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Histoire : L'eau, une composante vitale dans l'organisation sociale à Al-Andalus
Publié dans Yabiladi le 06 - 05 - 2025

L'acheminement de l'eau à travers l'Andalousie califale s'est inspiré de modèles innovants de canalisation. Entre les VIIIe et XVe siècles, l'approvisionnement a été rendu possible à travers les fontaines publiques, les systèmes souterrains de qanâts, en plus des bains publics. L'architecture islamique et l'art andalou donneront à cette ressource vitale un autre rôle dans les espaces fermés, en plus de celui de faire fleurir les jardins qui symbolisent l'abondance et la richesse du terroir.
Dans l'Andalousie califale, les populations ont innové diverses manières d'acheminer et de répartir l'eau, en tant que bien appartenant à la collectivité. Riches des usages influencés aussi bien par les pratiques agricoles novatrices que les modèles anciens, ils ont accédé à cette ressource vitale grâce aux canalisations, aux fontaines publiques, aux porteurs, ou encore au système souterrain de qanâts, qui a acheminé l'eau jusqu'à Madrid, dont le nom est inspiré de Mayrit, ou mayra en arabe, signifiant «canal d'eau».
Entre les VIIIe et XVe siècles avant la chute de Grenade, en 1492, Al-Andalus a ainsi intégré diverses manières de gérer ses stocks hydriques, capitalisant même sur le développement de l'architecture islamique et de son esthétique. Médecin, géographe et cartographe allemand de la fin du XVe siècle, Jérôme Münzer a mentionné certaines de ces descriptions dans ses écrits, non sans émerveillement.
Dans «Voyage en Espagne et au Portugal» issu de son périple entrepris de 1494 à 1495, l'auteur retrouve encore ces espaces, aux premières années qui ont suivi la fin de la Reconquista (722 - 1492). Dépeignant les villes de Barcelone, de Madrid, et de Lisbonne, les monastères et les sanctuaires, il renseigne également sur des aspects économiques et culturels locaux.
Fasciné par le somptueux palais-forteresse de l'Alhambra, Jérôme Münzer s'attarde aussi sur les espaces andalous, où il trouve «tant de beauté, avec l'eau canalisée partout avec tant d'art, qu'on ne trouve rien de plus admirable». «Traversant une montagne, l'eau courante est conduite le long d'un canal et distribuée dans toute la forteresse», décrit l'auteur, dans une évocation du génie à acheminer cette ressource vitale, pour en faire une composante indissociable de l'espace domestiqué.
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Le jardin andalou, où le savoir-faire de l'eau rencontre l'expérimentation botanique
Outre les usages fonctionnels, agricoles et d'hygiène intégrés à l'organisation sociale andalouse, l'eau a en effet été un sujet d'ornement, comme le confirme le carnet de voyage de Jérôme Münzer. Dans l'art andalou, il a longtemps permis d'intégrer la nature vivante et le mouvement dans des éléments architecturaux fermés, de créer de faux-semblants d'espaces et des jeux de couleurs avec les muqarnas médiévaux, en combinaison avec les trois dimensions. Il a aussi aidé à la réflexion de la lumière, en plus d'apporter une musicalité particulière à ces lieux voulus de quiétude.
Dans les intérieurs comme dans les fameux jardins andalous, les cours d'eau et les petites fontaines ont aussi et surtout fait fleurir des végétations, réputées pour symboliser la beauté naturelle et l'abondance du terroir. Ils ont fait découvrir plus largement les senteurs giroflées, de roses, de fleurs de lys ou d'oranger, typiques de la Méditerranée. D'ailleurs, le poète et agronome Ibn Luyūn (1282 – 1349) estime qu'à Al-Andalus, activité agricole et gestion de l'eau sont indissociables, comme il l'a exhaustivement développé dans son «Traité de l'agriculture».
Dans ses écrits à ce sujet, Ibn Luyūn souligne notamment qu'«Allah a mis dans l'agriculture la majeure partie des biens nécessaires à la subsistance de l'Homme et c'est pour cela que son intérêt est grand, concernant les utilités qu'elle recèle». Dans ce contexte, les jardins reliés au réseau de distribution de l'eau ont incarné le lieu idoine d'expérimentation botanique à l'usage de la pharmacopée, ainsi que de la filāḥa andalouse. Connue pour avoir prospéré sur les terres d'Al-Andalous grâce à ses combinaisons ingénieuses et pluridisciplinaires, entre développement scientifique et techniques ancestrales améliorées, l'activité primaire s'est en effet renforcée de ce potager, qui a servi de lieu d'introduction et d'acclimatation de diverses espèces végétales.
