Les affrontements entre armée et paramilitaires au Soudan ont fait au moins 97 morts et de nombreux blessés, a rapporté lundi matin le Syndicat des médecins. « Le bilan des morts parmi les civils dans les affrontements depuis leur déclenchement samedi (…) a atteint 97 personnes », a fait savoir l'organisation dans un communiqué. Ce nombre n'inclut pas tous les morts, de nombreuses personnes n'ayant pu se rendre à l'hôpital en raison de difficultés de déplacement, précise la même source. Depuis samedi, les combats à l'arme lourde n'ont pas cessé et l'armée de l'air vise régulièrement, même en plein Khartoum, les QG des Forces de soutien rapide (FSR), d'ex-miliciens de la guerre dans la région du Darfour devenus les supplétifs officiels de l'armée. L'armée a assuré dimanche soir que la situation était « extrêmement stable » tandis que les FSR se disaient « sur la voie de l'emporter définitivement ». Dans les faits, il était impossible lundi de savoir quelle force contrôle quoi. Les FSR ont annoncé avoir pris l'aéroport et être entrés dans le palais présidentiel, ce que l'armée a nié. Lire aussi : Crise au Soudan : L'Espagne ferme temporairement son ambassade à Khartoum L'armée assure surtout tenir le QG de son état-major, l'un des principaux complexes du pouvoir à Khartoum. Quant à la télévision d'Etat, les deux parties assurent aussi l'avoir prise. Mais les habitants des alentours font état de combats continus tandis qu'à l'antenne, seuls des chants patriotiques sont diffusés, comme lors du putsch. Alors qu'aucune trêve ne se dessine, médecins et humanitaires tirent la sonnette d'alarme: en temps normal déjà, au Soudan, les foyers ne sont alimentés en électricité que quelques heures par jour. Dans certains quartiers de Khartoum, elle est totalement coupée depuis samedi, comme l'eau courante. Des médecins ont annoncé des coupures d'électricité dans des salles d'opération. Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), « plusieurs des neuf hôpitaux de Khartoum qui reçoivent des civils blessés n'ont plus de sang, d'équipements de transfusion, de fluides intraveineux et d'autres matériels vitaux ». Les « couloirs humanitaires » de trois heures annoncés dimanche après-midi par les deux belligérants n'ont pas changé la donne: durant tout ce temps, explosions et tirs n'ont pas cessé à Khartoum. L'ONU, qui avait proposé cette trêve humanitaire, s'est dite « extrêmement déçue » par ces violations, dénonçant « une intensification des combats » lundi matin. Alors que plus du tiers des 45 millions de Soudanais avaient besoin d'aide humanitaire avant la récente flambée de violence, le Programme alimentaire mondial (PAM) a suspendu dimanche son aide après la mort de trois de ses employés, tués dans des combats au Darfour (ouest).