Face à un terrorisme tenace, malgré quelques victoires du Mali qui reprend ses territoires, Bamako multiplie les accusations contre l'Algérie, qu'il soupçonne d'être le terreau logistique, idéologique et humain de plusieurs groupes terroristes opérant au Sahel. Des révélations des services de renseignement espagnols, rapportées par La Vanguardia, viennent accréditer ces soupçons en pointant l'implication de Sahraouis issus des camps de Tindouf dans la hiérarchie de l'Etat islamique au Sahel. Les autorités maliennes dénoncent de plus en plus ouvertement la responsabilité de l'Algérie dans la prolifération de groupes terroristes au Sahel. Selon des renseignements relayés par La Vanguardia, plusieurs Sahraouis formés dans les camps de Tindouf dirigeraient désormais des cellules actives de l'Etat islamique au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Bamako exige des explications. Cette nouvelle révélation intervient dans une région où la guerre asymétrique contre les groupes armés est devenue le quotidien au Sahel. Le gouvernement malien refuse de taire ce que d'aucuns qualifient encore de non-dit diplomatique : la responsabilité de l'Algérie dans la diffusion du terrorisme au Sahel, par l'intermédiaire d'éléments issus des camps sahraouis de Tindouf. Lire aussi : Réseaux sociaux : nouvelle arme de recrutement du djihadisme en Afrique du Nord Des révélations récentes des services de renseignement espagnols, citées par le quotidien La Vanguardia, viennent conforter cette position. Selon ces données, plusieurs Sahraouis nés et radicalisés dans les camps du Polisario – installés sur le sol algérien – ont été identifiés comme membres influents de l'Etat islamique au Grand Sahara (EIGS). Ces individus, multilingues (arabophones, francophones, hispanophones), sont aujourd'hui à la tête de cellules opérant dans les zones frontalières du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Pour Bamako, cette situation ne relève ni du hasard ni de la dérive isolée. Le gouvernement malien évoque une filtration idéologique entre le séparatisme du Polisario et les stratégies djihadistes. Il souligne que le discours de rupture avec l'ordre régional, diffusé depuis des décennies dans les camps de Tindouf, a pu servir de socle à une radicalisation religieuse, en rupture totale avec les dynamiques souveraines des Etats du Sahel. Ces accusations placent l'Algérie dans une posture délicate, d'autant que ces éléments sont hébergés, formés, et longtemps invisibilisés dans une zone qui échappe à tout contrôle international effectif. À travers ses communiqués et ses prises de parole officielles, le Mali dénonce une tolérance stratégique d'Alger à l'égard de ces dérives extrémistes, qui deviennent une menace directe pour la stabilité régionale. Le fait que des éléments du Polisario radicalisés puissent agir au cœur du Sahel, tout en étant originaires de camps installés sur le sol algérien, pose une question essentielle : l'Algérie est-elle en train de devenir une base arrière logistique et idéologique pour les réseaux djihadistes transfrontaliers ? Pour le Mali, la réponse est claire. L'absence de réaction officielle d'Alger aux révélations des services espagnols, ainsi que le silence sur les liens entre certains cadres du Polisario et les groupes armés du Sahel, laisse penser qu'il ne s'agit pas d'un phénomène marginal, mais d'une permissivité structurelle. À Bamako, certains responsables estiment que cette réalité mine non seulement la sécurité nationale malienne, mais compromet aussi toute tentative de stabilisation régionale durable.