Le Maroc a franchi un cap dans l'enseignement préscolaire, avec plus de 70 % des enfants de 4‐5 ans scolarisés en 2025. Si l'accès s'améliore, les disparités entre zones urbaines et rurales ainsi que les enjeux de qualité et de gouvernance imposent des actions ciblées pour consolider durablement le système éducatif. L'enseignement préscolaire au Maroc se trouve à un tournant décisif, marqué par des avancées spectaculaires en matière d'accès, mais confronté à des défis persistants concernant la qualité et l'équité. Le Rapport d'évaluation du préscolaire au Maroc (2024-2025), présenté jeudi 25 décembre à Rabat par l'Instance nationale d'évaluation (INE) relevant du Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS), dresse un bilan contrasté et riche en enseignements. Sur le plan de l'accès, les chiffres témoignent d'une dynamique réussie. Le taux de préscolarisation des enfants de 4 à 5 ans a bondi de 50,2% en 2015 à 70,4% en 2025. L'effort de généralisation a été particulièrement efficace en milieu rural, où le taux est passé de 36,3% à 75,6%, dépassant pour la première fois celui du milieu urbain. Cette progression est le fruit d'une politique volontariste, notamment la multiplication des unités publiques, passées de 6 185 à 23 182 entre 2018 et 2025, et un engagement budgétaire accru, le financement public ayant plus que doublé pour atteindre environ 3 milliards de dirhams. Lire aussi : Université Al-Qods : Inauguration officielle de la Chaire d'études marocaines Cependant, l'étude, menée en partenariat avec l'UNICEF, souligne que l'augmentation de l'accès ne s'est pas faite sans l'émergence de problématiques cruciales, notamment sur le plan qualitatif. Le rapport attire l'attention sur les disparités persistantes entre les zones rurales et urbaines en matière de qualité des apprentissages. Les défis structurels sont également mis en lumière. Ils concernent l'état des infrastructures et des installations sanitaires, ainsi que la nécessité d'améliorer la gouvernance et le financement du secteur. L'étude insiste sur l'importance de l'unification et de l'application des normes de qualité pour garantir que tous les enfants bénéficient d'un environnement d'apprentissage propice au développement de leurs compétences socio-émotionnelles et cognitives. Si le Maroc a réussi son pari de la généralisation de l'accès au préscolaire, l'enjeu majeur des prochaines années résidera dans la consolidation de ces acquis par une politique axée sur la qualité et l'équité. L'évaluation du CSEFRS offre une feuille de route pour passer de l'expansion à une amélioration qualitative durable du système éducatif national.