L'ex président Michel Temer a été arrêté, jeudi matin à Sao Paulo, en lien avec l'enquête Lava Jato sur le vaste scandale de corruption ayant fait perdre des milliards de dollars à la compagnie brésilienne Petrobras, rapportent les médias locaux. Depuis mercredi, la police fédérale tentait de localiser M. Temer pour exécuter un mandat d'arrêt délivré à son égard par le juge Marcelo Bretas, du 7ème tribunal pénal fédéral de Rio de Janeiro, précise le site d'information en continu « G1 ». Les agents du groupe de travail chargé de l'enquête Lava Jato, ont également arrêté, à Rio de Janeiro, l'ancien ministre des Mines et de l'Energie, Moreira Franco, lui aussi sous le coup d'un mandat d'arrêt. Suite à son arrestation, l'ex président Temer a été emmené à l'aéroport de Congonhas, en vue de son transfert à Rio de Janeiro, où il sera entendu. Lors de son arrestation, M. Temer s'est dit scandalisé par cet acte, rapporte le quotidien « O Globo ». « C'est une barbarie (...) un scandale », a-t-il affirmé, en répondant à un appel du journaliste, Kennedy Alencar, cité par le grand tirage. L'arrestation de M. Temer intervient dans le sillage d'informations révélées, dans le cadre d'un accord de délation avec la justice, par Lucio Funaro, homme d'affaires interpellé en 2017 pour avoir participé aux opérations financières douteuses du parti Mouvement démocratique brésilien (MDB). Dans un communiqué, le MDB, parti de l'ex président Michel Temer, anciennement connu sous le sigle PMDB, a regretté « la position désordonnée de la justice ». Selon le parti, « il n'y avait pas eu d'irrégularité de la part de l'ancien président de la République, Michel Temer, et de l'ancien ministre Moreira Franco ». « Le MDB attend de la justice qu'elle rétablisse les libertés individuelles, la présomption d'innocence, le droit à un procès équitable et le droit de la défense », poursuit le communiqué. Temer a siégé à la Chambre des députés pour São Paulo durant six législatives. Entre 1997 et 2010, il préside à deux reprises la chambre basse du Congrès. Candidat à la vice-présidence de la République lors de l'élection présidentielle de 2010 aux côtés de Dilma Rousseff, il devient le deuxième personnage de l'Etat après l'élection de cette dernière à la présidence. Le ticket est réélu à l'issue du scrutin présidentiel de 2014, mais les tensions entre les deux têtes de l'exécutif, qui se vouent une animosité réciproque, fragilisent la coalition gouvernementale. En mai 2016, M. Temer commence à assurer la fonction de président de la République par intérim dans le cadre de la procédure de destitution de Dilma Rousseff, formant un nouveau gouvernement. En août 2016, après la destitution de Rousseff, il devient président de la République de plein exercice. Sa présidence est contrariée par la pression d'une opposition qui lui reproche son manque de légitimité, par des accusations de corruption et par la poursuite de la crise économique. Devenu le président le plus impopulaire de l'histoire du Brésil, il renonce à se présenter à l'élection présidentielle de 2018, finalement remportée par le candidat du Parti social-libéral, Jair Bolsonaro, qui lui succède le 1er janvier 2019.