Les experts de l'ONU qui ont enquêté en Syrie sur l'attaque du 21 août --qui a fait plus de 1.400 morts selon Washington--, ont trouvé des «preuves flagrantes et convaincantes» de l'utilisation de gaz sarin, selon leur rapport publié lundi. La Maison Blanche a estime que le rapport de l'ONU sur l'attaque chimique du mois dernier en Syrie démontre la responsabilité du régime. La Russie pense toujours que l'attaque chimique du 21 août en Syrie était une «provocation». La Syrie a accusé mardi les pays occidentaux, avec à leur tête les Etats-Unis, de chercher à imposer leur volonté au peuple syrien, et de soutenir le Front al-Nosra. Dans un communiqué, le ministère syrien des Affaires étrangères a affirmé que «les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont levé le voile sur leur véritable objectif (..) qui est d'imposer leur volonté au peuple syrien». Il ajoute que ces pays «soutiennent les groupes terroristes armés liés au Front al-Nosra», affilié à Al-Qaïda. La Maison Blanche a estimé lundi que le rapport de l'ONU sur l'attaque chimique du mois dernier en Syrie démontrait que le régime de Bachar al-Assad en portait la responsabilité. «Les informations dans ce rapport, indiquant que du gaz sarin a été lancé au moyen de fusées sol-sol que seul le régime possède, montre clairement qui est responsable» de cette attaque, a affirmé le porte-parole de l'exécutif américain, Jay Carney. La première page du rapport, remis dimanche au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon par le chef des inspecteurs Aake Sellström, ajoute que «des armes chimiques ont été utilisées sur une échelle relativement grande» au cours du conflit syrien «contre des civils, y compris des enfants». Le document précise que l'attaque a été perpétrée à l'aide de «roquettes sol-sol contenant du gaz sarin». Ban Ki-moon a qualifié lundi l'utilisation d'armes chimiques en Syrie de «crimes de guerre». Egalement lundi, la Maison Blanche a annoncé que M. Obama avait accordé des exemptions à l'embargo sur l'exportation de matériels de défense vers la Syrie, afin de permettre en particulier au personnel d'organisations internationales de se protéger contre les armes chimiques ou de se soigner en cas d'exposition. Ces exemptions, concernant du matériel «non-létal», couvrent aussi «des équipements de protection contre les armes chimiques (fournis) à des membres de l'opposition syrienne approuvés au préalable» par les Etats-Unis, a précisé la porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Caitlin Hayden. Divergences persistantes entre Moscou et paris La Russie pense toujours que l'attaque chimique du 21 août en Syrie était une «provocation», a déclaré mardi son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, en commentant le rapport des inspecteurs de l'Onu qui a mené son homologue français, Laurent Fabius, à tirer la conclusion inverse. Les deux hommes ont affiché publiquement leurs divergences à l'issue de leur entretien à Moscou. Alors que Paris juge, comme Washington ou Londres, que le rapport des Nations unies qui conclut à l'utilisation de gaz sarin - sans désigner de responsable - est accablant pour le régime de Bachar al Assad, Moscou s'en tient à son postulat de départ : celui d'une attaque lancée par les rebelles pour forcer la main de la communauté internationale. «Nous avons de très bonnes raisons de penser qu'il s'agissait d'une provocation», a répété Sergueï Lavrov, sans fournir davantage de précisions. Le chef de la diplomatie russe a ajouté qu'il y avait eu «de nombreuses provocations» de ce genre depuis le début du conflit et qu'elles avaient eu «toutes pour objectif, ces deux dernières années, de provoquer une intervention étrangère». Le rapport des inspecteurs de l'Onu «ne répond pas à un certain nombre de questions que nous avons posées», a-t-il jugé. Laurent Fabius, qui s'exprimait au côté de son homologue russe, a au contraire estimé que le rapport ne laissait planer aucun doute sur la responsabilité de l'attaque chimique du 21 août, une conclusion à laquelle il avait déjà dit être parvenu lundi. (voir ) «Ce rapport est, comme l'a dit M. Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, un rapport accablant», a dit le ministre français. «Quand on examine à la fois l'importance du gaz sarin utilisé, les vecteurs qui ont été utilisés, les techniques que cela demande (...) il ne semble y avoir aucun doute sur le fait que le régime (d'Assad) est à l'origine de ce massacre», a-t-il ajouté. La résolution sur les armes chimiques syriennes ne «sera pas sous chapitre 7» La résolution du Conseil de sécurité sur le démantèlement des armes chimiques syriennes «ne sera pas sous chapitre 7» de la charte de l'ONU qui prévoit le recours à la force, a déclaré mardi le ministre russe des Affaires étrangères. «La résolution qui devra approuver la décision de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques ne sera pas sous chapitre 7 (de la charte de l'ONU, NDLR), nous l'avons dit clairement à Genève», a souligné le ministre Sergueï Lavrov, à l'issue d'entretiens avec son homologue français Laurent Fabius dont le pays défend au contraire un texte prévoyant des «conséquences» pour le régime de Damas en cas de non-respect de ses obligations.