Nous célébrons aujourd'hui le 50ème anniversaire de la Marche verte. Si en effet, depuis cinquante ans maintenant, cette célébration était devenue un quasi rituel, celle que nous vivons ce 6 novembre 2025– je dis bien vivons dans nos âmes et nos tripes – prend une dimension particulière. Elle survient dans un contexte politique inédit, marqué au sceau de ce qu'on devrait appeler l'étape post-Sahara. Cette célébration vient conforter donc un autre moment aussi grandiose, celui de la décision prise le 31 octobre dernier par le Conseil de sécurité des Nations unies de reconnaître la marocanité du Sahara. Et surtout, à travers la Résolution 2797, adoptée à la quasi majorité de 11 de ses membres permanents de reconnaître que le projet d'autonomie constitue la base la plus crédible, la plus sérieuse et pragmatique pour un règlement juste et durable. La Résolution 2797 conforte, on l'a dit, le Maroc et la justesse de sa thèse. Elle couronne aussi un long combat de plus de cinquante ans et impose aux parties concernées de se réunir pour trouver et mettre en œuvre une solution définitive. Ces parties concernées sont évidemment le Maroc, l'Algérie, le polisario et la Mauritanie. De prime abord, l'on sait que le gouvernement algérien n'apprécie jamais cette procédure ni approuve la solution et le bien-fondé de la Résolution de l'ONU. A preuve ? Des négociations analogues avaient été organisées il y a six ans à Genève, réunissant les quatre parties, mais elles ont vite été abandonnées voire combattues par l'Algérie. Aussi paradoxal que cela puisse sembler, cette dernière n'avait jamais cessé pendant un demi siècle de revendiquer l'intervention des Nations unies, au prétexte – fallacieux à nos yeux – qu'elles détiennent la règle de droit, la légalité, la légitimité même de toute solution... Lire aussi : 50ème anniversaire de la Marche Verte : l'acceptation du Plan d'autonomie du Sahara Maintenant que l'ONU a voté une Résolution pertinente avec l'objectif d'une part de confirmer la règle de droit – tant revendiquée par Alger – et d'autre part de mettre en œuvre un processus global de règlement, Alger se transforme paradoxalement en détracteur voire en adversaire patent... Il reste, cependant, que les choses ont changé en l'espace de quelques semaines. On ose à vrai dire mettre en exergue un certain alignement des étoiles, comme l'on dit. On ose aussi souligner non pas une coïncidence hasardeuse de cette constellation des dates, mais le timing scrupuleux qui préside à un concours de circonstances heureuses, au chevauchement de décisions qui impriment, je le souligne, une dimension exceptionnelle à l'Histoire du Maroc en train de se précipiter. Le 6 novembre 1975 et le 6 novembre 2025 constituent à coup sûr une boucle à deux temporalités, analogues dans leur motivation et complémentaires dans leur ancrage historique. Populaire, exaltante et immense dans sa dimension humaine, la Marche verte reste plus qu'un symbole d'engagement unificateur, fédérateur, exemplaire dans sa spontanéité patriotique. Le Roi Mohammed VI, Prince Héritier, n'avait que douze ans, campé d'ores et déjà dans le lourd et long cours d'une histoire qui s'était accélérée sous l'impulsion de son digne père ! Feu Hassan II, déménageant depuis quelques jours à Agadir, à l'avant-garde des événements, franc-tireur en quelque sorte, s'était installé aux environs de 10 heures au poste de commandement aménagé pour les circonstances, d'une sobriété on ne peut plus prosaïque. Il portait une Jellaba verte et un tarbouche, le Fèz comme on dit au rouge rutilant. Je veux dire les couleurs nationales du Maroc et le symbole de fidélité à toute épreuve à sa mémoire. En quelques minutes, tandis que l'attente du peuple et du monde entier se faisait présente, les télévisions et les radios attentives, le peuple marocain surtout aux aguets, voici que le Roi, commandeur des Croyants s'empara du micro , à même une table si sobre et austère, pour donner l'Ordre du suprême à Ahmed Osmane, Premier ministre, qui , à Tarfaya, était à la tête des 350.000 marcheurs : « Au nom de Dieu qui la meut et la tourne, Osmane en avant... » ordonna-t-il ! Il convient de souligner que le Roi Feu Hassan II nous avait gratifié la veille d'un discours d'une grandeur inédite, une manière aussi de mettre en exergue sa participation à la Marche verte, de donner le « La » à sa manière à un événement qui, on le verra bel et bien à son succès, a vu une participation mondiale sans précédent. Douze jours plus tard, le 14 novembre l'Espagne signait donc le fameux accord de Madrid avec le Maroc et la Mauritanie. Un accord de décolonisation négocié sous la pression populaire que l'Assemblée générale des Nations unies avait entériné le 28 décembre suivant. Des pays arabes, jusqu'aux Etats-Unis et en Europe, comme en Afrique, le monde entier retenait son souffle. Exactement comme aujourd'hui avec l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU de la Résolution 2797, dont la portée historique nous fait retourner quelque cinquante ans en arrière. On ne rendra jamais assez justice au Président Donald Trump pour sa clairvoyance des enjeux géopolitiques de ce problème. Ensuite pour son esprit d'initiative clairement exprimé depuis sa première législature en 2020, sa détermination à en venir à bout et bien sûr son amitié pour le Roi Mohammed VI qui le lui rend bien d'ailleurs. Il existe en effet une solidarité, je dirais même une connivence maroco-américaine que les deux chefs d'Etat entretiennent, dans la foulée de l'amitié multi-séculaire traditionnelle tissée depuis 1777, date à laquelle le Royaume du Maroc avait été le tout premier pays à reconnaître la naissance de la jeune République des Etats-Unis. Un socle, que cette amitié maroco-américaine !…