En Algérie, le sabre du pouvoir ne tremble jamais longtemps avant de frapper l'un des siens. Cette fois, c'est le général Nacer El Djen, figure centrale des services de sécurité, qui vient d'en faire les frais. Son arrestation, confirmée par des sources officieuses, mais toujours couverte d'un épais voile institutionnel, fait resurgir les fantômes bien connus d'un système politique où l'armée et le renseignement règlent leurs comptes à huis clos. De ce côté-ci de la frontière, on observe avec un mélange de lucidité et de prudence les secousses internes d'un voisin dont la stabilité repose sur un équilibre fragile entre factions militaires, fidélités anciennes, et révisions de loyauté. Aucune déclaration du ministère de la Défense. Aucun communiqué du parquet. Aucun mot sur les charges retenues. Rien, sinon le bruit des réseaux sociaux et les vidéos d'opposants en exil, notamment le journaliste Abdou Semmar, qui parlent d'une vengeance politique d'une rare férocité. Le général Nacer El Djen serait aujourd'hui détenu, menacé d'emprisonnement, et selon certains, « neutralisé » politiquement. En Algérie, ce type d'arrestation n'est jamais qu'un événement judiciaire. Il est toujours un signal. Un message. Une opération à plusieurs niveaux : purger, humilier, faire taire. Des loyautés qui ne survivent pas au temps Dans les régimes fondés sur les équilibres militaires, l'erreur n'est jamais de trahir, mais de tomber en disgrâce. El Djen fut l'un des hommes clés d'un système sécuritaire longtemps tout-puissant. Il a survécu à plusieurs reconfigurations du pouvoir. Mais visiblement pas à la dernière. Il n'est ni le premier, ni le dernier. En Algérie, les généraux tombent rarement pour leurs fautes, mais souvent pour ce qu'ils savent. LIRE AUSSI : Quand l'Algérie redessine la CAN à la gomme Ce genre d'affaire ne surprend plus vraiment. Elle rappelle une constante de l'instabilité structurelle du pouvoir algérien, souvent masquée par un discours nationaliste et des postures de façade. Pendant que la rue réclame pain, dignité et libertés, les hautes sphères continuent de rejouer les vieux scénarios d'épuration interne, où l'arme judiciaire devient l'ultime outil politique. Que restera-t-il de l'affaire El Djen dans quelques mois ? Un nom de plus dans la longue liste des généraux déchus ? Ou un tournant révélateur d'un changement de génération au sommet de l'Etat profond ? L'Algérie semble enfermée dans un scénario circulaire : on élimine les hommes d'hier pour renforcer le pouvoir d'aujourd'hui, sans jamais vraiment redéfinir le pacte avec le peuple. Et pendant ce temps, les peuples attendent toujours que l'histoire cesse de se répéter.