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Quand les peuples se lèvent... et que le Maroc s'élève
Publié dans Maroc Diplomatique le 20 - 06 - 2025

À certaines heures rares de l'Histoire, les peuples ne se lèvent pas pour combattre, mais pour marcher. Ils n'avancent pas en armes, mais en conscience. Ces marches, lentes et solennelles, condensent une volonté collective, une vision, parfois un cri pacifique jeté au monde. Certaines d'entre elles ont inscrit leur sillon dans la mémoire universelle. Mais de toutes les marches recensées par les hommes, une seule conjugue à la fois la paix, la souveraineté retrouvée, le souffle populaire et l'autorité d'un dessein royal : la Marche Verte du Maroc, en novembre 1975.
L'Histoire en marche – Les précédents majeurs
Avant d'examiner la singularité marocaine, il convient de rendre hommage à d'autres moments où la marche fut un outil de libération ou de transformation.
En 1930, Mohandas Karamchand Gandhi, figure tutélaire de la non-violence, entame la marche du sel, une traversée de 385 kilomètres jusqu'à Dandi pour dénoncer l'impôt colonial britannique sur ce minéral vital. Ils étaient 78 au départ, des milliers à l'arrivée. L'acte fut modeste, mais le symbole immense. Le sel devint liberté.
Cinq ans plus tard, de l'autre côté de l'Eurasie, un autre peuple se met en marche. Mais cette fois, la trajectoire est rude, militaire, stratégique. La Longue Marche de Mao Zedong, de 1934 à 1935, mène les troupes communistes sur près de 12 000 kilomètres pour fuir l'encerclement nationaliste. Ce n'est pas une marche pacifique, mais une marche d'endurance et de survie qui posera les fondations idéologiques de la Chine maoïste.
En 1965, dans le Sud ségrégationniste des Etats-Unis, le révérend Martin Luther King guide la marche de Selma à Montgomery pour revendiquer le droit de vote des Afro-Américains. Face à eux, la brutalité de la police. Mais la marche triomphe, et avec elle, la loi du Voting Rights Act.
Ailleurs encore, dans un Zimbabwe exsangue, des milliers de citoyens marcheront contre la faim ; en France, les enfants de l'immigration entameront la Marche pour l'égalité en 1983. Tous, à leur manière, ont foulé le sol pour hisser une espérance. Mais aucune de ces marches ne fut à la fois une démonstration de paix, une opération géopolitique, une volonté monarchique, et une reconquête du droit. Aucune, sauf une.
Novembre 1975 – Quand le Maroc marcha vers lui-même
La Marche Verte n'est pas seulement un événement. C'est une architecture de l'Histoire, bâtie avec des pieds nus, des versets coraniques, des drapeaux rouges et un dessein royal.
Le 6 novembre 1975, sur ordre de Feu Sa Majesté le Roi Hassan II, 350 000 volontaires marocains s'élancent pacifiquement vers le Sahara, alors encore sous administration espagnole. Pas une balle. Pas un cri de haine. Seulement la marche, le Coran, la patrie.
Cette marche est un prodige logistique : hommes, femmes, vivres, soins, encadrement, cartes, discipline. Une nation entière s'est levée comme un seul homme, non pour conquérir, mais pour réintégrer un territoire historiquement sien. Loin d'une invasion, la Marche Verte fut une réintégration de souveraineté, appuyée par la Cour internationale de Justice elle-même, qui avait reconnu en octobre 1975 les liens juridiques et historiques entre le Royaume du Maroc et les tribus du Sahara.
Le génie de Feu Sa Majesté le Roi Hassan II fut d'avoir transformé un dossier colonial complexe en un événement symbolique d'une puissance inouïe. Là où d'autres auraient opté pour la guerre, il convoqua la paix. Là où certains voyaient l'impasse, il dessina une marche.
