. Les faits d'agressions traumatiques adviennent à tout moment de la journée et constituent un pain quotidien des habitants. En mettant le doigt sur les causes, la solution serait d'arriver à atténuer le malaise et cette solution relèverait selon l'AMVEF d'une question de gouvernance.


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