Révélant une situation alarmante, une enquête inédite montre que le burnout touche une majorité de cadres et entrepreneurs au Maroc, souvent sans soutien organisationnel. Ce phénomène, loin d'être un tabou, s'affirme comme une urgence nationale. L'étude souligne l'impératif d'intégrer la santé mentale comme un pilier stratégique pour la performance durable et la préservation du précieux capital humain du Royaume. Le Maroc, à l'aube d'une ère de développement inclusif et équitable, fait face à un défi insidieux mais critique : le burnout. Une étude inédite menée par Dina Lahlou, coach exécutive holistique et experte reconnue en épuisement professionnel, en mai 2025, met en lumière cette réalité souvent tue au sein des organisations. Les résultats de cette investigation réalisée auprès de plus de 160 cadres dirigeants et entrepreneurs de divers secteurs sont sans appel et soulignent l'urgence de prendre soin de celles et ceux qui portent le développement économique du pays. Les données collectées par l'enquête de Dina Lahlou révèlent une prévalence du burnout bien plus élevée qu'on ne l'imaginerait. Le constat est édifiant : 82 % des cadres et entrepreneurs interrogés ont été confrontés, soit directement, soit par le biais d'un proche, à un burnout. Parmi eux, 62 % l'ont personnellement traversé, et plus préoccupant encore, 71 % déclarent n'avoir eu accès à aucun dispositif clair de prévention ou d'accompagnement au sein de leur structure. Ces statistiques sont un signal d'alarme, indiquant que la grande majorité des leaders et forces vives du pays sont soit directement affectés par l'épuisement professionnel, soit en sont des témoins proches, et que les mécanismes de soutien organisationnels sont insuffisants. Lire aussi : Fragmentation du travail et protection sociale : l'équation impossible ? L'étude ne se contente pas de quantifier le phénomène, elle en explore également les racines profondes. Les participants ont identifié plusieurs facteurs contributifs majeurs au burnout. Le « Management ou relations 'toxiques' au travail » est cité comme la principale cause, impactant 63 % des cas, mettant en évidence la nécessité d'une transformation des cultures managériales. La « Surcharge de travail » arrive en deuxième position, affectant 55 % des professionnels, soulignant une pression opérationnelle intense. Le « Manque d'équilibre vie professionnelle/vie personnelle » concerne 50 % des répondants, révélant une difficulté à maintenir une séparation saine entre les sphères de vie. Le « Manque de prise en charge ou de sensibilisation sur la santé en général » (16%) et les « Raisons personnelles (santé mentale/physique – relations personnelles/familiales) » (13%) complètent le tableau, indiquant un besoin accru de soutien et de reconnaissance de la santé globale. Ces résultats confirment que le burnout n'est pas une faiblesse individuelle, mais bien un déséquilibre structurel découlant des environnements professionnels actuels. Avant que le burnout ne s'installe, le corps et l'esprit envoient des signaux d'alerte souvent minimisés : fatigue chronique, troubles du sommeil, irritabilité, anxiété, douleurs physiques inexpliquées. Banaliser ces indicateurs, c'est ignorer les prémices de déséquilibres qui peuvent évoluer vers des pathologies chroniques graves, telles que les maladies cardiovasculaires. L'impact de la santé mentale au travail est universel. En France, les troubles psychologiques sont devenus la première cause des arrêts de travail de longue durée, atteignant 24,5 % des arrêts en 2023. Bien qu'il n'existe pas de données équivalentes au Maroc, l'enquête de Dina Lahlou suggère que le phénomène y est fortement présent et mérite une attention comparable. Le bien-être en entreprise : Un levier de performance freiné par des lacunes structurelles Les professionnels marocains sont manifestement conscients de l'enjeu. L'étude montre que 94% des cadres et entrepreneurs estiment que la sécurité psychologique et la santé mentale sont « Très importantes ». L'importance de la santé physique est également jugée « Très importante » par 82% des répondants. De plus, 83% considèrent la prévention du burnout comme « Très importante », et 92% jugent les conseils et routines de gestion du stress « Très importants ». Ces chiffres soulignent l'urgence de la situation. Pourtant, l'évaluation de la sensibilisation à l'importance de la santé et du bien-être au travail au sein des organisations montre des disparités. Seulement 17% des répondants attribuent une note de 5 (très élevé), et 21% une note de 4. La majorité se situe entre les notes 2 et 3 (26% et 28% respectivement), ce qui indique qu'il reste un chemin important à parcourir pour que cette prise de conscience se traduise pleinement dans les pratiques organisationnelles. La performance durable des organisations est intrinsèquement liée au bien-être de leurs collaborateurs. Les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) et les pratiques de RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) doivent intégrer ces dimensions de manière plus stratégique. L'étude révèle que l'impact des programmes de Santé & Bien-être sur la performance de l'organisation est perçu comme très positif par la majorité des répondants. En effet, 57% attribuent une note de 5 (le maximum) à cet impact, et 31% une note de 4. Malgré cette reconnaissance de l'impact positif, des obstacles majeurs freinent la mise en place de ces programmes : le « Manque de budget » est l'obstacle principal pour 46 % des répondants, le « Manque de ressources qualifiées » concerne 40 %, le « Manque de soutien de la direction » est cité par 39 %, et le « Manque de temps » représente un obstacle pour 33 %. Seulement 15% des répondants déclarent n'avoir aucun obstacle. Ces données mettent en lumière la nécessité d'une volonté politique forte et d'investissements ciblés pour surmonter ces barrières. L'importance du coaching santé individuel est également soulignée, avec 59% des répondants le jugeant « Très important », ce qui indique une voie prometteuse pour un soutien personnalisé. Comme le souligne Dina Lahlou, le burnout est « une alarme du corps et du système. Il est urgent de repenser notre hygiène de vie, et nos environnements de travail avec humanité et pragmatisme ». Cette enquête est le point de départ d'une campagne de sensibilisation visant à mobiliser entreprises, institutions, médias et citoyens autour de cet enjeu capital : la préservation du capital humain, pilier de toute croissance durable. La santé mentale des professionnels doit devenir un axe stratégique dans les politiques de ressources humaines, les pratiques managériales, et les stratégies ESG et RSE, en résonance avec la vision de développement inclusif et équitable portée par le Royaume.