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Diaspo #402 : Abdelaali El Badaoui, l'entrepreneuriat social pour la santé holistique
Publié dans Yabiladi le 16 - 08 - 2025

Son parcours personnel a été semé d'embûches, mais également de rencontres déterminantes qui lui ont ouvert des portes. Infirmier de formation, Abdelaali El Badaoui a commencé sa carrière dans le milieu hospitalier en tant qu'homme de ménage puis auxiliaire de vie, sans avoir son baccalauréat. Aujourd'hui, il joint son champ de compétences à l'entrepreneuriat social, au service d'une santé holistique. Ses initiatives territorialement impactantes en France l'ont poussé à s'investir désormais au Maroc et dans le reste de l'Afrique.
Né dans le Nord-Pas-De-Calais de parents originaires de Foum Zguid et d'Agdz, région de Zagora, Abdelaali El Badaoui a grandi au sein d'une famille ouvrière en France. Dans le pays, son père a travaillé dans le bassin minier, tout comme son grand-père et son oncle, jusqu'à la fermeture dans les années 1990. De ces années de dur labeur, ses aïeux s'en sont sortis avec des problèmes de santé irréversibles : silicose, amiante, cancer de poumons. Dès son enfance, le natif de Dechy est par ailleurs confronté à des problèmes d'apprentissage, en raison de son hyperactivité, combinée à une dyslexie non-diagnostiquée et à une distorsion graphique.
Ce ne sera qu'à 33 ans que le diagnostic sera posé, révélant par ailleurs un HPI. Ces examens permettent au jeune homme de mieux connaître son parcours de vie, marqué par des épreuves difficiles autant que par des rencontres qui se révéleront être des bénédictions. À l'âge de 6 ans, Abdelaali El Badaoui est d'abord traumatisé par un accident domestique, qui lui a causé des brûlures au niveau de 70% de son corps. S'ensuit un long séjour hospitalier, durant lequel il subit des greffes de peau et reste dans une chambre stérile.
Au fil des années, Abdelaali se relève de cette première expérience éprouvante à un jeune âge, pour être parmi les champions de cross-country au collège. Sportif de haut niveau, il évolue en équipe de France d'athlétisme et devient vice-champion d'Europe de sa discipline. Mais ses difficultés d'apprentissage finiront par l'éloigner des bancs de l'école. Sans décrocher son baccalauréat, il quitte le lycée à 16 ans pour être rattrapé par le milieu hospitalier.
Cette fois-ci, l'adolescent rencontre un directeur d'hôpital qui lui ouvre un nouveau champ des possibles. Il se voit proposer un stage de deux semaines dans le nettoyage. Ses interactions avec une patiente âgée le marqueront en le faisant réfléchir sur l'importance de porter de l'attention aux autres. Il est tout autant marqué par les retours positifs qui l'ont fait changer de perception vis-à-vis de lui-même. En fin de stage, Abdelaali El Badaoui est tout de suite affecté à l'établissement. C'est son même directeur qui, au bout de sept ans, est assez convaincu de ses capacités pour défendre son intégration à la formation des infirmiers, malgré un BAC manquant.
Une réflexion sur la santé holistique et la santé communautaire
Abdelaali El Badaoui est diplômé, au bout de trois ans et demi. Il est affecté à divers services (cardiologie, réanimation, pédiatrie…) en tant qu'infirmier, avant de travailler en cabinet. Au fil de ses années de service, il développe une réflexion personnelle et plus approfondie sur une approche globale de la santé et du bien-être, qui considère l'individu dans sa totalité et dans une démarche anticipatrice, englobant les aspects physique, mental, émotionnel et ceux liés aux modes de vie. Ce cheminement le mène à s'engager dans une démarche de santé holistique, à partir de son champ de compétences, mais aussi et surtout par le biais associatif avec la création de Banlieues Santé en 2018.
«Je me positionne dans un cadre associatif à visée d'entrepreneuriat social, voire d'entrepreneuriat impact. Il s'agit, à travers cela, de transformer les politiques publiques ou de les améliorer, tant à travers une notion de santé que d'économie en créant de l'emploi, de la richesse, de la valeur. L'idée est de partir de ce terrain du tissu social, avec sa valeur humaine, pour outiller des personnes à l'innovation sociale, améliorer leur qualité de vie et donc impacter leur santé positivement, de manière directe ou indirecte. Nous touchons ici à un angle mort des politiques publiques.»
Abdelaali El Badaoui
Pour l'infirmier-entrepreneur, l'importance d'avoir cette double casquette consiste à proposer des réponses aux défis de ce monde, «c'est-à-dire sur la question des politiques publiques, mais aussi à répondre les enjeux économiques en mettant l'économie au service du social et donner à ce dernier une dimension de droit commun beaucoup plus forte dans les territoires et pour les habitants». Grâce à un fellowship avec l'ONG américaine Ashoka, Abdelaali El Badaoui est désormais entrepreneur social reconnu internationalement. Depuis janvier dernier, il suit un cycle des hautes études du services publics à la prestigieuse Ecole nationale de l'administration (ENA) à Paris.
