Dix ans : c'est le temps qu'il a fallu pour transformer une vision audacieuse en une réalité incontestable. Lors d'une plénière ministérielle au Forum MD Sahara, organisé du 13 au 16 novembre 2025 à Dakhla, M. Nizar Baraka, ministre de l'Equipement et de l'Eau, a livré une analyse magistrale du Nouveau Modèle de Développement dans les provinces du Sud, lancé en 2015 par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Bien plus qu'un bilan, son intervention a été une démonstration : celle d'un modèle de gouvernance territoriale qui, en une décennie, a non seulement tenu ses promesses mais les a dépassées, faisant de la région un laboratoire de l'équilibre national et un pivot de l'intégration continentale. Au cœur de son propos, M. Baraka a rappelé la genèse de ce modèle, né d'une démarche participative inédite ayant impliqué plus de 1 500 acteurs locaux. « Les gens ne croyaient pas que ce serait une réalité », a-t-il confié, évoquant le scepticisme initial. Aujourd'hui, les chiffres parlent d'eux-mêmes : plus de 96% des projets prévus sont réalisés ou en cours de finalisation. Les investissements publics ont fortement augmenté, dépassant les 8 milliards d'euros, bien au-delà des 7,7 milliards initialement prévus. Cet accomplissement a créé un puissant cercle vertueux. « L'acte de confiance de 2015 a été renforcé », a souligné le ministre. Cette confiance a attiré des investissements privés massifs, y compris de la part de pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, consacrant sur le terrain une souveraineté économique de fait, reconnue par les acteurs internationaux. Cette transformation spectaculaire repose sur une ossature d'infrastructures stratégiques. M. Baraka a mis en exergue deux projets phares qui incarnent cette ambition. D'abord, la voie express Tiznit-Dakhla, désormais prolongée jusqu'à Guerguerat, n'est plus une simple route mais un corridor économique vital, un pont terrestre reliant le Maroc à sa profondeur africaine et ouvrant des perspectives de coopération majeures. Ensuite, le port de Dakhla Atlantique, un « rêve devenu réalité », est achevé à 50% avec une livraison prévue en 2028. Le ministre a révélé comment la vision de ce port a évolué : d'un simple port de pêche, il est devenu un complexe industrialo-portuaire de classe mondiale, intégrant un terminal à conteneurs, un chantier naval, et de vastes zones industrielles et logistiques. Ce projet titanesque est conçu pour être le moteur d'une nouvelle dynamique de transformation industrielle pour toute la région. Lire aussi : Les provinces du Sud, au cœur de la stratégie numérique présentée par Amal El Fallah Seghrouchni Cependant, la plus grande révolution menée dans le cadre de ce modèle est sans doute celle de l'eau. Face à un stress hydrique structurel et des besoins qui devraient tripler d'ici 2050, M. Baraka a expliqué comment le Maroc a opéré un changement de paradigme radical, passant « de la logique où l'on s'inquiétait de la problématique de l'eau à la logique où l'on décide de produire l'eau ». Cette stratégie proactive, guidée par les Orientations Royales, repose sur trois piliers. Premièrement, la mobilisation des eaux de surface via les barrages collinaires. Deuxièmement, la réutilisation des eaux usées traitées. Et troisièmement, le dessalement d'eau de mer, où Dakhla s'impose comme un modèle mondial. Le ministre a détaillé le projet de la station de dessalement de Dakhla, alimentée par un parc éolien bénéficiant du coût de production le plus bas au monde. Cette prouesse technologique permet non seulement de sécuriser l'approvisionnement en eau potable de la ville (5 millions de mètres cubes), mais aussi d'irriguer 5 200 hectares de terres agricoles. Cette eau nouvelle va générer 400 000 tonnes de primeurs supplémentaires, renforçant la sécurité alimentaire et positionnant la région comme un pôle agricole majeur. L'objectif est clair et ambitieux : garantir 100% d'accès à l'eau potable et sécuriser l'irrigation, indépendamment des aléas climatiques, tout en assurant la durabilité des nappes phréatiques par des techniques de réalimentation artificielle. Enfin, M. Baraka a insisté sur le fait que ce modèle est « centré sur le citoyen ». Si la dynamique de croissance et les investissements ont transformé le visage de la région, le défi du chômage persiste. Le ministre a reconnu qu'il restait « un travail à faire », mais s'est montré confiant. Les nouveaux moteurs de croissance, comme le numérique, couplés aux investissements privés massifs, ouvrent des « perspectives extraordinaires » pour la création d'emplois et pour que chaque citoyen bénéficie concrètement des fruits de ce développement. L'intervention de M. Nizar Baraka a ainsi dressé le portrait d'un Sahara marocain en pleine mutation, où la vision politique, la planification rigoureuse et l'innovation technologique convergent pour bâtir un modèle de développement durable, équitable et résolument tourné vers l'avenir.