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Publié dans MarocHebdo le 16 - 11 - 2012


Des mots et des regrets
Rarement un sujet abordé par la presse aura suscité autant de polémique sur la place médiatique. Plus particulièrement à travers internet. Cela s'appelle, en langage de la toile, un buzz. Nous avons eu, à Maroc Hebdo, ce “privilège" vicié, que nous aurions bien voulu éviter.
Tout est parti d'un dossier, préparé par la rédaction et publié dans notre numéro 998, du 2 au 8 novembre 2012, sur la question de l'immigration clandestine subsaharienne au Maroc.
L'auteur visite tous les aspects relatifs à ce flux migratoire dont nous sommes les récipiendaires involontaires. Les conséquences directes, aux plans économique et administratif; ainsi que les effets collatéraux, aux niveaux humain et social, y sont évoqués et appuyés par des témoignages d'universitaires ayant travaillé sur le phénomène, ou de simples citoyens anonymes.
Levée de boucliers
Il n'y a pas l'ombre d'une animosité à caractère racial dans ce récit journalistique. Il ne pouvait y en avoir. Toutes les réactions se sont focalisées sur le titre. Il en fallait bien un, d'autant plus que c'était notre couverture de la semaine. “Le péril noir", avons-nous cru bon de titrer. Du coup, levée de boucliers sur internet dès l'arrivée du magazine dans les kiosques. Ce qui d'emblée pousse à se demander si les “indignés" de Facebook ont pris la peine de lire l'article avant d'exprimer leur désapprobation. Celle-ci est accompagnée d'un flot d'insultes à l'égard de notre publication et de ses journalistes. Si ce n'est que le titre, finissons-en sans tarder. Nous sommes les premiers à reconnaître que nous n'avons pas été bien inspirés. Nous nous sommes rendu compte, bien tard, malheureusement, que ce titre était inapproprié. Qu'il prêtait à confusion. Pire, il pouvait suggérer quelque arrière pensée complètement opposée à l'esprit et à la ligne de conduite de notre journal. Le métier que j'exerce depuis des décennies m'a appris à assumer, à reconnaître et à m'excuser lorsque je suis en faute. Même s'il ne s'agit que d'une part de responsabilité dans une maladresse lourde de sens quant à son interprétation éventuelle. Le journalisme n'est-il pas aussi un métier à risques ? C'est pourquoi je m'empresse de présenter mes excuses à nos lecteurs nationaux et à nos frères africains qui se seraient sentis offensés. Je suis bien placé pour le savoir. De par mon parcours professionnel, qui m'a souvent conduit à la rencontre de l'Afrique et des Africains, du Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest. Ainsi, avant de lancer Maroc Hebdo, j'ai fait partie des rédactions africaines de l'Equipe-France Football, puis de RFI et, enfin, pour une période plus longue, de Jeune Afrique. Là, sous la conduite de Béchir Ben Yahmed et en compagnie de confrères africains, j'ai appris à aimer ce continent et à apprécier ses hommes, si attachants et si accueillants.
Pour moi, donc, ce dossier que d'aucuns auraient voulu nous instruire est clos.
Myopie politique
Néanmoins, il était pour le moins excessif, sinon franchement insultant, de nous traiter de racistes. Les propagateurs de cette invective abjecte sur les réseaux sociaux sont les premiers à savoir que ce n'est pas vrai. C'est bien le contraire qui ressort de nos écrits, lorsqu'on veut bien y prêter attention. Nous avons toujours été contre toutes les formes de ségrégation, qu'elles soient ethniques, tribales ou sociales.
Cela dit, le problème de l'immigration clandestine de provenance subsahélienne existe. Le poids de ce flux migratoire sur le Maroc, comme terre de transit vers l'Europe ou espace de fixation plus ou moins durable, est tout aussi réel. Vouloir le virtualiser ou minorer ses effets multiples sur le pays, c'est, tout simplement, faire preuve de myopie politique. Jusqu'ici, les pouvoirs publics font mine d'ignorer ce phénomène sous couvert de solidarité africaine.
Posture inconfortable
Les interventions sporadiques de la gendarmerie ne peuvent suffire pour endiguer une pression migratoire de plus en plus forte. Le point de chute annoncé de ce vaste mouvement de déplacement humain du sud vers le nord, est l'Europe. Or l'Europe se recroqueville sur elle-même. Elle veut faire du Maroc son gendarme attitré, quand elle ne semble pas lui refiler, carrément, le bébé. Pour sa part, et à juste titre, le Maroc n'entend pas jouer ce rôle. Il n'en a ni les moyens, ni la vocation politique. Pour le moment, il est perdant sur ces deux registres.
Il est coupable de laxisme volontaire aux yeux des Européens; et il passe pour un faux frère aux yeux des Africains.
Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il gère, à la limite du possible et même au-delà. Au détriment de ses propres contraintes. Une posture inconfortable. Le coût financier et politique est toujours élevé. Quoi qu'il fasse, le Maroc est régulièrement accusé de maltraitance à l'égard des Subsahéliens clandestins.
L'Europe, si parcimonieuse sur les moyens, si loquace sur les principes humanitaires, lâche ses ONG contre le Maroc, chaque fois qu'il est question de reconduite des migrants par où ils sont rentrés. Une reconduite jugée inhumaine parce que les frontières donnent sur la vastitude sahélienne.
Pour être la cible de ce type de critique, le Maroc a fourni le gîte et le couvert à ces immigrés africains, avant de les refouler par avion et par groupes. Une telle opération ne pouvait pas se reproduire éternellement, faute de moyens. D'autant que beaucoup de ces refoulés reviennent par des moyens d'infortune et par le désert.
À ceci s'ajoutent les incommodités en tous genres que provoque la présence massive de ces Africains, plus ou moins pauvres, sans sources de subsistance.
Ce sont ces aspects-là, entre autres, que le dossier de Maroc Hebdo invite à débattre. Sans insinuations raciales et sans tabous. Il n'y avait donc rien, en dehors du titre, que des mots, juste des mots et des regrets. Et pourtant, certains surfeurs sur Facebook et Twiter, sans prise de risque aucune, n'ont pas hésité à mobiliser tous leurs neurones disponibles pour nous tomber dessus. Ce n'est pas de la critique, c'est la curée par anticipation. Un appel à la mise à mort. Car ils ne revendiquent, ni plus, ni moins, que la disparition de notre journal. Reçu, mais la caravane poursuit son bonhomme de chemin.
“Proche du pouvoir"
La semaine prochaine, vous aurez, chers lecteurs, entre vos mains le millième numéro de votre journal, Maroc Hebdo International (MHI), après plus de vingt et un ans d'existence. Il fallait le faire. C'est fait. Et ça continue.
Durant cette longue marche, qui n'a pas été de tout repos, MHI s'est vu coller plus d'une étiquette. La plus coriace de toutes est celle qui nous catalogue comme “proche du pouvoir". Bien que ce n'est pas vrai, nous le prenons comme un compliment, si c'est une manière de faire de la presse professionnelle. On ne prête qu'aux riches. La vérité est que nous sommes une entreprise privée de presse, politiquement et financièrement totalement indépendante.
Un espace de liberté où nous avons joué un rôle de pionniers, parmi quelques autres confrères. L'autre vérité est que Maroc Hebdo a été, et demeure, une école de formation et une référence de professionnalisme pour nombre de jeunes journalistes du Maroc et d'Afrique
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