Algérie dans le rapport du département d'Etat américain 2024 : Dictature sombre et risques pour les investisseurs et les touristes    Diaspo #403 : Zineb Fares, de Casablanca à Londres, la success story de Raphia une marque de chocolat marocaine    Eid Al Mawlid Annabaoui 2025 to be celebrated on September 5 in Morocco    La Mamounia... A Moroccan Legend Crowned Among the World's Greatest Hotels    El 1 de Rabi I 1447 corresponde al lunes 25 de agosto, y el Aïd Al Mawlid Annabaoui será el 5 de septiembre.    Le 1er Rabie I 1447 correspond au lundi 25 août, Aïd Al Mawlid Annabaoui sera le 5 septembre    L'enquête «Dames de fraises, doigts de fée» de Chadia Arab devient une bande dessinée    New organization unites Moroccans worldwide for development and diversity    Mohamed Ihattaren : « Les Pays-Bas, c'est hors de question »    Le vainqueur de la FA Cup courtise Bilal El Khannouss    Tourisme en images – EP6. Les immanquables de Casablanca-Settat    Ifrane : Scandale dans un camp d'été, deux encadrants poursuivis pour atteinte à un mineur    Le Maroc projette un macrocentre islamique à Melilla    En Algérie, un appel d'opposants dénonce un pouvoir «privé de légitimité réelle» et réclame une mutation démocratique    Rima Hassan reconnaît les attaches historiques du Maroc au Sahara et affronte les avatars électroniques algériens et séparatistes    Les thèses de rivalités et de succession dans les institutions marocaines, relayées par certains médias espagnols, «sont purement fictives», écrit Omerta    Su-57 : l'Algérie demeure l'unique cliente d'un chasseur en mal de crédibilité internationale    Interview avec Abderazak kabouri : Décryptage des enjeux de la réforme électorale    CHAN-2024 (Quarts de finale): Le Maroc bat la Tanzanie (1-0), va en demi-finale    CHAN 2024 : L'adversaire des Lions en demi-finale connu en fin d'après-midi    AS Monaco : Leverkusen proche de recruter Eliesse Ben Seghir    Qualifs Mondial 2026 : Walid Regragui dévoilera sa liste le jeudi 28 août    Prépa CDM (F) Futsal : Le Maroc bat le Guatemala et vise la 3e place Tournoi international de Xanxerê ce dimanche    Bangladesh: Visite du chef de la diplomatie pakistanaise, une première en 13 ans    Droits de douane américains: le secteur des éoliennes menacé    Trump veut deux milliards de dollars du Congrès pour « embellir » Washington    La plateforme Kick de nouveau sous pression après le décès du streamer Jean Pormanove    Revue de presse de ce samedi 23 août 2025    ONU : Un Zambien nommé Conseiller spécial pour la prévention du génocide    Un tribunal prononce une peine alternative pour la première fois au Maroc    Les prévisions du samedi 23 août 2025    Mondial 2026 : les Lions de l'Atlas proches d'une troisième qualification consécutive    Les sanctions américaines affectent le port d'Algésiras et détournent les routes maritimes vers Tanger Med    2,5 millions de tonnes d'engrais phosphatés marocains destinées à l'Inde pour la campagne de mousson 2025    Le Maroc devient le troisième consommateur mondial de minerai de phosphate avec un volume estimé à 26 millions de tonnes    Le Maroc entre vérité et propagande : des services de renseignement harmonisés et une expérience sécuritaire pionnière qui renforcent la stabilité    L'armée algérienne interdit aux Sahraouis de quitter Tindouf afin de réduire l'émigration vers l'Espagne    La Russie prête à aider le Maroc à protéger ses sites énergétiques de cyberattaques    Rétro - Verso : Retour au bel âge des premiers maîtres glaciers    L'auteur américain Jeff Koehler revisite le séjour de Henri Matisse au Maroc    Une exposition itinérante célèbre l'Histoire partagée entre Amsterdam et le Maroc    Xing-Tang célèbre 60 ans de développement et de prospérité sociale    L'UNESCO annonce un record de 264 millions d'étudiants inscrits    Nador : Les images d'un mariage extravagant à Zeghanghane font polémique    Congrès du soufisme: le Royaume affirme son modèle de l'islam modéré    Team'Arti Festival 2025 : Témara et Harhoura s'installent au cœur de la culture urbaine    Interview avec Dr Aziz El Kobaiti : « Le soufisme invite chacun à agir avec justice et à servir la société »    Aziz Chikh, cet ambassadeur de la cuisine meknassie qui a fait élever sa cuisine au rang de gastronomie    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Une Chaire de littératures et d'arts africains pour décloisonner la création depuis le Maroc [Interview]
Publié dans Yabiladi le 17 - 05 - 2022

Eugène Ebodé est l'administrateur de la Chaire des littératures et des arts africains, tandis que Rabiaa Marhouch en est la responsable de communication et la programmation, sous l'aile de l'Académie du royaume du Maroc. Fer-de-lance de ce projet lancé officiellement lundi à Rabat, ils inaugurent les activités de cette nouvelle plateforme par un colloque international tenu ce mardi. Les activités devront s'étaler sur toute l'année, dans une approche résolument décloisonnée, faisant la part belle à la littérature et aux disciplines artistiques du continent dans tous leurs états. Interview croisée.
