Bank Al-Maghrib : une pièce commémorative pour le 62e anniversaire de S.M. le Roi Mohammed VI    IAA Mobility 2025 : l'avenir de la mobilité s'écrit à Munich    L'international marocain Amine Adli rejoint Bournemouth en Premier League    Les prévisions du jeudi 21 août 2025    Fête de la Jeunesse: Un engagement royal constant envers les jeunes, pierre angulaire du Maroc émergent    Congrès du soufisme: le Royaume affirme son modèle de l'islam modéré    Fête de la Jeunesse : Grâce Royale au profit de 591 personnes    Chaïmae Bouazzaoui... La première diplomate marocaine en Israël captive l'attention par sa maîtrise de l'hébreu    La Chine lance les premiers Jeux Olympiques des robots humanoïdes avec une large participation internationale    S.M. le Roi met à profit Son leadership pour sauver des vies à Gaza    Fête de la Jeunesse : Grâce Royale au profit de 591 personnes    L'or à son plus bas sous la pression d'un dollar fort    Paris reste la ville universitaire la plus chère de France    Le Roi Mohammed VI et la jeunesse : 26 ans d'un engagement Royal constant    Thérapies régénératives: La FM6SS réussit la reprogrammation de cellules sanguines en cellules souches    La jeunesse en quête de reconnaissance politique    L'ONEE lance les travaux pour sécuriser l'eau potable du Grand Agadir via Tamri    Sahara : Défiant ses adversaires pro-Polisario, Jacob Zuma réitère son appui au Maroc depuis le Ghana    L'ONU salue la « générosité » de S.M. le Roi pour l'aide humanitaire « importante » envoyée à Gaza    TICAD 2025 : la manipulation algérienne et l'anomalie persistante de l'Union africaine    Morocco joins European effort to combat Spain's devastating forest fires    UN praises King Mohammed VI's significant humanitarian aid to Gaza    Kenitra police arrest minor for attempted robbery with fake explosive    Team'Arti Festival 2025 : Témara et Harhoura s'installent au cœur de la culture urbaine    Innovation marocaine : médaille d'argent pour l'Université Mohammed V au SVIIF 2025    Le Trésor place 800 millions de dirhams d'excédents    Fête de la Jeunesse : Grâce Royale au profit de 591 personnes    Communication et RP : Le Maroc et la Mauritanie approfondissent leur collaboration militaire    CHAN 2024 : la phase de groupes livre ses verdicts    Kénitra: un mineur interpellé pouvoir tenté de voler en menaçant d'un "colis explosif"    Imane Khelif met sa carrière entre parenthèses, selon son ancien manager    ATIDI convie le Japon à accroître ses placements en Afrique lors de la TICAD-9 à Yokohama    Foot africain : Hakimi bientôt en tête d'un prestigieux Top 3 !    Abdellah Ouazane dispute ses premières minutes en tant que professionnel    Afro basket U16 Kigali 2025 : Les Lionceaux repêchés    Aide humanitaire à Gaza : SM le Roi, par Son influence personnelle et la place particulière qu'Il occupe, est le seul à pouvoir mener de pareilles actions (Christophe Boutin)    Un Danois recherché par Interpol interpellé à Tanger    Le Maroc consolide sa position comme puissance régionale au cœur de la rivalité internationale au Sahara et au Sahel    Bournemouth signe l'international marocain Amine Adli    «Atoman», le film marocain de super-héros arrive sur Amazon Prime Video    Moroccan women's futsal team prepares for World Cup with Xanxerê tournament in Brazil    Maroc : Une arrestation après le viol d'un mineur au moussem Moulay Abdellah Amghar    Le Maroc forme un pourvoi en cassation dans l'affaire Pegasus devant la Cour fédérale allemande de justice, audience le 11 novembre    Boualem Sansal, un homme libre    Interview avec Dr Aziz El Kobaiti : « Le soufisme invite chacun à agir avec justice et à servir la société »    Aziz Chikh, cet ambassadeur de la cuisine meknassie qui a fait élever sa cuisine au rang de gastronomie    « Les élèves du toit du monde » – teaser    La 21e édition de la FIL Panama, consacrant le Maroc comme invité d'honneur, a enregistré une affluence historique de plus de 108 000 visiteurs selon les organisateurs    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Histoire : L'apport de Ziryab à la cuisine en Méditerranée et à Al-Andalus
Publié dans Yabiladi le 03 - 06 - 2022

Arrivé à Cordoue en 822 après son exil de Bagdad, le musicien Ziryab apporte un grand raffinement à la cuisine de la région andalouse. Il se distingue avec son art culinaire hautement raffiné, au point de devenir le conseiller du calife en la matière. Son savoir-faire aura marqué à jamais les habitudes et la gastronomie de toute une région, qui couvre l'Afrique du Nord et le sud de l'Europe.
