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Les conséquences dramatiques du réchauffement climatique en Afrique du Nord, selon la Banque Mondiale : Des épisodes pluvieux plus intenses et violents
Publié dans L'opinion le 03 - 12 - 2014

Les mirages qui naissent des chaleurs des déserts cèdent aujourd'hui la place aux réalités des conséquences dramatiques de chaleurs plus intenses dues au réchauffement climatique qui se profilent aux horizons de toutes les contrées. Les nombreux rapports et études sur le réchauffement climatique ont sonné l'alarme sur de telles conséquences, annonçant des vagues extrêmes de chaleur, la désertification rampante, les « îlots de chaleurs urbains » que deviendront nos villes, l'élévation du niveau des mers et les potentiels destructeurs des tempêtes. Dernier paru de ces rapports, le troisième volume de « Baissons la chaleur face à la nouvelle norme climatique » de la Banque Mondiale est consacré aux conséquences du réchauffement climatique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, où les drames prendront la forme de territoires inhabitables, de catastrophes survenant lors d'épisodes pluvieux violents et intenses. Climat, territoires, économies, agricultures, populations en pâtiront souvent de manière dramatique et irréversible.
Ce rapport a été publié au moment où le Maroc connaît un épisode de pluies intenses et violentes qui ont fait déborder les cours d'eau sur les terres et les habitations.
La région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord est une des plus diverses du monde sur le plan économique, avec un PIB par habitant allant de 1 000 dollars au Yémen à plus de 20 000 dollars dans les États du Golfe. Par conséquent, les capacités d'adaptation et la vulnérabilité aux effets du changement climatique varient considérablement dans la région. Cette dernière sera touchée de plein fouet dans le cas d'un réchauffement de 2 ou de 4 °C, notamment à cause de l'accroissement substantiel, comme l'indiquent les prévisions, des vagues de chaleur, la forte diminution des réserves hydriques et, toutes les conséquences prévues en matière de sécurité alimentaire régionale. Dans certains pays, les rendements agricoles pourraient chuter de plus de 30 % dans un monde à + 1,5-2 °C et de près de 60 % dans un monde à + 3-4 °C dans certaines parties de la région. La détérioration des moyens de subsistance en milieu rural pourrait contribuer à une intensification des flux migratoires à l'intérieur comme à l'extérieur des frontières nationales, accentuant ainsi les pressions exercées sur les infrastructures urbaines ainsi que les risques sanitaires connexes pour les migrants vivant dans la pauvreté. Les migrations et les pressions du climat sur les ressources pourraient accroître le risque de conflit.
Oman
Vagues de chaleur
exceptionnelles
Un réchauffement d'environ 0,2 °C par décennie a été observé dans la région depuis la période 1961-1990, un rythme qui s'est même accéléré depuis et correspond à une augmentation des pointes de températures extrêmes. D'un point de vue géographique, le réchauffement le plus sensible devrait se produire à proximité de la côte méditerranéenne. À cet endroit, mais également à l'intérieur des terres en Algérie, en Libye et dans une grande partie de l'Égypte, le réchauffement devrait atteindre 3 °C, dans un monde à + 2 °C,d'ici à la fin du siècle. Dans un monde à + 4 °C, les températures estivales moyennes devraient être jusqu'à 8 °C plus élevées dans certaines parties de l'Algérie, de l'Arabie Saoudite et de l'Iraq d'ici à la fin du siècle.
D'ici à la fin du siècle, dans un monde à + 2 °C, des vagues de chaleur exceptionnelles ponctueront les mois d'été, un tiers du temps, dans pratiquement toute la région MENA. En d'autres termes, chaque année, un des mois d'été dépassera en moyenne des températures supérieures à trois écarts-type par rapport à la moyenne de référence.
Toutefois, des vagues de chaleur sans précédent devraient rester globalement rares dans un monde à + 2 °C, sauf dans certaines régions littorales isolées comme les côtes méditerranéennes de l'Égypte ainsi qu'au Yémen, à Djibouti et à Oman. Dans ce cas, ces épisodes devraient être relativement peu fréquents dans un monde à + 2 °C, mais devraient ponctuer 5 à 10 % des mois d'été.