Comment est né ce projet de Chaire des littératures et des arts africains ?
Rabiaa Marhouch : L'idée de la Chaire a été imaginée et tracée par le secrétaire perpétuel de l'Académie du royaume du Maroc, le professeur Abdeljalil Lahjomri. Il a eu comme projet de créer une chaire sur deux pôles, à la fois la littérature et les arts en Afrique, pour donner une vie d'ensemble sur ce patrimoine, tout en prônant le décloisonnement et la circulation de ce savoir.
Le décloisonnement concerne les langues, la littérature écrite et orale, la géographie… Ce sont les grandes lignes tracées par le secrétaire perpétuel et nous sommes ici pour mettre en œuvre ce projet.
Vous parlez de décloisonnement linguistique et géographique, mais il y a aussi un décloisonnement des disciplines. Par quel processus le projet a évolué de Chaire des littératures africaines à Chaire des littératures et des arts africains ?
Eugène Ebodé : C'est une décision du secrétaire perpétuel de l'Académie du royaume du Maroc. Ici dans cette institution, il existe trois pôles et une structure de traduction. Un est consacré aux arts et celui de la littérature s'est trouvé à la croisée des chemins. Il a fallu donc tenir compte de ce qui existe déjà ici et développer une idée qui est très chère à M. Lahjomri, celle que la littérature fait partie de la culture. L'isoler est une forme de compartimentation qui ne dit pas son nom. Or, l'associer aux autres arts vivants et de scène, à la photographie, au cinéma, à la chorégraphie, à la musique et aux arts plastiques, c'est lui redonner toute la dimension sans frontières de la culture.
L'Académie du Maroc lance officiellement sa Chaire des littératures et des arts africains
Cette idée a fait son chemin et la création de la Chaire est fondée sur deux piliers : celui littéraire et celui artistique. Entre les deux, il est impératif que la circulation se fasse. D'ailleurs, le mot circulation est important : que les livres circulent, tout comme les idées, qu'il n'y ait plus de barrières mentales, dénoncée par plusieurs auteurs dans ce lieu. Nous avons parlé de l'écrivain kényan Ngugi Wa Thiong'o et qui, depuis les années 1960, est préoccupé par l'état des cultures africaines qui sont minorées, oubliées ou rejetées au profit de grandes langues de communication et en gros des langues occidentales.
Le rouleau compresseur de ces langues écrase les identités et les cultures africaines. Il ne s'agit pas ici d'être dans une compétition avec l'Occident, mais simplement de mettre en valeur nos valeurs, nos héritages, nos patrimoines. C'est pour cela que le secrétaire perpétuel parle de «rapatriement des héritages des patrimoines africains».
Pourquoi un hommage et un colloque international dédié à l'écrivain malien Yambo Ouologuem comme activité inaugurale de la Chaire, au lendemain de son lancement officiel ?
Rabiaa Marhouch : Yambo Ouologuem est un pilier du patrimoine littéraire africain. C'est un grand écrivain. Lorsqu'on connaît son histoire, on comprend pourquoi le secrétaire perpétuel a souhaité qu'on commence par un hommage à lui rendre. Cet auteur a reçu le Prix Renaudot en 1968 et il a été dégradé trois ans plus tard. Depuis, c'est une descente aux enfers. Le livre primé s'appelle «Le devoir de violence» à cause de cet ouvrage, il a été accusé de plagiat. Il a été lynché médiatiquement et sur la scène littéraire en occident. Cet enchaînement l'a traumatisé et il a décidé de revenir à son pays natal, où il est resté sans plus jamais avoir de vie littéraire ou sociale. C'est un écrivain talentueux, mais avec seulement trois livres à son actif, alors qu'il avait devant lui un parcours prometteur.