La région du Maghreb et particulièrement le Maroc est mondialement connue pour sa gastronomie. En effet, sa cuisine traditionnelle se distingue par son grand raffinement, mêlant harmonieusement des saveurs que l'on n'aurait jamais pensé à combiner, notamment le sucré-salé. Ce savoir-faire a été développé grâce à un héritage commun de la Méditerranée, surtout après l'arrivée de Ziryab (Abu Hassan Ali ben Nafi, 789 – 857) à Al-Andalus, au cours du IXe siècle. Exilé de Bagdad (Irak), le musicien d'origines kurde et perse est connu comme étant une figure historique de la musique arabo-andalouse, dont il est considéré comme le père fondateur. En plus d'avoir introduit le luth arabe à Al-Andalus, en lui ajoutant une cinquième corde, ce virtuose est un homme de lettres, un astronome et un géographe. Ayant plusieurs cordes à son arc, il lui revient aussi d'avoir grandement influencé l'art de vivre culinaire andalou.
Si la cuisine et la gastronomie d'Al-Andalus ont connu un tournant entre les IX et XII siècles, c'est principalement grâce à Ziryab, qui a introduit de nouvelles préparations inspirées des traditions de l'Orient, en les combinant aux usages locaux, ce qui a rapidement fait tache d'huile entre Cordoue et Grenade, puis au-delà. En 822, le jeune musicien quitte Bagdad pour arriver à Cordoue. Invité par l'émir, il introduit certaines coutumes persanes et un savoir-faire raffiné de la gastronomie, surtout qu'il découvre à Al-Andalus un terroir riche en vergers diversifiés.
Des banquets qui ont posé les jalons du raffinement culinaire andalou
Malgré la richesse du potager, l'élégance n'est pas toujours allée paire avec les préparations culinaires locales. Jusqu'ici, les mets consommés dans la péninsule ont des influences romaines, wisigothes, arabes et amazighes, mais l'harmonie dans l'assemblage des saveurs et des ingrédients manquent. Grâce son bagage gastronomique ancestral de Bagdad, en plus de son parcours dans la musique et la poésie, Ziryab devient rapidement le conseiller culinaire de la cour. Il innove de nouvelles préparations qui mêlent pour la première fois certaines variétés de légumes, établit des règles de table comme le service des boissons dans des verres en cristal au lieu des coupes métalliques, ainsi que le raffinement du service et des nappes en lin.
Al-Andalus : Des habitudes culinaires mauresques qui ont façonné la cuisine du quotidien
Dans l'ordre des mets à servir par repas, Ziryab ordonne une présentation successive des mets et non pas simultanée, pour une dégustation progressive. Il propose ainsi de commencer par les soupes ou les céréales, d'enchaîner avec du poisson ou de la viande, puis de finir avec des desserts. Ce savoir-faire a influencé de plus en plus les familles andalouses, qui ont apporté avec eux ces usages en trouvant refuge en Afrique du Nord, après la chute de Grenade et la fin de la Reconquête (722 – 1492).