Bien que l'accroissement de la fréquence des pointes de chaleur doive s'estomper vers le milieu du siècle dans un monde à + 2 °C, il se poursuivra jusqu'en 2100 dans un monde à + 4 °C qui connaîtra, par ailleurs, dans 80 % des cas, des mois d'été d'une chaleur supérieure à 5-sigma (vague sans précédent) et, dans environ 65 % des cas, une chaleur supérieure à 5-sigma pendant la période de 2071-2099.
Elévation de 0,58 m du niveau de la mer au large de Tanger
A l'avenir, les déplacements vers le nord de l'humidité atmosphérique, associés à une anomalie plus prononcée de l'Oscillation nord-atlantique (ONA), devraient réduire les niveaux de précipitations sur l'Afrique du Nord, le Maghreb et le Machrek. Dans un monde à + 4 °C, les pays bordés par la Méditerranée, notamment le Maroc, l'Algérie et l'Égypte devraient connaître une pluviosité nettement réduite. Cependant, le déplacement prévu vers le nord de la zone de convergence intertropicale (ZCIT) devrait accroître les précipitations sur les parties méridionales de la région (déjà sous l'influence des systèmes de mousson), en particulier au sud de la péninsule arabique (Yémen, Oman). Par conséquent, l'évolution prévue des régimes de précipitations annuelles moyennes indique une claire dualité nord-sud, puisque les régions situées au-delà du 25e parallèle nord deviennent relativement plus sèches et que celles situées en deçà sont de plus en plus humides. L'augmentation des précipitations, en valeur absolue, dans les régions septentrionales sera pourtant très faible parce que ces dernières (à l'exception du Yémen) sont aujourd'hui déjà très sèches. Par ailleurs, les effets d'une augmentation de la pluviosité sur la disponibilité de la ressource hydrique devraient être contrecarrés par un accroissement simultané de la température, entraînant une hausse du taux d'évaporation. Enfin, une augmentation des précipitations dans la partie méridionale de la région peut être associée à des épisodes pluvieux plus violents et plus intenses.
Il existe une proche correspondance entre l'évolution de l'indice d'aridité annuel moyen et l'évolution prévue des régimes de précipitations. Les modifications de l'indice d'aridité sont principalement tributaires des changements des régimes de précipitations, avec des conditions plus humides au sud du 25e parallèle nord et dans la plupart des régions méridionales de la péninsule arabique, entraînant une baisse de l'aridité, et des conditions plus sèches au nord de ce même parallèle provoquant, dans cette région, un accroissement de l'aridité. Dans la région côtière de la Méditerranée, l'augmentation relative de l'aridité est plus importante que prévu en regard de la chute des précipitations, car l'évapotranspiration connaît une hausse sensible engendrée par l'accroissement du réchauffement climatique.
Dans la région méditerranéenne, les marégraphes ont enregistré, au cours du XXe siècle, une élévation du niveau de la mer inférieure à la moyenne, de l'ordre de 1,1 à 1,3 mm par an (c'est-à-dire un rythme moins soutenu que la moyenne annuelle mondiale de 1,8 mm par an). Toutefois, les données affichent une variabilité interdécennale notable, caractérisée par une lente augmentation progressive sur la période 1960-1990, et un accroissement rapide (supérieur à la moyenne) après 1990.
Les analyses relatives au XXIe siècle indiquent une augmentation légèrement inférieure à la moyenne dans le bassin méditerranéen, qui s'explique principalement par l'influence gravitationnelle de la calotte du Groenland. La Tunisie, sur sa côte méditerranéenne, devrait connaître une élévation moyenne du niveau de la mer
de 0,56 m (avec un maximum de 0,96 m) d'ici à la fin du siècle dans un monde à + 4 °C. Ce sont huit centimètres de moins qu'à Muscat, sur la côte de la mer d'Arabie, où les projections donnent une élévation médiane de 0,64 m (fourchette de 0,44 m à 1,04 m) du niveau de la mer. Sur la côte Atlantique, l'élévation est évaluée à 0,58 m pour Tanger (fourchette de 0,39 m à 0,98 m). Dans un monde à + 1,5 °C, le niveau de la mer devrait s'élever de 0,34, 0,35 et 0,39 à Tunis, Tanger et Muscat respectivement.
