Le projet de liaison électrique entre le Maroc et le Royaume-Uni, porté par la société britannique Xlinks, est à l'arrêt sur le plan administratif au Royaume-Uni. Cette mise en attente est motivée par le besoin d'obtenir une réponse déterminante du gouvernement britannique concernant le tarif de vente de l'électricité produite au Maroc. Présenté comme un modèle de coopération énergétique innovante entre le Maroc et le Royaume-Uni, le projet Xlinks connaît aujourd'hui un coup d'arrêt administratif outre-Manche. L'entreprise britannique a décidé de suspendre temporairement sa demande d'autorisation de développement, dans l'attente d'un feu vert sur un élément central de son montage économique : le tarif garanti auquel sera achetée l'électricité produite au Maroc. En jeu, la viabilité financière d'un mégaprojet évalué à plusieurs dizaines de milliards de livres sterling. Dans l'attente de la décision tarifaire Xlinks a officiellement demandé au "Planning Inspectorate" (l'organisme gouvernemental chargé de gérer les recours administratifs en matière d'urbanisme) la suspension temporaire de la procédure d'obtention de l'ordonnance de consentement de développement (DCO). Cette ordonnance est une étape obligatoire pour valider les autorisations liées à l'implantation des infrastructures au Royaume-Uni. La société a motivé cette demande par l'attente de la réponse à sa demande de Contrat pour la différence (CfD), un mécanisme permettant de fixer un prix garanti pour l'électricité produite sur une période de 25 ans. Le CfD est essentiel pour garantir la stabilité financière du projet, en sécurisant les revenus liés à la vente d'électricité. Selon des sources proches du dossier, il ne s'agit pas d'un abandon mais d'une pause qui vise à éviter un désalignement entre les processus administratifs. En effet, le DCO se concentre sur les autorisations locales liées à l'environnement et aux infrastructures, tandis que le CfD concerne le volet économique et financier. Ces deux procédures sont indépendantes mais doivent avancer de façon coordonnée. Un coût de réalisation estimé à près de 24 milliards de livres sterling Le projet de Xlinks prévoit de relier la région de Guelmim-Oued Noun au Royaume-Uni via un câble sous-marin long de 4.000 kilomètres. Cette infrastructure doit permettre d'acheminer 3,6 gigawatts d'électricité issue de parcs solaires, éoliens et de systèmes de stockage par batterie. Avec un budget estimé à près de 24 milliards de livres sterling, ce mégaprojet pourrait contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre du Royaume-Uni de 10 % tout en faisant baisser les prix de gros de l'électricité d'environ 9,3 %. Reconnu d'importance nationale par le gouvernement britannique, ce projet bénéficie d'un fort potentiel pour accompagner la transition énergétique des deux pays. Toutefois, les retards dans l'obtention du CfD suscitent des inquiétudes. Le président de Xlinks, Dave Lewis, avait récemment averti que ces délais peuvent affecter la confiance des investisseurs et menacer la réalisation du projet. Il a notamment évoqué la possibilité que les ressources soient réorientées vers d'autres initiatives, comme une liaison électrique entre le Maroc et l'Allemagne.