Mais avant cela, le progrès des techniques agricoles dans la région a fait de la péninsule une terre prospère. On y cultive «le riz, la canne à sucre, l'aubergine, l'artichaut ou l'épinard». «Les coings d'Asie mineure, les melons de Perse, les pastèques de Syrie, ainsi que des arbres fruitiers méconnus comme le grenadier, l'oranger ou le citronnier ont apporté de la diversité à une alimentation jusqu'alors peu ouverte sur la consommation de fruits frais», écrit Ana Vega, spécialiste de l'art culinaire à Al-Andalus.
Ziryab a veillé aussi à documenter son apport à la gastronomie andalouse, en laissant des manuscrits qui incluent des préparations culinaires inédites, salées et sucrées sous forme de plats ou de gâteaux, influencées par l'utilisation du miel et du sucre dans le Moyen-Orient, mais marquées à la fois par l'utilisation importante de légumes dans la cuisine méditerranéenne. «Les musulmans ont même amélioré la culture de végétaux qui existaient déjà dans la péninsule, comme l'oliveraie», ajoute Ana Vega, qui évoque l'usage de l'huile d'olive, la consommation de l'abricot, des carotte, des haricots, des aubergines et des agrumes.
«Malgré les changements liés à la colonisation, l'alimentation marocaine a préservé son originalité» [Interview]
Durant des siècles, de nombreux manuscrits de savants qui ont écrit sur la gastronomie de la région sont tombés dans l'oubli, ont été perdus ou trouvés sans les noms de leurs auteurs. Toujours est-il que l'utilisation du blé, de l'orge, du seigle et d'autres céréales a longtemps été documentée et considérée comme une composante principale du pain, des pâtes, des nouilles et de la semoule à couscous, largement consommés depuis des siècles. Aussi, l'introduction du riz à Al-Andalus a permis de développer des préparations de soupes épaisses, où l'on retrouve les fèves, les pois chiches ou les petits pois, dans des combinaisons rappelant celles de la chorba ou de la harira.
Au fil des siècles, la consommation de la viande a fait son entrée au sein des ménages les plus aisées. Les écrits historiques indiquent que les viandes ont souvent été «rôties, cuites en sauce, transformée en saucisses et en boulettes» ou cuites à l'étouffée, dans d'autres régions. Pour leur part, les familles les plus modestes ont souvent consommé du poisson, frit ou conservé dans du sel ou encore de la marinade.
Chebakia, griouch, mkharqa… histoire d'une douceur qui a traversé les frontières
Ziryab est mort en 857, mais les grands banquets dont il a été l'artisan ont posé les jalons des démonstrations de raffinement que l'on connaît aux arts culinaires ayant hérité de ce savoir-faire. Sous le grand califat de Cordoue (929 – 1031), ces us ont été perpétués, notamment par Abd Al-Rahman III (929 – 961) qui a fait appel à une large équipe de cuisiniers dans sa cour, tout en posant des exigences élevées pour la qualité des mets. Parmi les publications qui ont retracé les bases des recettes les plus en vogue depuis ce temps, on retient «Fiḍālat al-Khiwān fī Ṭayyibāt al-Ṭaʿām wa-l-Alwān» (Meilleur des aliments et plats délicieux d'Al-Andalus et al-Maghrib).
Cet ouvrage a été élaboré à Tunis, vers 1260, par le chercheur andalou du XIIIe siècle Ibn Razīn al-Tujībī (1227-1293). Mais son manuscrit n'a été découvert et reconstitué que des siècles plus tard. En 2019, l'historien franco-syrien Farouk Mardam-Bey a pour sa part consacré son ouvrage «La cuisine de Ziryâb» au grand apport gastronomique du musicien dans la région andalouse, ainsi qu'à tout l'art de vivre, de la coiffure et de l'habillement, grâce auquel Ziryab a embelli Al-Andalus et toute la Méditerranée.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.