La Cour suprême du Brésil a estimé, jeudi, que l'ex-président Jair Bolsonaro avait bien enfreint les mesures judiciaires lui interdisant, entre autres, toute activité sur les réseaux sociaux, tout en jugeant que cette violation restait ponctuelle et ne justifiait pas, à ce stade, une détention préventive. La décision a été rendue par le juge Alexandre de Moraes, chargé du procès sur une tentative présumée de coup d'Etat. Elle fait suite à la publication sur Facebook d'une vidéo dans laquelle Bolsonaro, de passage au Congrès, exhibe son bracelet électronique et s'adresse à la presse. La vidéo a été postée par son fils, le député Eduardo Bolsonaro, également visé par la justice. « Il ne fait aucun doute qu'il y a eu violation des mesures imposées », a écrit Moraes, soulignant que le compte de son fils a été utilisé « au bénéfice de Jair Messias Bolsonaro, dans le cadre d'un modus operandi illicite déjà décrit ». Le magistrat a toutefois qualifié cette infraction d'« isolée », notant l'absence d'autres violations connues. Il a également pris en compte les explications de la défense de l'ancien président, selon laquelle il n'y avait aucune intention délibérée de transgresser les restrictions imposées. Lire aussi : Brésil : l'ex-président Bolsonaro contraint au port d'un bracelet électronique, dénonce une « suprême humiliation » Bolsonaro, affirment ses avocats, « observe rigoureusement les règles de restriction ». L'ancien chef de l'Etat a été contraint vendredi dernier de porter un bracelet électronique, une mesure qu'il a qualifiée de « suprême humiliation », dénonçant à nouveau ce qu'il considère comme une « persécution politique ». Il reste aussi soumis à un couvre-feu nocturne, à l'interdiction de contacter certains individus et à l'interdiction d'utiliser les réseaux sociaux, directement ou par l'intermédiaire de tiers. Cette nouvelle décision judiciaire intervient dans un climat diplomatique tendu entre le Brésil et les Etats-Unis. Washington a révoqué le visa du juge Moraes, en réaction à la mesure imposée à Bolsonaro, et le président Donald Trump a menacé d'appliquer, dès août, des droits de douane supplémentaires de 50 % sur les exportations brésiliennes, dénonçant une « chasse aux sorcières » contre son allié. Les Etats-Unis ont aussi révoqué le visa du juge brésilien qui conduit le procès après sa décision de lui faire porter un bracelet électronique. Jair Bolsonaro, qui risque plus de 40 ans de prison, est par ailleurs inéligible jusqu'en 2030 pour avoir diffusé de fausses informations sur le système de vote électronique avant l'élection de 2022. Il espère toutefois faire annuler cette condamnation afin de se présenter à la présidentielle de 2026, plaidant pour une amnistie large des faits reprochés.