Il est des projets qui, par leur seule magnitude, transcendent la simple infrastructure pour devenir les symboles d'une ambition nationale et les catalyseurs d'une destinée continentale. Le port Dakhla Atlantique est de cette trempe. Lors d'une intervention d'une portée stratégique saisissante au Forum MD Sahara, organisé du 13 au 16 novembre 2025 à Dakhla, Mme Nisrine Iouzzi, directrice de l'Aménagement de ce projet titanesque, a esquissé les contours d'un ouvrage qui n'est pas seulement un port, mais une promesse : celle de faire du Sahara marocain le pivot de la connectivité africaine et le creuset d'une économie bleue souveraine et durable. L'urbanisation d'une région, a-t-elle posé en préambule, ne peut s'ancrer sans infrastructures structurantes. Le port Dakhla Atlantique est précisément cette pierre angulaire, ce point d'ancrage à partir duquel tout un écosystème est appelé à fleurir. Conçu au sein du ministère de l'Equipement et de l'Eau, ce projet n'est pas une réponse à un besoin local, mais l'incarnation d'une Vision Royale proactive, tournée vers le Sahel et l'ensemble de la façade atlantique africaine. « C'est un port africain », a martelé Mme Iouzzi, dont le marché naturel est intra-continental. Sa position géographique, couplée à l'étendue du littoral marocain, confirmait la nécessité impérieuse d'un port de nouvelle génération dans cette région. S'inscrivant dans la philosophie d'inclusivité du Nouveau Modèle de Développement des provinces du Sud, le port a été pensé pour être un levier de développement endogène. Sa vocation, a expliqué la directrice, est de répondre aux plus hauts standards internationaux tout en s'adaptant aux exigences locales. Au cœur de cette conception, une nécessité devenue impérative : la décarbonation. Le port Dakhla Atlantique est pensé, dès sa genèse, comme une infrastructure verte, destinée à s'intégrer dans un écosystème industriel et logistique lui-même vert. Il n'est qu'un « passage », a-t-elle précisé, mais un passage essentiel pour catalyser les investissements dans les énergies renouvelables, l'industrie extractive durable et l'économie bleue. Le message clé de Mme Iouzzi fut un appel à la synchronisation. Le port est en phase d'exécution, et il est crucial que le développement de l'écosystème qui l'entoure aille à la même vitesse. « Il faut accompagner la création et l'implémentation du port », a-t-elle insisté, appelant à une mobilisation de tous les acteurs, publics et privés. L'infrastructure, aussi performante soit-elle, ne révélera son plein potentiel que si la multimodalité, la logistique et les zones d'activités se développent en parfaite synergie. Lire aussi : Mamadou Tangara : « Ecouter les principaux concernés est la clé de la stabilité au Sahel » Un port nouvelle génération pour une Afrique en mouvement Dévoilant quelques caractéristiques techniques, Mme Iouzzi a donné la mesure du projet : un port en eaux profondes, avec une capacité de 35 millions de tonnes, 7 kilomètres de digues, 2,5 km de quais et des tirants d'eau de 18 mètres, portés à 23 mètres grâce aux extensions prévues. Mais au-delà des chiffres, c'est la philosophie de conception qui frappe. Alors que les plus grands ports du monde sont aujourd'hui contraints de s'adapter à la révolution du « Corridor 2.0 », Dakhla Atlantique, lui, naît avec cet ADN. Il est conçu d'emblée pour être une plateforme multimodale, digitale et décarbonée, intégrant les dernières innovations en matière de logistique portuaire. Cette conception « expansive » et « logique » a permis d'anticiper les opportunités futures et d'intégrer, en cours d'exécution, les besoins émergents des partenaires économiques, dans une démarche participative et à l'écoute. L'ambition est claire : répliquer et amplifier le succès de Tanger Med. Si le port du détroit a propulsé le Maroc dans le top 20 mondial de la connectivité maritime, Dakhla Atlantique est destiné à poursuivre cette trajectoire, en ancrant durablement le Royaume comme le hub incontournable de la façade atlantique africaine. Il n'est pas seulement une réponse aux besoins nationaux, mais un outil au service de l'intégration et du développement de tout un continent. L'intervention de Mme Nisrine Iouzzi a révélé la complexité, la rigueur et, surtout, la vision qui sous-tendent la construction de ce léviathan maritime. Dakhla Atlantique n'est pas un simple ouvrage de génie civil, c'est une pièce maîtresse sur l'échiquier géopolitique et économique africain, un acte de souveraineté et une formidable machine à créer de l'avenir, dont les fondations s'ancrent aujourd'hui dans les eaux profondes du Sahara marocain.