L'idée circule sur le réseau social « Facebook ». Et vu la conjoncture et les événements marocains, gageons qu'elle se propagera comme un feu de paille mais qui fera long feu. En fait, il s'agit d'un calcul arithmétique, assez simple mais qui épargnerait au budget de l'Etat près de huit milliards et demi de centimes. Entre ministres, députés et conseillers, ils sont 695 fonctionnaires, hors normes certes, à peser plus ou moins (cela dépend de quel côté on se place) lourdement sur la masse salariale de la fonction publique. L'idée facebookienne voudrait que si on ponctionne du salaire de chacun d'eux, ne serait-ce que 10.000 dh, soit un petit million de centimes, cela épargnerait aux caisses de l'Etat quelque 6.950.000 dh par mois, l'équivalent annuel de 83.400.000, soit huit milliards trois cent quarante millions de centimes. Elémentaire ! Mais si on veut pousser l'économie jusqu'au bout de la chandelle, l'enveloppe qui serait économisée gagnerait à être plus conséquente. Il suffit pour cela de jeter un regard inquisiteur sur les émoluments de ces fonctionnaires hors normes. Le chef du gouvernement toucherait un salaire brut de quelque 100.000 dh. Auquel il faudrait ajouter pas moins de 5.200.000 de centimes en primes diverses : Prime de logement : 25.000 DH, prime de représentation : 18.000 DH, 5000 DH mensuels pour l'ameublement et les verreries (à ce prix là, on peut casser autant de verres qu'on veut, ça ferait au moins tourner les usines, cela au cas où nos ministres consommeraient local), et 4500 DH pour les déplacements. Pour les autres membres du cabinet, il faut compter 70.000 DH par mois pour les ministres et 50.000 dirhams pour les ministres délégués. Leurs indemnités de logement peuvent atteindre 25.000 dirhams, de déplacement entre 2500 et 4500 dirhams. Les frais de représentation avoisinent les 14.000 dirhams. Mais là on ne parle que de la partie visible de l'iceberg. Le chef du gouvernement et ses ministres disposent aussi d'un budget non dévoilé (bonjour la transparence), qui sert à financer les réceptions et les dépenses afférentes au protocole. Sans oublier que pour le chef du gouvernement, factures de téléphone, d'eau, d'électricité et de chauffage, ainsi que celles de l'ensemble du gouvernement sont prises en charge par l'Etat. Donc, si on cherchait réellement à gonfler un peut plus les huit milliards et de la poussière, il suffit de rogner un tantinet sur les multiples primes, on pourrait aussi plafonner le budget non dévoilé (somme toute une caisse noire) qui sert à financer les réceptions et les dépenses du protocole. Mais surtout déclarer l'enveloppe allouée à ces prestations de protocole et de réceptions. Garder le montant occulte, ne fait que l'éloigner de tout contrôle et de toute reddition des comptes. Pour les députés, ils peuvent se sentir moins bien nantis que les ministres, avec leur 32.300 DH mensuels net. Pour une activité parlementaire de six mois sur douze. Et encore, ils ne sont pas tout le temps présents, vaquant souvent à d'autres besognes. Avec ça, ils sont assurés d'une pension de 5000 DH dès la fin du premier mandat. De 10.000 DH au terme du second. Tout ça pour vous dire qu'il ne fallait aucunement se creuser les méninges pour palier aux déséquilibres de la Caisse de Compensation. Il aurait tout simplement suffi, entre autres, de rationaliser les dépenses en salaires, surtout de ces hauts fonctionnaires de l'Etat. Et encore ! Là, on s'est limité au seul sacrifice que pourrait concéder quelque 700 fonctionnaires. Imaginez qu'on élargisse l'abnégation à tous les autres hauts fonctionnaires comme les directeurs des offices, les PDG de certaines boîtes financières et on en passe. L'indexation (qui a touché 30 millions de Marocains et non seulement 700), aurait-elle été nécessaire dans ce cas ?