Cet usage a particulièrement prospéré jusqu'au XIIIe siècle, avec l'apport de variétés nouvelles d'Asie, à travers l'Orient et l'Afrique du Nord, dont la cannelle, l'encens, outre l'essor des cultures du safran, du palmier dattier, de la canne à sucre, du coton qui a permis à l'industrie de textile de prospérer, des agrumes et de la grenade, arbre à la forte symbolique spirituelle et civilisationnelle.
Andalousie / DR
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Dans la péninsule ibérique, l'essor de ces usages a été principalement l'œuvre des botanistes, des agronomes et des érudits scientifiques, soutenus par les dirigeants omeyyades. Ayant gouverné le monde musulman de 661 à 750, avant de s'étendre à Al-Andalus de 756 à 1031, ces derniers ont mis en place des jardins mitoyens à leurs palais, pour donner lieu aux «jardins royaux» raccordés aux cours d'eau.
Outre les jardins, l'utilisation ingénieuse de l'eau sous l'ère califale s'est illustrée dans les hammams, ces bains publics considérablement présents dans les villes d'Al-Andalus. Au Xe siècle, ils auraient été 300 à 600 uniquement à Cordoue. D'autres encore se trouvent à Grenade, à Séville, à Tolède, ou encore à Valence, au cours d'une période médiévale où ces points d'hygiène ont été quasiment absents des autres régions de l'Europe occidentale.
Des espaces témoins de la gestion et de la qualité de l'eau
Cet usage illustre bien le caractère complexe de la gestion hydraulique à Al-Andalus, pour combiner usage quotidien, hygiène, irrigation et transformation des paysages extérieurs comme intérieurs. Dans ce sens, la qualité des eaux a été une autre exigence tout aussi importante dans l'acheminement de cette ressource.
Dès le XIIe siècle, des classifications ont été réalisées, à commencer par celle d'Ibn Rochd. Dans ses traités, le médecin et philosophe andalou mentionne que la meilleure eau potable serait celle qui provient de la terre poussiéreuse. Vient ensuite «celle provenant des sources tournées vers l'est, les eaux douces cristallines, insipides et indolores, ainsi que celles claires et légères». Médecin et vizir de Grenade au XIVe siècle, Ibn Khatib a même considéré l'eau comme «un des piliers du corps». De ce fait, il estime que la meilleure qualité est celle «de la source de terre chaude et au cours continu», suivie de l'eau de pluie.
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Mais dès le XIe siècle, l'intérêt pour l'irrigation et la conservation de l'eau a accéléré l'édification de barrages, construits sur une importante partie des rivières andalouses. Le réseau fluvial a également connu l'émergence des norias. L'intérêt pour la gestion de cette ressource, au bénéfice du collectif, s'est alignée sur d'autres pratiques à dimension normative, qui trouveraient leurs origines dans l'Assyrie, près de 2 000 ans av. J.-C., ou encore dans l'Empire romain (IVe s. av. J.-C. – Ve s.).
C'est ainsi que la répartition de l'eau à Al-Andalus a été confiée à une personne de confiance, appelée Sahib al-Sâqiya. Dénotant de l'intérêt porté à la régulation pour garantir l'accès à cette denrée, un Qâdi al-miyah a été désigné, avec un Amin al-Maâ. Après la chute de Grenade en 1492, ces fonctions n'ont pas disparu. Elle ont trouvé leur prolongement dans le rôle d'alamin en Castille, ou encore alami à Valence, jusqu'à l'Espagne actuelle.
Dans le royaume ibérique, il existe ainsi un Tribunal des eaux, ou encore un Conseil des bons hommes, composé de sept membres géographiquement représentatifs. Depuis 2009, l'UNESCO a intégré cette gestion à la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Le conseil a juridiction sur une assemblée de propriétaires terriens dépassant les 23 000 membres. Quant au tribunal, il compte «huit syndics élus, représentant neuf communautés» d'une dizaine de milliers de membres.


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