En mouvement constant, le Maroc s'apprête à franchir un nouveau cap décisif dans son développement. À l'horizon 2030, trains, avions et aéroports vont profondément changer de visage. Plus qu'un simple projet d'infrastructure, c'est une vision d'avenir qui prend forme : connecter les territoires, soutenir les ambitions économiques, et faire du pays une véritable porte d'entrée vers l'Afrique. Le tout, en vue d'un rendez-vous mondial majeur : la Coupe du monde 2030. À l'horizon 2030, le Maroc redessine sa carte de la mobilité. Avec un investissement colossal de 152 milliards de dirhams, le Royaume modernise ses trains, repense ses aéroports et étoffe sa flotte aérienne pour mieux connecter ses territoires et rayonner à l'international. Objectif : accompagner la croissance économique, faciliter les échanges et relever les défis logistiques posés par la Coupe du monde 2030. Un tournant stratégique qui dessine les contours du Maroc de demain. Le plan global, dont l'enveloppe est estimée à 152 milliards de dirhams (près de 14 milliards d'euros), s'articule autour de trois axes majeurs : l'extension et la modernisation du réseau ferroviaire, la refonte des infrastructures aéroportuaires et le renforcement de la flotte nationale aérienne. Le secteur ferroviaire concentre les deux tiers de cet investissement, soit près de 96 milliards de dirhams. Cette priorité s'inscrit dans une logique de mobilité durable, de désenclavement territorial et d'intégration logistique. Il s'agit notamment de renforcer les grands axes économiques reliant Tanger, Casablanca et Marrakech, mais aussi d'accompagner l'essor des zones industrielles et des chaînes logistiques à l'échelle internationale. Pour l'année 2025 seulement, plus de 20 milliards de dirhams seront investis dans les infrastructures, avec une forte concentration sur les travaux ferroviaires : 63 marchés de travaux et 21 études seront engagés. Cette montée en puissance traduit une volonté d'accélération des chantiers structurants à travers une gouvernance centralisée, une coordination renforcée entre les acteurs publics, et une implication accrue du secteur privé. Une révolution aéroportuaire à grande échelle Sur le front aérien, le Maroc se donne les moyens de ses ambitions. À travers la vision «Aéroports 2030», l'Office National des Aéroports (ONDA) entend porter la capacité d'accueil annuelle à 80 millions de passagers, contre 34 millions aujourd'hui. La stratégie repose sur deux volets complémentaires : l'extension des terminaux et l'amélioration de l'expérience passagers. Le 17 septembre 2024, l'ONDA a procédé à l'ouverture des plis pour les travaux d'extension des aéroports de Marrakech, Agadir, Tanger et Fès. Objectif : porter la capacité globale de ces quatre plateformes à 35 millions de passagers par an. Marrakech-Ménara, par exemple, passera de 7,4 à 16 millions de passagers, avec un terminal agrandi à 142.000 m2. À Agadir-Al Massira, la capacité sera portée à 7 millions de passagers grâce à un nouveau terminal de 75.000 m2. Tanger-Ibn Batouta, quant à lui, passera de 2 à 7 millions de passagers avec un terminal entièrement neuf de 70.000 m2 et une nouvelle tour de contrôle. Fès-Saïss visera une capacité de 5 millions de passagers, contre 2 millions auparavant. Lire aussi : Autoroute FèsMarrakech : cap sur la mobilité et le développement Une flotte nationale en pleine expansion Dans le cadre de la vision aérienne à l'horizon 2030, une enveloppe de 28 milliards de dirhams est dédiée à l'expansion de la flotte nationale. L'objectif est clair : tripler le nombre d'appareils pour répondre à la croissance soutenue du trafic aérien et positionner le Maroc comme un hub régional stratégique. Cette montée en puissance permettra d'élargir considérablement la couverture des lignes internationales, notamment vers l'Afrique, l'Europe et l'Amérique du Nord. L'aéroport Mohammed V de Casablanca, véritable cœur du dispositif, connaîtra une transformation en profondeur avec la construction d'un nouveau terminal configuré en hub international. Ce dernier intégrera les dernières technologies et sera relié à la future ligne à grande vitesse (LGV) entre Marrakech et Kénitra, permettant des liaisons ultra-rapides vers le Nord et le Sud. La capacité de l'aéroport sera portée à 40 millions de passagers. La livraison est prévue pour 2029. D'autres plateformes suivront, notamment à Rabat-Salé, Tétouan et Dakhla, renforçant ainsi le maillage national et répondant aux spécificités régionales. Le développement aéroportuaire tient également compte du plan de croissance de la compagnie nationale Royal Air Maroc (RAM), qui prévoit de quadrupler sa flotte pour atteindre 200 appareils d'ici 2037. Un modèle intégré de gouvernance et de performance Cette stratégie de modernisation ne se limite pas aux infrastructures. Elle repose aussi sur une refonte de la gouvernance des projets structurants. L'Etat mise sur une meilleure coordination entre les ministères, les agences d'exécution et les établissements publics, tout en donnant une plus grande place aux entreprises privées. L'idée est de renforcer la transparence, d'accélérer les délais de réalisation et d'améliorer