Raccourcissement des saisons de croissance du blé et chute de 30% des rendements agricoles
La région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord possède peu de ressources hydriques, la majeure partie des terres bénéficiant de moins de 300 mm de précipitations annuelles (200-300 mm représente le niveau minimum pour l'agriculture pluviale). Les ceintures semi-arides le long des côtes et des montagnes sont les seules zones à abriter des ressources hydriques et des terres arables adaptées à l'agriculture pluviale. Les ressources hydriques renouvelables, en base annuelle, se situent, dans la plupart des pays, à moins de 1000 m3 par habitant (à l'exception de l'Iraq, d'Oman, de la Syrie et du Liban) et de 50 m3 à peine par habitant au Koweït. En raison de cette pénurie, les pays ne sont pas en mesure de produire toutes les denrées alimentaires requises à l'échelon national et ils sont donc tributaires des importations de ce type de produits. Ce cruel manque d'eau et de terres arables constaté aujourd'hui s'aggraverait considérablement dans un monde à + 2 °C et +4 °C.
- Terre cultivable : un climat plus chaud et plus sec devrait entraîner un déplacement de la végétation et des terres cultivables vers le nord (par exemple, de 75 km pour la période 2090-2099 par rapport à la période 2000-2009 dans un monde à + 4 °C).
- Durée de la saison de croissance : la diminution de la pluviosité et l'augmentation des températures raccourciront, dans la majeure partie de la région, les saisons de croissance du blé d'environ deux semaines d'ici à la moitié du siècle (2031-2050). Cette période de maturation du blé en Tunisie devrait être réduite de 10 jours en cas de réchauffement de + 1,3 °C, de 16 jours pour +2 °C, de 20 jours pour +2,5 °C et de 30 jours pour +4 °C.
- Rendements agricoles : ils devraient chuter de 30 % en cas de réchauffement de +1,5-2 °C et de 60 % dans un monde à + 3-4 °C, avec des variations régionales et sans tenir compte de l'adaptation. Les baisses de productivité des cultures devraient se situer entre 1,5 et 24 % pour le Maghreb occidental et entre 4 et 30 % dans certaines parties du Machrek, d'ici à la moitié du siècle. Les légumes et le maïs devraient être les plus touchés dans les deux régions étant donné qu'ils sont cultivés en été.
- Élevage : le changement climatique aura diverses conséquences sur la production animale : modification de la quantité et de la qualité des aliments pour animaux, évolution de la durée du pacage, stress supplémentaire lié à la chaleur, diminution des réserves d'eau potable, et évolution des pathologies ainsi que des vecteurs pathogènes chez les animaux.
L'incertitude des prévisions s'explique par les différentes approches, les nombreux modèles climatiques et la persistance des effets du CO2, car les concentrations croissantes de dioxyde de carbone dans l'atmosphère peuvent potentiellement contribuer à une augmentation de l'efficacité de l'utilisation de l'eau par les plantes (et par conséquent des rendements agricoles).
Les systèmes fluviaux impactés par la réduction des chutes de neige
À la suite du réchauffement régional et des modifications des régimes de précipitations, la ressource hydrique devrait diminuer dans la majeure partie de la région au cours du XXIe siècle. Par exemple, dans les montagnes de l'Anatolie orientale (source du Tigre et de l'Euphrate), le ruissellement devrait diminuer de 25 à55 % dans un monde à + 4 °C.
Les zones montagneuses du Maroc, de l'Algérie, du Liban, de la Syrie, de l'Iraq, de l'Iran et de la Turquie jouent un rôle de premier plan dans l'approvisionnement en eau de la région étant donné qu'elles stockent une partie des précipitations sous forme de neige. Compte tenu de la réduction prévue des chutes de neige et des réserves d'eau de neige, l'écoulement maximum des eaux de fonte interviendra plus tôt dans l'année, entraînant des effets négatifs sur les systèmes fluviaux en aval et la disponibilité de la ressource hydrique dans les régions éloignées. Par exemple, le stock de neige dans la partie supérieure du bassin du Nahr el-Kébir au Liban devrait diminuer de 40 % dans un monde à + 2 °C et de 70 % dans un monde à + 4 °C. Par conséquent,les périodes de sécheresse débuteraient 15 à 20 jours plus tôt en cas de réchauffement de +2 °C, et plus d'un mois plus tôt si ce dernier s'élève +4° C.


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