La future grande mosquée de Metz, dont l'achèvement est prévu fin 2025, cristallise les tensions sur son financement. L'Union des familles laïques de Moselle (UFAL 57) révèle ce mardi un don d'un million d'euros versé en 2023 par le roi du Maroc Mohammed VI, dénonçant une «ingérence étrangère». Ce projet, estimé à 15,7 millions d'euros, avait déjà reçu une subvention de 490 000 euros de la ville de Metz en juillet 2023, votée sans que la majorité des élus ne connaisse ce financement extérieur, selon l'association. Matthieu Gatipon-Bachette, président de l'UFAL 57, dénonce un «manque de transparence» et une contradiction avec l'image d'un projet «indépendant» porté par les fidèles. L'association a saisi le tribunal administratif de Strasbourg, contestant la légalité de la subvention municipale. «Les débats n'auraient pas été les mêmes si les élus avaient eu cette information», insiste-t-il. Du côté de l'opposition municipale, Jérémy Roques (gauche), pourtant favorable au projet, regrette l'opacité : «On ne connaît pas l'ensemble des donateurs ni le plan de financement global.» Il souligne la nécessité d'éviter tout «donateur majoritaire», étranger ou français, susceptible d'influencer les orientations religieuses. La mairie, elle, rejette ces accusations. Le maire François Grosdidier (LR) défend un «faux procès», rappelant que les dons sont contrôlés par le ministère de l'Intérieur et que leur publication ne relève pas de la municipalité. «Le roi du Maroc donne comme il l'a fait pour Notre-Dame de Paris. Où est le sujet ?», interroge-t-il, assurant que la mosquée restera «indépendante». Selon la mosquée, la majorité des élus étaient informés, et les financements déclarés. Le maire ajoute que d'autres pays ont été sollicités et que le Maroc, «allié contre le terrorisme», ne saurait susciter de polémique. Les travaux, situés boulevard de la Défense, doivent offrir un lieu de culte digne à une communauté aujourd'hui contrainte de pratiquer dans des conditions précaires.