la qualité des services rendus. Les efforts de transformation visent aussi l'expérience usager : suppression des scanners à l'entrée des aéroports, réduction du temps de débarquement à moins de 25 minutes, digitalisation des formalités et déploiement de portiques automatiques. L'ONDA, de son côté, prévoit de révolutionner le traitement des bagages avec un centre intelligent de tri automatisé. LGV Kénitra-Marrakech, un tournant stratégique pour le Maroc L'extension de la Ligne Grande Vitesse (LGV) entre Kénitra et Marrakech, lancée en avril 2025, représente bien plus qu'une simple avancée ferroviaire pour le Maroc. Avec ses 430 km de rails, ce projet devient un véritable catalyseur de développement, renforçant les connexions entre les grandes villes et ouvrant la voie à une transformation économique, sociale et industrielle, pour une meilleure intégration du Royaume et une compétitivité accrue de ses régions. Le 24 avril 2025, un moment décisif a été marqué pour le secteur des transports marocains avec le lancement officiel des travaux d'extension de la ligne à grande vitesse entre Kénitra et Marrakech. Un projet ferroviaire ambitieux qui dépasse les frontières de la simple infrastructure de transport pour devenir un véritable catalyseur de transformation économique, industrielle et territoriale pour le Royaume. Avec ses 430 kilomètres de rails, cette extension de la LGV va redéfinir le paysage de la mobilité au Maroc. Le temps de trajet entre Tanger et Marrakech sera réduit à moins de trois heures, un gain considérable pour une meilleure fluidité des échanges entre ces deux pôles économiques majeurs du pays. La connectivité accrue entre les grandes villes du nord et du sud de la région offrira un nouvel élan aux secteurs économiques, qu'il s'agisse de l'industrie, de l'agriculture ou des services, en renforçant la compétitivité et l'attractivité des territoires. L'extension de cette ligne ne se limite pas à améliorer la mobilité, elle incarne un projet de redynamisation économique. Marrakech, déjà un pôle touristique majeur, voit son avenir réinventé grâce à cette nouvelle infrastructure. La région bénéficiera d'une dynamique économique accrue, propulsée par un meilleur accès aux autres grandes villes comme Casablanca et Tanger. Cette amélioration de la mobilité permettra de diversifier l'économie de Marrakech, au-delà du tourisme, en ouvrant de nouvelles perspectives pour l'industrie, l'agro-industrie et les services. Le projet offrira également un terrain fertile pour attirer des investisseurs et entreprises, contribuant ainsi à renforcer la compétitivité des acteurs économiques locaux. Le projet bénéficie également du cadre favorable instauré par la nouvelle charte d'investissement du Maroc, qui offre des incitations financières pour les entreprises qui contribuent à la réalisation de grands projets d'infrastructure comme celui-ci. Ce soutien est une véritable bouffée d'air frais pour les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME), qui devraient bénéficier d'un dynamisme renforcé dans des secteurs comme la sous-traitance, la construction, la logistique et l'ingénierie. Une vitrine industrielle pour le Maroc Au-delà de son rôle dans la mobilité, la LGV Kénitra-Marrakech va également jouer un rôle clé dans l'industrie ferroviaire nationale. Le Maroc s'engage à moderniser et à étendre son réseau ferroviaire, tout en développant sa propre filière industrielle. Le taux d'intégration industrielle dans le secteur ferroviaire, actuellement à 40 %, devrait augmenter, et le Maroc se positionne comme un acteur régional fort dans ce domaine. Les investissements dans la maintenance, l'extension du réseau et l'acquisition de nouveaux trains contribuent à la construction d'un écosystème ferroviaire local, tout en créant des milliers d'emplois directs et indirects. Cette extension s'inscrit dans un plan ferroviaire à long terme, avec des projets futurs allant au-delà de Marrakech, vers Agadir, Fès et Oujda. Le Maroc se dote ainsi des bases d'un réseau ferroviaire de grande envergure qui favorisera l'intégration économique et la compétitivité du pays à l'échelle régionale, et contribuera à la réduction de l'empreinte carbone par rapport aux modes de transport traditionnels. Un impact social et territorial profond Ce projet phare de 96 milliards de dirhams a des implications bien au-delà de la simple modernisation du réseau ferroviaire. Il incarne une ambition nationale : celle d'une meilleure répartition des richesses et des opportunités sur le territoire. En reliant de manière plus fluide les grandes agglomérations du pays, la LGV va favoriser une redistribution de l'activité économique, permettant ainsi de réduire les disparités régionales, notamment entre les zones côtières et intérieures. La LGV Kénitra-Marrakech est également un facteur clé dans la préparation du Maroc pour les grands événements internationaux, comme la Coupe du Monde 2030, coorganisée par le pays. Cette infrastructure moderne renforcera non seulement les flux touristiques, mais aussi l'image du Maroc en tant que destination de choix pour les investissements et les grandes manifestations internationales.