Ce jeudi 16 octobre 2025 constitue l'une des dates les plus importantes de l'Histoire du Maroc. Il y a en effet 50 ans jour pour jour, Feu S.M. le Roi Hassan II prononçait l'un de ses discours les plus célèbres, au lendemain même du jour où la Cour de justice internationale, basée à La Haye, avait rendu son jugement sur la question du Sahara. Un discours d'une rare solennité, prononcé avec un ton d'une rare gravité et d'une conviction chevillée au corps. La Cour de justice (CIJ), saisie par le Maroc, était appelée à dire si oui ou non le Sahara était marocain. Réunie depuis des mois auparavant, elle opposait forcément les juges qui composaient la Cour chacun ayant sa propre opinion, défendait l'une ou l'autre partie. On voyait d'ores et déjà le plan machiavélique et triomphal même du gouvernement de Boumediene qui avait mobilisé l'un des plus redoutables avocats, Mohamed Bedjaoui, devenu plus tard ambassadeur puis ministre des Affaires étrangères. La Cour avait tranché ce 15 octobre en soulignant que le Sahara avait bel et bien des liens juridiques, historiques et d'allégeance avec le Royaume du Maroc. Et démontrait par-là même que le Sahara, au moment de sa colonisation par l'Espagne en 1884 notamment n'était pas ce qu'on appelait une terra nullius. C'es-à-dire inhabité, vide et déserté comme on dit. Sur la base du verdict de la CIJ et de ces preuves, Feu S.M. le Roi Hassan II a annoncé donc l'organisation de la Marche verte pour le 6 novembre qui suivait et mobilisait comme on le sait 350.000 volontaires pour libérer le territoire. Aujourd'hui, nous célébrons cet événement bien sûr, mais nous suivons également un autre fait majeur : la visite à Moscou de M. Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger qui rencontre ce jeudi même son homologue russe, M. Serguei Lavrov. Cette visite quasiment impromptu survient à un moment où la diplomatie semble à la fois bouleversée et suscitant des interrogations nombreuses, inédites et inquiète très gravement surtout le gouvernement algérien. Disons depuis que M. Serguei Lavrov, avec son calme posé et sûr de lui a lancé un propos apparenté à une bombe selon lequel la Russie est prête à prendre en compte le projet du Maroc d'autonomie au Sahara, donc bien évidemment à reconnaître implicitement la marocanité du territoire. Chancelleries, milieux politiques et presse internationale dans leur diversité ont commencé à s'agiter, à s'interroger sur ce tournant majeur et inédit de la diplomatie de la Russie. Lire aussi : De Gaza au Sahara : Un héraut de la paix, appelé Donald Trump Dans sa réponse à une journaliste algérienne, lors d'une conférence de presse organisée à Moscou, M. Serguei Lavrov a évoqué la méthode désastreuse des anciens colonisateurs de tracer les frontières, découper à l'époque les territoires... Et, en utilisant la formule de « frontières arbitraires, héritées de la décolonisation », il a tout simplement, comme on dit, enfoncé un clou dans la stratégie algérienne, remis en cause les tracés effectués autrefois au dépens du Mali en l'occurrence, des pays voisins de l'Algérie, dont le Maroc, la Tunisie, la Libye même, tous ces pays qui, aujourd'hui, ont maille à partir avec l'Algérie sur des problématiques de frontières, héritées de l'injuste ou inachevée décolonisation des années soixante. Des frontières que le Maroc n'avait jamais entérinées et vis-à-vis desquelles il a constamment émis des réserves. Reconsidérer sa position à propos du projet d'autonomie au Sahara, soumis en avril 2007 au Conseil de sécurité , la Russie est prête aujourd'hui à le faire. M. Serguei Lavrov a bel et bien choisi le moment pour proclamer cette nouvelle posture de son pays. Et la rencontre aujourd'hui avec M. Nasser Bourita à Moscou, nous apportera certainement d'autres éclairages et des précisions supplémentaires. La Russie est un partenaire privilégié du Maroc, deux pays qui, en dépit de différences de régimes autrefois, avaient toujours gardé les meilleures relations, inaugurées à vrai dire par Feu S.M. le Roi Mohammed V au lendemain de l'indépendance du Maroc. On citera par exemple l'une des visites les plus significatives de Ahmed Osman, alors premier ministre de Feu S.M. le Roi Hassan II qui s'était rendu à Moscou en février 1979, et avait signé l'une des plus importants accords de coopération, portant sur les phosphates, l'agriculture, la pêche, la culture, la coopération technique aussi. Il faut rappeler également la visite officielle que S.M. le Roi Mohammed VI a effectuée à Moscou, sur invitation du président Vladimir Poutine, en octobre 2002 au cours de laquelle le partenariat russe a été tout simplement renouvelé et renforcé. On peut estimer que sur ces entrefaites, notamment les succès de la diplomatie du Maroc dans cette affaire du Sahara qui, comme l'a souligné M. Serguei Lavrov, perdure depuis cinquante ans maintenant, le gouvernement de la Russie décide alors de contribuer à la mise en œuvre d'une solution. Sachant qu'elle est un membre important des 5 pays du Conseil de sécurité, capable de débloquer ainsi le dossier du Sahara. M. Serguei Lavrov a, comme on dit, renversé la table sur le grave sujet de l'autodétermination au Sahara, indiquant avec force qu'elle ne contredit nullement le principe d'autonomie et, au-delà, celui de l'intégrité territoriale. Il a tout simplement battu en brèches ce faux « droit », érigé comme un dogme notamment à la 4ème Commission de l'ONU chargée de la décolonisation et qui a été investie, instrumentalisée toutes ces dernières décennies par l'Algérie, soi-disant au nom de l'autodétermination qui signifie tout simplement indépendance. Or, le fameux article de la Charte de l'ONU, 15/14 appelait déjà en 1960 à des règlements pacifiques si possible ! Ce que le Maroc avait fait exactement sur les territoires de Tarfaya et Sidi Ifni avec l'Espagne, par exemple, et le 14 novembre 1975 en signant à Madrid l'Accord définitif de décolonisation du Sahara et le retrait de l'Espagne.