La Marche Verte est d'abord un acte de foi. Foi dans le droit. Foi dans l'histoire. Foi dans l'unité nationale. Chaque marcheur portait dans le cœur une prière et dans les mains un drapeau. Personne ne portait d'arme. C'est là l'éclat de cette marche : elle fut une guerre sans combat, une offensive sans blessés, une reconquête sans tumulte.
Politiquement, elle permit de déverrouiller le processus de Madrid (14 novembre 1975), qui acta le retrait de l'Espagne et le partage administratif du Sahara entre le Maroc et la Mauritanie. Géopolitiquement, elle montra que le Maroc, longtemps effacé sur la scène internationale, pouvait se dresser avec une élégance qui forçait le respect. Sur le plan diplomatique, cette marche fut un message adressé au monde : le Maroc existe, le Maroc s'unit, le Maroc agit.
Lire aussi : Le rôle de la Marche Verte dans l'unité et la mobilisation du peuple marocain mis en avant à Montréal
Comparaison n'est pas raison – L'exception marocaine
On serait tenté de rapprocher la Marche Verte des grandes marches de l'Histoire. Mais à bien y regarder, elle les surpasse toutes dans au moins quatre dimensions :
– Légitimité historique : la Marche Verte s'inscrit dans une continuité dynastique ancienne, les Sultans chérifiens ayant toujours exercé un pouvoir spirituel et temporel sur le Sahara.
– Légitimité populaire : jamais un peuple ne s'était autant mobilisé de manière volontaire, joyeuse, sans aucune contrainte, dans un projet aussi grandiose.
– Légitimité pacifique : aucune arme, aucun sang versé, aucun conflit interne. Ce fut une marche de paix, dans le sens le plus absolu du terme.
– Légitimité royale : rarement un monarque aura su conjuguer à ce point le cœur de son peuple et la raison d'Etat.
En cela, la Marche Verte est une exception. Là où les autres marches furent défensives, la Marche Verte fut constructive. Là où d'autres furent contestataires, elle fut unificatrice. Là où certaines s'effilochèrent en conflits, elle tissa la trame d'un pays réconcilié avec son Sud.
Aujourd'hui encore, chaque 6 novembre, le Maroc célèbre cette épopée. Non pas comme une relique, mais comme une source vivante. Le Sahara n'est pas un souvenir, c'est une réalité, un moteur économique, une région en développement constant. Des ports y surgissent, des routes s'y tendent, des écoles s'y construisent, des hommes et des femmes y vivent et y créent.
Sous le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la Marche Verte a trouvé un prolongement naturel dans les investissements massifs consentis au Sahara, dans la régionalisation avancée, dans la diplomatie du fait accompli, et dans la reconnaissance croissante de la marocanité du territoire (Etats-Unis, Espagne, Israël, etc.).
La marche se poursuit. Elle n'est plus géographique, elle est économique, diplomatique, spirituelle. Mais elle continue.
Une leçon pour l'humanité
Il faut relire la Marche Verte non seulement comme un chapitre de l'Histoire marocaine, mais comme une leçon universelle : celle d'un peuple capable de se lever non pour détruire, mais pour unir ; non pour envahir, mais pour retrouver son âme.
À l'heure où les conflits resurgissent sur tous les continents, où les puissances s'affrontent avec brutalité, où les identités s'aiguisent comme des lames, la Marche Verte nous enseigne une vérité précieuse : la souveraineté peut se conquérir sans violence, la légitimité peut marcher pieds nus, la paix peut être une arme.
Il y eut des marches de survie. Il y eut des marches de protestation. Il y eut des marches héroïques et douloureuses. Mais il n'y eut qu'une Marche Verte. Le Maroc, en ce mois de novembre 1975, a prouvé au monde que marcher n'est pas fuir, mais conquérir avec noblesse ; que les frontières peuvent s'effacer dans le sable sous les pas d'un peuple réuni ; que la paix, loin d'être une faiblesse, est l'expression la plus haute de la souveraineté assumée.
Et cela, seuls les grands Royaumes le peuvent.


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