En Afrique, personne ne pouvait imaginer l'ascension qu'a connue le football depuis 60 ans. Lorsque le Soudan a organisé la première édition en 1957, il n'y avait que 3 équipes (Soudan, Egypte, Ethiopie) qui étaient présentes sans phases éliminatoires. Cette édition n'a connu que 2 matchs : une demi-finale entre le Soudan et l'Egypte (l'Ethiopie étant qualifiée d'office pour la finale en raison de la disqualification de l'Afrique du Sud) et une finale entre l'Ethiopie et l'Egypte qui a vu les Pharaons remporter ce premier titre. Depuis, bien des choses ont changé et le Gabon 2017 va accueillir durant ces phases finales 16 nations qui ont disputé durant des mois des dizaines de matchs au cours des éliminatoires qui ont drainé des centaines de milliers de spectateurs. Les Fédérations nationales de football ont réalisé, par la même occasion, des profits économiques considérables. Cette métamorphose est le résultat de la grande popularité dont jouit le football dans le continent africain qui regorge de grandes potentialités humaines. Les règlements régissant le football ont changé aussi. Lors de la première édition en 1957, le règlement n'autorisait que les joueurs nationaux évoluant au sein de leurs pays à disputer la Coupe d'Afrique. En 1968, le règlement de l'époque a autorisé les sélections nationales à prendre jusqu'à 2 joueurs évoluant en dehors de leur pays à prendre part au tournoi. Ce n'est qu'en 1982, lors des phases finales organisées en Libye, que la CAF se met en conformité avec le règlement de la FIFA qui stipule que « tout joueur, citoyen d'un pays en vertu des lois de ce pays, est qualifié pour jouer en équipe nationale ou représentative de ce pays », ce qui a permis à la compétition d'améliorer nettement le niveau de jeu par l'incorporation des professionnels. Aujourd'hui, la Coupe d'Afrique des Nations de football jouit d'une réputation solide grâce à l'engouement des populations, mais aussi des politiciens qui veulent à tout prix exploiter cette compétition continentale qui a des retombées considérables. A titre d'exemple, en 1982, le colonel Mouammar Khaddafi a mis le paquet pour accueillir la CAN. Au cours de la cérémonie d'ouverture, il a prononcé un discours pour dénoncer l'impérialisme américain, la politique française au Tchad, les régimes fascistes sévissant en Afrique...Tout le long de la compétition, son « livre vert» est affiché partout. Au niveau sportif, l'engouement est fort à tous les niveaux. D'abord, les joueurs font tout pour briller afin de faire évoluer leur carrière. Un joueur comme Jean-Pierre Aubameyang n'aurait pas connu cette ascension si ce n'est la CAN 2012 qui l'a propulsé au devant de la scène passant d'un joueur anodin à Saint-Etienne à une vedette en Bundesliga. Au niveau des nations, l'échec entraîne toujours une vindicte populaire tandis que la réussite est synonyme de liesse populaire comme on l'a vu au Maroc après le retour de l'équipe nationale en 1976 qui a été accueillie par SM le Roi Mohammed VI, alors Prince Héritier, sans parler des liesses populaires instantanées qui ont suivi les victoires des Lions de l'Atlas lors de la CAN 2004 sur l'Algérie ou sur le Mali et surtout lors de leur retour de Tunisie. En 2017, les donnes n'ont pas changé et toutes les nations engagées se sont préparées minutieusement afin d'être prêtes, car elles rêvent, toutes, du sacre final. Le Gabon, qui accueille cette 31ème édition, et qui coïncide avec le 60ème anniversaire de la CAN, a mis le paquet pour accueillir cette compétition dans de bonnes conditions. De nouvelles infrastructures sportives et hôtelières ont vu le jour. En dépit de la grogne de certains opposants politiques, l'Etat gabonais a tenu à rassurer tout le monde en offrant toutes les conditions de sécurité pour que le public soit au rendez-vous. Les 16 nations présentes ont révélé au grand jour leurs ambitions, même si les moyens et le palmarès diffèrent d'une équipe à l'autre. Si de grosses cylindrées telles l'Egypte (7 titres), Cameroun et Ghana (4 titres) peuvent aller loin dans la compétition, d'autres, comme le Zimbabwe, l'Ouganda ou la Guinée-Bissau, peuvent être satisfaites s'elles atteignent le dernier carré. Le Maroc, qui était le premier pays à représenter le continent dans un Mondial (1970), rêve de renouer avec la victoire acquise en 1976. Son palmarès (1 titre en 1976, une 2ème place en 2004, une troisième place en 1988) ne reflète pas les potentialités humaines du pays. Au niveau individuel et sur le papier, les Lions de l'Atlas n'ont rien à envier à leurs homologues ghanéens ou camerounais, mais les responsables cherchent à dégager le grain de sable qui empêche la machine de bien tourner.