Sept ans après son adoption, l'heure d'été permanente continue de susciter la colère. Contestée pour ses effets sur la santé et la scolarité des enfants, la mesure est jugée coûteuse socialement malgré des bénéfices énergétiques quasi insignifiants. À quelques jours de la rentrée scolaire, le débat sur l'adoption permanente du GMT+1 ressurgit au Maroc. Depuis le décret n°2.18.855 de 2018, qui a instauré l'heure d'été de façon quasi continue, excepté pendant le mois de Ramadan, cette mesure ne cesse d'alimenter la polémique. Alors que le gouvernement maintient son choix pour des raisons d'économies d'énergie, une grande partie de la société civile dénonce des impacts sanitaires et sociaux inquiétants, en particulier sur les enfants et les élèves. Selon les experts, le maintien de l'heure d'été accentue les troubles du sommeil et provoque un véritable décalage biologique. Ils rappellent que, les jours suivant le passage à l'heure avancée, le risque de crise cardiaque augmente de 25%, tandis que des études internationales confirment une hausse de 22% des cas d'arythmie cardiaque. Les médecins signalent également un stress accru, des troubles de l'humeur et une fatigue chronique, autant de symptômes qui touchent aussi bien les adultes que les enfants. Ces derniers doivent souvent partir à l'école avant le lever du soleil en hiver, ce qui fragilise leur concentration et leur bien-être. Parallèlement, la contestation s'appuie également sur l'absence de bénéfices économiques tangibles. L'étude PwC, commandée en 2018 pour justifier la décision, avait montré des économies très limitées, soit seulement 0,17% de la consommation énergétique nationale, équivalant à 51,6 GWh par an entre 2008 et 2017. Sur la période 2012-2017, cela représentait 1,2 milliard de dirhams, mais aucune économie n'était attendue durant l'hiver. Pour les économistes, l'argument de l'énergie ne tient plus à l'ère des énergies renouvelables. Ils regrettent l'absence d'évaluations sérieuses permettant d'apprécier les effets réels, que ce soit au niveau micro- ou macroéconomique. Lire aussi : Canicules à répétition, une nouvelle réalité qui inquiète le monde Une mesure nuisible à la santé et à la qualité de vie Dès novembre 2018, la contestation s'était traduite par des manifestations d'élèves dans plusieurs villes du pays. Des milliers de jeunes avaient dénoncé une décision qu'ils jugeaient imposée sans concertation, entraînant la perturbation du tramway Rabat-Salé, l'arrêt des cours et des difficultés dans les transports publics. De même, la société civile, pour sa part, continue aujourd'hui de qualifier cette mesure de nuisible à la santé et à la qualité de vie des citoyens. Cependant, malgré cette mobilisation, le gouvernement reste inflexible puisque, en mai 2022, lors de la séance de questions orales à la Chambre des conseillers, la ministre déléguée, Mme Ghita Mezzour, a affirmé que l'heure d'été permanente ne sera pas annulée, avançant une économie d'énergie sans donner de données précises. Pourtant, même le sondage officiel de 2018, qui concluait que 68% des Marocains préféraient la stabilité, n'avait pas posé de questions directes sur leurs réelles préférences, rendant sa fiabilité discutable. Des pays comme le Mexique ou la Russie ont déjà renoncé à cette mesure, tandis que l'Union européenne envisage également sa suppression. Au Maroc, de nombreuses voix appellent à un débat national transparent qui placerait enfin la santé et le bien-être des citoyens au centre des priorités.