En affichant sans détour son soutien à l'Iran et aux réseaux dures de la « résistance » anti-occidentale, le Polisario confirme son ancrage dans une constellation d'alliances en perte de vitesse. Ce choix idéologique, en rupture avec les évolutions du monde arabe et africain, consacre l'isolement irréversible d'un mouvement sans légitimité institutionnelle ni avenir diplomatique. L'actualité internationale récente lève le voile sur une réalité trop souvent occultée : le Polisario, organisation non reconnue par les Nations unies, s'est progressivement enfermé dans une posture radicale, à la fois anachronique et profondément marginalisée. Dernier avatar de cette dérive : le soutien public exprimé, par ses réseaux de propagande, au régime iranien, qualifié de « bastion ultime de la résistance anti-impérialiste ». Loin d'un positionnement géostratégique cohérent, cette prise de position confirme l'ancrage du Polisario dans une nébuleuse idéologique en rupture avec les dynamiques contemporaines de coopération, de stabilité et de développement régional. Dans une logique de déni plausible (plausible deniability), le Polisario délègue l'expression de ses sympathies les plus sulfureuses à des relais de communication officieux mais parfaitement orchestrés. Parmi eux, des entités bien identifiées telles que ECS Saharaui, Rachid Zeinddin ou Ali Taleb Salem s'emploient à relayer les positions du Hezbollah, des Houthis, de l'Iran ou de l'ancien régime syrien, et à recycler les narratifs de la propagande iranienne dans les sphères militantes hispanophones de l'extrême gauche, où le Polisario conserve quelques appuis résiduels. Lire aussi : Othman Benjelloun conserve les rênes de Bank of Africa Ce soutien n'est pas ponctuel. Tout au long du conflit syrien, ces relais ont constamment pris position en faveur de Bachar Al-Assad, niant les massacres de civils et justifiant les exactions du régime. Une ligne qui reflète celle du régime algérien, seul allié diplomatique majeur du Polisario, qui déclarait son « soutien total » à Assad deux jours à peine avant la chute de Damas. À travers d'autres canaux, le Polisario a noué des liens étroits avec des partis d'extrême gauche européens, qui lui servent aujourd'hui de relais politiques : PTB en Belgique, Die Linke en Allemagne, Sinn Féin en Irlande, et plus récemment, certains segments de La France Insoumise. Rima Hassan et la nouvelle passerelle vers LFI L'arrivée de Rima Hassan dans l'organigramme de La France Insoumise a contribué à renouveler cette filiation idéologique. Issue de la mouvance palestinienne d'extrême gauche, Rima Hassan incarne la continuité d'un engagement aligné sur d'autres thèses, bien qu'elle ne puisse revendiquer publiquement un soutien à une organisation classée terroriste. Elle n'a pourtant jamais caché sa proximité avec plusieurs de ses figures majeures, telles que Georges Ibrahim Abdallah, Mariam Abou Daqqa ou Salah Hammouri. Par ce biais, le Polisario conserve un lien marginal dans certains cercles militants européens, mais cette présence souterraine ne suffit plus à masquer son absence totale de reconnaissance internationale. La réalité est implacable : le Polisario n'est pas une organisation reconnue au niveau international. Il ne dispose d'aucune légitimité institutionnelle, ni au sein des Nations unies, ni dans la majorité des forums régionaux et continentaux. Son exclusion systématique des cadres de coopération africaine, arabe ou euro-méditerranéenne — comme en témoigne encore récemment le Forum sino-africain (FOCAC) — consacre son isolement diplomatique et l'obsolescence de ses revendications. Alors que le Maroc renforce ses alliances stratégiques et accélère son intégration continentale, le Polisario s'accroche à des alliances résiduelles avec des régimes autoritaires en déclin, au mépris des mutations géopolitiques en cours. Sa logique d'alignement idéologique avec l'axe Téhéran-Beyrouth-Damas sous Bachar apparaît d'autant plus décalée que de nombreux pays arabes et africains prennent aujourd'hui leurs distances avec cette configuration. En s'obstinant à recycler les codes d'un anti-impérialisme désuet, en s'associant à des entités marginalisées voire terroristes, et en refusant toute adaptation à l'environnement géopolitique actuel, le Polisario se condamne à l'irrélevance. Il ne participe à aucun agenda régional de stabilité ou de développement. Il n'est présent dans aucune initiative internationale pour la paix ou la coopération. Il n'offre aucune perspective politique crédible aux populations sahraouies qu'il prétend représenter. Loin de porter une cause légitime, le Polisario s'est progressivement mué en agent d'instabilité, rattaché à des réseaux et des acteurs rejetés par la majorité des Etats. Sa trajectoire actuelle n'est plus celle d'un mouvement de libération, mais celle d'une structure fossilisée, sans avenir, qui cherche sa survie dans la confrontation, la manipulation idéologique et l'agitation propagandiste. À mesure que le monde arabe se tourne vers la coopération régionale, que l'Afrique s'ancre dans une diplomatie de projets, et que le Sahara devient un pôle de stabilité autour du Maroc, le Polisario ne peut plus masquer la réalité : la fin d'un cycle est imminente. Et avec elle, peut-être, la dissolution politique d'un pseudo acteur qui n'aura survécu que par le soutien inconditionnel de l'Algérie et la bienveillance éphémère de réseaux idéologiques désormais discrédités.