En 2024, le Maroc confirme son statut de puissance agro-industrielle en renforçant sa position sur le marché stratégique des intrants agricoles. Sa forte demande en ammoniac anhydre illustre une volonté claire d'accompagner l'essor de la production d'engrais et de consolider son rôle moteur au sein du continent africain. En 2024, le Maroc s'impose comme le premier importateur africain d'ammoniac anhydre, un produit stratégique pour la fabrication d'engrais. D'après une étude du cabinet IndexBox, relayée par les médias, le Royaume a importé à lui seul 3 millions de tonnes en 2024, soit 93 % des volumes destinés au continent africain. Ce chiffre impressionnant s'est accompagné d'une facture d'environ 2 milliards de dollars, représentant 91 % de la valeur totale des importations africaines. Effectivement, cette forte demande à l'importation est également le reflet d'une consommation nationale en nette progression. Selon les médias, le rapport a indiqué qu'en 2024, le Maroc a absorbé à lui seul 3 millions de tonnes d'ammoniac, soit près de 17 % de la consommation du continent, estimée à 18 millions de tonnes. En valeur, cela représente 1,7 milliard de dollars, un chiffre situé entre celui de l'Egypte (2,4 milliards) et celui du Cameroun (1,4 milliard). En effet, cette prédominance marocaine relègue les autres pays du continent loin derrière. En comparaison, la Tunisie n'a importé que 105 000 tonnes (pour 104 millions de dollars), tandis que l'Afrique du Sud n'en a réceptionné que 54 000 tonnes (pour 51 millions de dollars). L'étude relève que depuis 2013, les achats marocains ont connu un bond remarquable, avec un taux de croissance annuel moyen en valeur de +17,2 %. Le Royaume se distingue également par sa consommation par habitant, atteignant 77 kg par personne, loin devant l'Egypte et l'Algérie, qui plafonnent à 41 kg. Sur une période de onze ans, la consommation marocaine a connu une croissance de 66,6 %, soit une progression annuelle moyenne de +4,7 %. Lire aussi : HydroJeel reçoit une subvention de 30 millions d'euros pour accélérer la production d'ammoniac vert De même, à l'échelle du continent, les perspectives restent globalement positives. Selon les médias, IndexBox prévoit une demande africaine de 20 millions de tonnes d'ici 2035, avec une valeur estimée à 15,2 milliards de dollars. Cette croissance s'effectuerait à un rythme plus modéré (+0,9 % par an en volume et +2,9 % en valeur), marquant une phase de stabilisation après plus d'une décennie de croissance vigoureuse. En 2024, la consommation a progressé de 6,9 %, portant la valeur du marché africain à un sommet historique de 11 milliards de dollars. Le leadership du Maroc sur le marché africain de l'ammoniac anhydre illustre la transformation accélérée de son modèle agricole et industriel, mais aussi les enjeux énergétiques et stratégiques liés à cette molécule essentielle. En misant sur des alliances fortes, notamment à travers le groupe OCP et ses engagements internationaux, le Royaume s'inscrit dans une logique de sécurisation de ses approvisionnements et d'affirmation de son rôle régional dans le secteur des engrais. Une production dominée par l'Afrique du Nord En parallèle, la production d'ammoniac sur le continent a atteint 17 millions de tonnes en 2024, soit une hausse de 1,3 % par rapport à 2023. Depuis 2013, la production africaine a augmenté de 57,8 %, avec une croissance annuelle moyenne de +4,0 %. En effet, l'Egypte reste en tête des pays producteurs avec 4,9 millions de tonnes, suivie de l'Algérie (3,2 millions) et du Nigeria (1,3 million). Ensemble, ces trois pays représentent 57 % de la production continentale. En valeur, la production africaine est estimée à 10,6 milliards de dollars. Il est à noter que le Nigeria enregistre le taux de croissance le plus rapide parmi les producteurs, avec une moyenne annuelle de +21,4 %, illustrant un essor industriel notable. En outre, l'année 2024 a également été marquée par un rebond significatif des exportations africaines d'ammoniac. Après deux années de baisse, les volumes exportés ont grimpé de 37 % pour atteindre 1,6 million de tonnes, générant des recettes de 1,2 milliard de dollars. L'Algérie s'impose comme le principal exportateur, avec 1,2 million de tonnes exportées (76 % du total) pour un chiffre d'affaires de 921 millions de dollars. L'Egypte suit avec 349 000 tonnes (211 millions de dollars), alors que la Libye, autrefois active sur ce segment, n'y joue plus qu'un rôle marginal. Concernant les prix à l'exportation, la moyenne africaine s'est établie à 701 dollars par tonne en 2024, en hausse de 17 % par rapport à l'année précédente. L'Algérie reste compétitive avec un prix moyen de 740 dollars/tonne, tandis que la Libye affiche des tarifs particulièrement bas (352 dollars/tonne). Sur le front des importations, le prix moyen en Afrique s'est élevé à 708 dollars/tonne en 2024, en hausse de 27 % sur un an. Toutefois, ce chiffre reste inférieur au pic historique de 2022, où les prix avaient atteint 1 079 dollars/tonne. Parmi les grands importateurs, l'Afrique du Sud affiche le tarif le plus élevé (1 124 dollars/tonne), contre 689 dollars pour le Maroc, qui bénéficie d'un prix d'achat relativement modéré. Depuis 2013, l'Afrique du Sud connaît également le taux de croissance des prix le plus important, avec une progression annuelle moyenne de +7,8 %. Cette dynamique témoigne d'une pression croissante sur les coûts, accentuée par les fluctuations des marchés mondiaux et la dépendance du continent aux importations.