Le secteur du capital-investissement marocain connaît une dynamique exceptionnelle en 2024, marquée par un record historique de 3,887 milliards de dirhams (MMDH) levés par les différents acteurs du marché. Cette performance confirme l'attractivité croissante du Maroc pour les investisseurs locaux et internationaux, et consacre une période de forte croissance pour l'ensemble de l'écosystème du private equity. Selon le rapport annuel de l'Association Marocaine des Investisseurs en Capital (AMIC), présenté par son président Hassan Laaziri, les levées de fonds cumulées entre 2018 et 2024 s'élèvent à 13,765 MMDH. En 2024 seulement, 10 sociétés de gestion ont investi près de 1,699 MMDH, répartis entre 23 nouvelles entreprises et 17 réinvestissements. Cette croissance est portée par des acteurs diversifiés : les organismes de développement internationaux représentent 38 % des levées, et les banques/sociétés de gestion d'actifs 27 %, tandis que la part des investisseurs marocains a bondi à 53 %, contre seulement 25 % durant la période 2012-2017. Une diversification des investissements La majorité des fonds levés restent généralistes, mais les fonds thématiques (notamment dédiés à l'innovation ou à certains secteurs clés) gagnent du terrain. Entre 2018 et 2024, le secteur des services a capté 41 % des investissements, suivi de près par les secteurs de la santé et de l'éducation, qui confirment leur potentiel de croissance. Lire aussi : Commission nationale des investissements : 191 projets approuvés pour plus de 326 MMDH La région de Casablanca-Settat domine largement la géographie des investissements avec 72 % des montants investis, loin devant Rabat-Salé-Kénitra (14 %). S'ajoute à cette disparité régionale une disparité quant au type de capital, en effet, le Capital Amorçage et Risque représente 42 % des opérations en nombre en 2024, contre seulement 26 % sur la période 2006-2011. Toutefois, en termes de valeur, cette catégorie ne représente que 9 %, face aux 84 % consacrés au Capital Développement (croissance d'entreprises déjà établies). Le ticket moyen est de 12 MDH pour les phases d'amorçage et 136 MDH pour le développement. Un marché des désinvestissements en pleine maturité Les désinvestissements atteignent 1,067 MMDH en 2024, avec un total de 9,3 MMDH désinvestis sur la période 2018-2024. Le marché secondaire (rachat de parts entre investisseurs) confirme sa maturité, représentant désormais 44 % des sorties, contre seulement 3 % entre 2006 et 2011. Les introductions en Bourse (IPO) ont également repris, atteignant 22 % des sorties entre 2018 et 2024. Le taux de rendement interne (TRI) moyen s'établit à 12 % entre 2000 et 2024, avec des performances remarquables dans les secteurs de la santé (23 %), des services (15 %) et de la construction (14 %). Le multiple de sortie global est de 1,9. Selon Laaziri, le capital-investissement au Maroc est entré dans un cercle vertueux, marqué par une croissance conjointe des levées, des investissements, et des désinvestissements. Ce développement s'accompagne d'un regain de confiance de la part des investisseurs, attirés par les success-stories d'entrepreneurs soutenus par des fonds, et par la rentabilité croissante du secteur. L'AMIC, qui regroupe 33 membres actifs et 29 membres associés, accompagne actuellement plus de 320 entreprises marocaines. Elle reste l'unique association professionnelle encadrant ce secteur, opérant sous le cadre de la loi 58-22 sur les Organismes de Placement Collectif en Capital (OPCC).