L'initiative de connexion électrique entre le Maroc et le Royaume-Uni, portée par Xlinks, connaît une pause inattendue. En attendant une réponse déterminante sur le prix de l'électricité, cette suspension soulève des doutes et inquiète ceux qui espèrent voir naître une collaboration énergétique capable de changer la donne pour les deux pays. Le projet de câble électrique reliant le Maroc au Royaume-Uni, développé par la société britannique Xlinks, fait actuellement face à un blocage administratif important en Grande-Bretagne. Cette pause n'est pas anodine : elle résulte d'une attente cruciale concernant la fixation du tarif auquel sera vendue l'électricité produite au Maroc. Ce tarif est déterminant pour assurer la rentabilité du projet et doit encore recevoir l'aval des autorités britanniques avant que les démarches administratives puissent reprendre. Xlinks ambitionne de créer un lien énergétique inédit entre le Maroc et le Royaume-Uni. L'infrastructure envisagée consiste en un câble sous-marin de 4 000 kilomètres partant de la région de Guelmim-Oued Noun, dans le sud du Maroc, vers l'Angleterre. Ce câble transporterait jusqu'à 3,6 gigawatts d'électricité renouvelable issue de centrales solaires, éoliennes, et de systèmes de stockage par batterie installés sur le sol marocain, où les conditions climatiques sont particulièrement favorables. Ce projet, d'un coût colossal proche de 24 milliards de livres sterling, pourrait permettre au Royaume-Uni de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 10 %, tout en diminuant ses tarifs de gros de l'électricité d'environ 9,3 %. Lire aussi : Interconnexion Maroc et Allemagne : Xlinks dément l'information Malgré ces perspectives prometteuses, Xlinks a mis en pause la procédure d'autorisation de développement (Development Consent Order ou DCO) nécessaire pour obtenir les permis environnementaux et de construction au Royaume-Uni. Cette suspension est due à l'attente d'un accord sur un élément financier clé, le Contrat pour la Différence (CfD). Le CfD est un mécanisme garantissant un prix fixe pour l'électricité sur une période pouvant aller jusqu'à 25 ans. Ce dispositif est indispensable pour sécuriser les revenus générés par la vente d'électricité et offrir une visibilité financière aux investisseurs. Sans cette assurance, le projet risque de perdre sa viabilité économique. La mise en pause de la procédure DCO vise donc à éviter un décalage entre les autorisations administratives et la validation du modèle économique. Ce délai suscite des préoccupations, notamment sur la confiance des investisseurs et la capacité à respecter les échéances. Le retard dans l'obtention du CfD pourrait pousser Xlinks à rediriger ses investissements vers d'autres marchés, comme une liaison électrique entre le Maroc et l'Allemagne. Cette perspective constituerait un revers pour le Royaume-Uni, qui mise sur ce projet pour accélérer sa transition énergétique vers des sources plus propres. Le gouvernement britannique reconnaît l'importance stratégique de ce projet, qui s'inscrit dans un effort commun de décarbonation et de renforcement des liens internationaux. Toutefois, cette situation révèle aussi les difficultés inhérentes aux projets de grande envergure, mêlant enjeux environnementaux, économiques et politiques à l'échelle transfrontalière. Le Maroc, grâce à son potentiel solaire et éolien, se positionne en partenaire essentiel pour les pays européens souhaitant verdir leur mix énergétique. La réussite de ce projet pourrait ouvrir la voie à d'autres collaborations similaires et renforcer la place du Royaume dans la transition énergétique mondiale. À l'inverse, un retard prolongé ou un blocage pourrait freiner les investissements et ralentir cette dynamique.