Dans une course contre la fracture numérique, le Maroc s'engage dans une nouvelle ère technologique en misant sur Starlink, le service Internet par satellite d'Elon Musk. Entre promesses de connectivité universelle et interrogations sur la souveraineté numérique, ce choix stratégique soulève autant d'enthousiasme que de vigilance. Dans le but de fournir une connexion Internet dans les zones où les réseaux terrestres sont inaccessibles, le gouvernement marocain adopte une nouvelle stratégie fondée sur la technologie satellitaire de Starlink, opérée par SpaceX, l'entreprise du milliardaire et entrepreneur américain Elon Musk. En effet, la ministre déléguée à la Transition numérique et à la Réforme de l'administration, Mme Amal El Fallah Seghrouchni, a annoncé cette initiative ce lundi 2 juin 2025 au Parlement, précisant que l'Etat prévoit une subvention pouvant atteindre 2500 dirhams par abonnement, avec un plafond fixé à 4000 bénéficiaires par an, afin de réduire la fracture numérique dans les zones non couvertes. Dans un autre sens, en introduisant ce niveau de service sur son territoire, le Maroc se dote d'une infrastructure numérique capable de répondre aux standards contemporains de connectivité. Starlink se distingue par sa capacité à offrir une connexion à la fois stable et rapide, avec des vitesses de téléchargement variant entre 100 et 500 mégabits par seconde (Mbps), et une latence très faible, estimée entre 20 et 40 millisecondes. Des performances qui conviennent parfaitement aux usages exigeants tels que la visioconférence ou les jeux en ligne. Lire aussi : Starlink lance officiellement son service Internet par satellite au Bangladesh Cependant, cette technologie soulève plusieurs défis, à commencer par le coût élevé du matériel requis pour capter le signal satellite, auquel s'ajoutent des frais d'abonnement mensuels potentiellement dissuasifs pour une partie de la population. Déploiement des réseaux haut débit D'ailleurs, l'initiative de déploiement de satellites s'inscrit dans le cadre du Plan national du haut et très haut débit (PNHD), dont la première phase, achevée à 99 %, a permis de couvrir plus de 10 640 zones rurales en services de télécommunications 2G, 3G et 4G entre 2018 et 2024. Une seconde phase a été lancée afin de desservir 1 800 zones supplémentaires faiblement ou non couvertes, avec un délai maximal de 15 mois à compter du lancement des travaux. Ce chantier est soutenu par le Fonds du service universel des télécommunications. Dans cette même dynamique, la feuille de route Maroc Digital 2030, officiellement lancée le 25 septembre 2024, constitue le pilier de la transformation numérique du pays. Elle ambitionne de hisser le Maroc à la 6e place au niveau africain et à la 85e au niveau mondial en matière de digitalisation de l'administration publique d'ici 2026. À l'horizon 2030, d'autres objectifs chiffrés sont fixés : atteindre un taux de satisfaction des usagers de 80 %, réduire les délais d'au moins 50 %, simplifier 40 % des parcours administratifs et porter l'usage des solutions numériques à plus de 50 %. Le Maroc mise également sur le déploiement de la 5G, un projet officiellement lancé en octobre 2024. L'objectif est d'atteindre une couverture de 25 % de la population d'ici 2026, puis de 70 % à l'horizon 2030. Les villes hôtes de la Coupe du Monde 2030 bénéficieront d'une couverture intégrale dès 2026, afin de répondre aux exigences techniques de l'événement. Les fréquences attribuées aux opérateurs se concentrent sur les bandes des 3,5 GHz et 26 GHz, particulièrement adaptées au très haut débit mobile et aux applications de l'Internet des objets (IoT). En s'appropriant ces technologies de pointe, le Maroc consolide sa position de hub numérique régional. L'accès au haut débit, y compris dans les zones les plus reculées, favorise l'inclusion numérique et ouvre de nouvelles perspectives économiques. Les petites entreprises, les agriculteurs et les artisans, souvent éloignés des centres urbains, profiteront directement de cette connectivité renforcée. De plus, l'Internet par satellite offrira aux jeunes la possibilité de se former, de créer et d'innover en ligne, sans être contraints de migrer vers les grandes villes pour accéder à une infrastructure numérique performante.