Une vaste opération de contrôle menée par l'Office des Changes et les Douanes révèle de possibles réseaux de fraude impliquant des sociétés d'import-export. Au cœur de l'enquête : des transactions opaques, des flux financiers dissimulés, des factures falsifiées et des transferts douteux, sur fond de complicités internationales. L'action porte sur des transactions effectuées via des plateformes stratégiques, telles que l'aéroport Mohammed V, le port de Tanger Med et le port de Casablanca. Elle vise à vérifier la véracité des documents commerciaux et douaniers fournis par des entreprises marocaines en relation avec des sociétés étrangères basées principalement en Allemagne, en Turquie et en Chine. Les investigations en cours portent notamment sur deux entreprises actives dans l'importation de textiles, de vêtements, d'articles ménagers et d'équipements électriques à usage industriel. Selon des informations relayées par divers canaux médiatiques, ces sociétés ont suscité l'intérêt des services de contrôle en raison d'irrégularités récurrentes relevées dans leurs déclarations douanières, ainsi que de signaux d'alerte issus des dispositifs internationaux d'échange de données. Plusieurs indices convergents laissent penser qu'elles seraient impliquées dans des transferts occultes de fonds vers l'étranger, acheminés vers des comptes bancaires situés au Canada, en Espagne et au Portugal, avec l'appui de professionnels aguerris en ingénierie financière, en fiscalité et en droit international. Lire aussi : Baitas: 55.512 bénéficiaires du programme d'aide au logement Ces sociétés travaillent depuis plusieurs années avec les mêmes fournisseurs, en important des marchandises similaires, tout en échappant de façon inhabituelle aux contrôles douaniers sur leurs entrepôts. Ce constat a renforcé les soupçons de pratiques illicites. L'enquête a révélé l'usage généralisé de la technique dite de la « double facturation », utilisée pour masquer les véritables montants des transactions. L'Office des Changes a procédé à une analyse détaillée des transferts bancaires effectués à destination des fournisseurs étrangers, mettant en évidence des avances de paiement excessives, déconnectées de la valeur réelle des biens. L'investigation a également été élargie à des exportateurs marocains soupçonnés d'avoir transféré une partie de leurs profits à l'étranger, à travers des manipulations de factures et de documents techniques, en connivence avec des importateurs étrangers. Ces derniers auraient volontairement faussé leurs déclarations fiscales et comptables pour dissimuler l'ampleur des opérations. Face à d'autres pratiques frauduleuses, telles que la sous-évaluation systématique des marchandises importées, les autorités ont renforcé leurs capacités de contrôle et développé des outils analytiques sophistiqués. Ces mécanismes permettent désormais de recouvrer des droits et taxes supplémentaires, estimés à plusieurs milliards de dirhams. De plus, des indicateurs de risque ont été définis en concertation avec les secteurs professionnels, les fédérations et associations concernées. Ils alimentent des analyses sectorielles approfondies, à l'origine d'enquêtes de terrain ciblées. Le recours à l'assistance administrative mutuelle avec les administrations douanières étrangères constitue également un levier essentiel de cette stratégie de surveillance. Les premiers résultats de cette opération révèlent des anomalies significatives, telles qu'une concentration inhabituelle des importations auprès des mêmes fournisseurs ou une hausse continue de la valeur des marchandises déclarées, en décalage avec les tendances du marché international. Autant d'éléments qui confirment l'existence de pratiques frauduleuses et renforcent la détermination des autorités à y mettre un terme.