La troisième édition de la Global Growth Conference (GGC) s'est ouverte à Rabat avec une ambition renouvelée : bâtir une feuille de route pragmatique pour financer la croissance et accélérer la transition énergétique. C'est dans ce cadre que Brahim Fassi Fihri, président de l'Institut Amadeus, a pris la parole pour souligner l'importance stratégique de cette relance intellectuelle et opérationnelle. « Cette édition marque la renaissance d'un espace de réflexion stratégique et d'action concrète, centré sur les défis et les opportunités économiques majeurs de notre époque », a déclaré Fassi Fihri en marge de l'ouverture de la session Financing Growth & Shaping the Energy Transition. Pour lui, la GGC ne saurait être une simple plateforme d'échanges : elle s'affirme comme un levier d'impact, un catalyseur de solutions, à un moment où les politiques protectionnistes se multiplient et où l'Afrique doit faire entendre sa voix. Reprenant l'ADN qui a fait le succès des MEDays, cette initiative portée par l'Institut Amadeus entend répondre aux mutations profondes d'un ordre mondial en recomposition. Fassi Fihri insiste : « Face à la montée du protectionnisme, aux tensions commerciales et à l'urgence climatique, il nous faut penser différemment et agir collectivement ». La GGC devient, dans cette perspective, un outil d'influence économique et politique, pensé pour décloisonner les débats et articuler stratégies nationales et régionales. À ses yeux, le Maroc se distingue par sa capacité à transformer les crises en opportunités. « Grâce à la Vision proactive de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc se positionne comme un acteur structurant de la résilience économique en Afrique », affirme-t-il. Le pays est désormais identifié comme un pôle de compétitivité industrielle et énergétique, attirant massivement les investisseurs internationaux, en particulier dans les secteurs des énergies renouvelables et de l'industrie automobile. Lire aussi : Rabat abrite les travaux de la 5è réunion de l'Alliance globale pour la mise en œuvre de la solution à Deux Etats Mais l'enjeu dépasse largement les frontières marocaines. Pour Fassi Fihri, cette conférence se veut un outil d'intégration économique africaine. « L'Afrique ne doit plus être perçue comme périphérique, mais comme un continent capable de transformer ses crises en opportunités », martèle-t-il. C'est à cette fin que la GGC 2025 porte un thème sans ambiguïté : Financer la croissance, façonner la transition énergétique. Deux priorités qui, selon lui, doivent désormais structurer toute stratégie économique sérieuse. Le diagnostic est clair : le continent africain fait face à un déficit structurel de financement des infrastructures, estimé entre 68 et 108 milliards de dollars. Pour combler cet écart, Fassi Fihri plaide pour une mobilisation urgente de mécanismes innovants, allant des green bonds aux partenariats public-privé, en passant par les fonds souverains et les garanties publiques. La feuille de route qui sera issue des travaux de la GGC devra proposer des recommandations concrètes, susceptibles d'être rapidement opérationnalisées. Au-delà de la technique financière, c'est une véritable reconfiguration géopolitique que suggère la conférence. « L'Afrique doit faire confiance à l'Afrique », rappelle Brahim Fassi Fihri, citant un appel lancé par S.M. le Roi Mohammed VI. Il y voit une ligne directrice pour promouvoir l'investissement intra-africain, renforcer la souveraineté économique du continent et construire un avenir fondé sur la coopération sud-sud. Ainsi, la GGC s'impose comme une réponse aux fractures de l'économie mondiale, mais aussi comme une tentative ambitieuse de bâtir un nouveau récit africain, confiant, déterminé et maître de son destin. Fassi Fihri insiste sur l'impératif de passer de la parole à l'action : « Ce forum n'est pas un énième sommet de plus. C'est un jalon opérationnel vers une Afrique forte, autonome, et résolument tournée vers l'avenir ». En filigrane, le Maroc apparaît comme le laboratoire de cette dynamique. Les projets structurants portés à Dakhla autour de l'hydrogène vert, la stratégie intégrée de financement public-privé, et la stabilité politique comme socle d'attractivité, illustrent une trajectoire qui pourrait inspirer de nombreux Etats africains. « Notre ambition collective est claire : mobiliser une coalition d'acteurs privés, publics et institutionnels autour de leviers économiques efficaces », résume Fassi Fihri.