Quels qualificatifs faut-il employer pour décrire les fosses communes que l'on vient de découvrir au Kasaï au nord de la RD Congo ? L'horreur a atteint son paroxysme en voyant ces corps en putréfaction, ces cadavres en lambeau ou encore des restes humains calcinés. Une barbarie qu'on croyait révolue dans cette Afrique en pleine mutation. Ce continent qui aspire à la démocratie, au progrès social et économique. Une Afrique bondée de jeunes qui ne demandent qu'à travailler. Macabre découverte. Au total, ce sont cinq vidéos dont quatre tournées en pleine opération qui montrent la férocité de ce combat contre les présumés miliciens Kamuina Nsapu, ce gourou, à la tête d'un mouvement politico-religieux, qui a décidé un jour de partir en croisade contre Kinshasa et ses représentations locales afin de dénoncer la corruption et les gabegies de l'Etat central. Leur chef est tué en août 2016 au cours d'une opération militaire particulièrement violente. Ces vidéos s'étalent d'août 2016 à janvier 2017, six mois et deux provinces concernés. La justice militaire congolaise s'est déjà emparée d'un premier dossier suite à la diffusion de la première vidéo sur les réseaux sociaux. Des militaires présumés tiraient de loin sur des civils désarmés, avant de les achever à bout pourtant. Au cours de leur enquête préliminaire, les magistrats disent avoir découvert deux fosses communes. Sept militaires ont été arrêtés et accusés de crimes contre l'humanité, pour meurtre, mutilation, traitements cruels inhumains et dégradants et refus de dénonciation. Au delà de ces condamnations, et d'autres qui suivront, on ne peut s'empêcher de se demander comment en est-on arrivé là ? C'est la conséquence des crises permanentes qui sévissent dans ce pays. Il est donc clair que ces fosses communes, ajoutées aux vidéos qui montrent des soldats congolais exécutant des miliciens, accablent l'armée congolaise. Celle-ci s'est montrée d'une grande férocité contre des gens qui s'opposaient à eux avec des coutelas et des bâtons. Les soldats qui ont été désignés pour « mater » les rebelles ont eu les doigts lourds sur les gâchettes de leur arme, créant des hécatombes qui auraient pu être évitées. D'où pour les observateurs, les vrais coupables doivent être trouvés et punis comme tels. Il ne sera pas donc question d'exhiber de petits poissons pour amuser la galerie, mais les vrais exécuteurs et commanditaires. Il s'agit de rendre justice à ces victimes innocentes abattues froidement.