Eugène Ebodé : Il a arrêté de publier, mais il a toujours continué à écrire et lors de ce colloque, son fils a été présent pour en témoigner. C'est l'inscription de son travail dans le champ public qu'il a refusé, parce qu'il ne faisait plus confiance ni aux éditeurs, ni aux médias. Il ne voulait plus participer à ce qu'il estimait être une sorte de comédie où il serait un acteur. Pour lui, tout était un processus de rumination dans la littérature. Mais après son retrait de la scène publique, c'est devenu une méditation presque solitaire.
Maroc : Une Chaire à l'Académie du royaume pour les écrivains de l'Afrique
D'ailleurs, le texte que j'ai choisi dans ce colloque est inscrit déjà dans «Le devoir de violence» comme une prémonition. C'est sur la solitude et sur une idée capitale, selon lequel le sens à suivre est le Sud. Le Sud, c'est nous. C'est une manière métaphorique de remettre en valeur une géographie, un continent et un territoire qui est exclu des grands mouvements actuels de l'Histoire. On se questionne alors sur comment remettre cette partie africaine à son niveau réel, sur la grande scène de l'Histoire, comme le disait déjà Aimé Césaire.
Rabiaa Marhouch : Je dirai que ce colloque réunit de grands spécialistes des écrits de Yambo Ouologuem venus de plusieurs pays et pas seulement de ceux d'Afrique. C'est un moment historique et exceptionnel, je dis bien sur le plan international, car il y a eu jusqu'ici très peu de colloques, en dehors de celui tenu à Lausanne (Suisse). Cet écrivain est réellement tombé dans la disgrâce et ses écrits ont été oubliés. Nous avons rassemblé, ce mardi à l'Académie du royaume, des écrivains, des universitaires et des chercheurs qui ont travaillé sur son œuvre, comme Simone Schwarz-Bart, Calixthe Beyala, Jean-Pierre Orban, Pierre Astier, Aboubakr Chraïbi, Christopher Wise, Kaiju Harinen et Sarah Burnautzki. Tous militent pour la réédition et la circulation des œuvres de cet auteur, notamment et surtout en Afrique.
Avant le lancement officiel de cette Chaire, il y a eu une journée de réflexion sur le projet, puis les 72 heures du livre de Conakry, avec la participation d'une importante délégation de l'Académie. Comment ces activités ont enrichi votre vision sur les rôles et les actions de la Chaire ?
Eugène Ebodé : C'est d'abord l'idée d'être en partenariat avec d'autres institutions et mouvement culturels. Être partenaires, c'est savoir aussi voir et écouter ce qui se passe ailleurs, donner et recevoir. Rabat est la capitale de l'Afrique en ce moment, c'est une capitale culturelle et la capitale culturelle du monde islamique. C'est une ville carrefour des idées et une ville référence.
C'est peut-être le hasard, ou l'alignement des planètes comme on dit, qui fait en sorte que Rabat est sous tous les feux de projecteurs. J'estime que la plus belle des lumières est celle mise sur l'Académie du royaume, parce que c'est l'idée de multiples littératures africaines qui auront rendez-vous ici et qui pourront se côtoyer, se fréquenter, s'animer à travers une revue qui, nous l'espérons, verra le jour. Il y aura des prix littéraires et artistiques.
Nous sommes ici dans une première pour lancer ce grand mouvement, mais il y aura d'autres rendez-vous avec un programme pour l'année, y compris des rencontres de relations avec les autres villes africaines. Conakry a été une première ville par l'effort du créateur d'un salon du livre important, Les 72 heures du livre de Conakry, Sansy Kaba Diakité. Il a mis le Maroc au rang d'invité d'honneur de la quatorzième édition, en avril dernier.
Le secrétaire perpétuel de l'Académie du royaume du Maroc a reçu la distinction de docteur honoris causa dans la plus grande université de Guinée. Tous ces événements ont fait en sorte que nous partions à Conakry avec la perspective d'être dans une relation bilatérale et multilatérale parce que nous ouvrons les discussions à tous les autres Africains.
Dans la salle aujourd'hui, il y a eu des personnes venues du Burkina Faso, du Cameroun, du Maroc, du Mali, du Sénégal, du Gabon et par visioconférence de partout ailleurs. C'est une plateforme d'expression qui a déjà un réseau et qui convoque les littéraires et les artistes.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.