Réfléchissant à une dynamique encore plus globale qui intègre la santé dans toutes ses dimensions, Abdelaali El Badaoui crée une fondation qui englobe Banlieues Santé, mais aussi d'autres ONG qui couvrent divers domaines de la vie sociale, dont Banlieues School, Banlieues Climat, Banlieues Sport et Banlieues Droit. «J'ai voulu voir les choses de manière holistique et non en silo. Je ne pense pas que la démarche la plus durable dans l'accompagnement des populations en situation de vulnérabilité soit de traiter leurs enjeux un angle spécifique. Pour y répondre, il me semble essentiel de partir de la base, à savoir l'économie de la vie et la santé», nous explique l'entrepreneur social.
«La santé n'est pas uniquement l'absence de symptômes et de maladies. C'est un état de bien-être social, mental et physique. L'idée est de partir de la base de la santé pour irriguer vers l'éducation, l'environnement, le droit et le sport, entre autres. Il s'agit, par là également, de créer des organisations indépendantes par thématique pour pouvoir infuser dans les territoires, tout en ayant cette dimension holistique, participative, qui parler aux gens et les sensibilise, mais en les écoutant et en mesurant le thermomètre social sur le terrain, afin de comprendre les enjeux, les défis et mieux y répondre.»
Abdelaali El Badaoui
Abdelaali El Badaoui estime que c'est là où réside la notion de l'économie de la santé publique, en la voyant comme un potentiel d'investissement et non pas comme une source de dépenses. «Investir dans la prévention au sens global des inégalités sociales va permettre, à long terme, de réaliser cela», nous explique-t-il.
Développer une économie de la santé en France et au Maroc
A titre personnel, il s'agit par ailleurs de rétablir une justice envers les aînés de la migration ouvrières, selon Abdelaali El Badaoui. «Beaucoup de nos aïeux sont tombés malades et le système de santé ne s'est pas occupé d'eux à temps, alors que les ouvriers ont été ceux qui ont cotisé le plus en bénéficiant le moins de leurs droits. On rétablit cette justice aussi par des études scientifiques avec le CNRS, avec Santé publique France, sur ce public-là de retraités et de nos chibanis, spécifiquement à travers le programme des 'bien-aînés'», nous dit-il.
«Les économies de santé publique ont un plus grand impact que le reste, parce que si on investit massivement dans la prévention, la formation, les équipements, les outils qui vont permettre aux plus vulnérables d'accéder aux droits communs et d'être autonomes, cela permet finalement d'aller mieux et de se saisir de sa propre santé, puis éviter ce qu'on appelle le non-recours, voire le recours tardif aux services de santé», souligne l'entrepreneur social, en insistant sur une «santé communautaire au plus près des habitants».
En 2020, la contribution d'Abdelaali El Badaoui à cet ancrage territorial en France est récompensée du prix du Citoyen européen par le Parlement européen. Il reçoit ensuite le Prix Paul Vigné d'Octon l'Académie des sciences morales et politique de l'Institut de France. En 2022, l'ONG Ashoka lui décerne le statut d'entrepreneur sociale à vie. Depuis quelques années, il intègre par ailleurs plusieurs boards de fondation de grands groupes du CAC40 ou de fonds d'investissement, comme Mutuelles Impact, mais aussi d'institutions étatiques comme le Conseil économique, social et environnemental régional (CESER).
Abdelaali El Badaoui est aussi co-fondateur de Banlieues capital, qui se veut un véhicule d'investissement. Il participe également à la croissance et à l'émergence de nombreuses startups à impact, dont certaines sont des licornes évaluées à plusieurs milliards dans la petite enfance, la santé, l'éducation. C'est désormais cette expérience qu'il entend mettre au service du Maroc et plus globalement de l'Afrique, en s'adaptant aux pratiques déjà ancrées localement, au sein du tissu associatif et des politiques publiques, tout en proposant de mette en œuvres quelques bonnes pratiques enrichies des expériences à l'étranger.
Depuis le séisme de septembre 2023, son intervention associative à Al-Haouz a d'ailleurs permis un premier ancrage territorial inscrit dans une démarche de santé communautaire et d'autonomisation des populations aux questions de bien-être et de création de la valeur. Depuis, le travail avec les riverains et particulièrement avec les femmes continue. Plus loin, Abdelaali El Badaoui entend créer également des synergies avec les organisations locales.
Dans quelques mois, la ville d'Essaouira accueillera en effet le premier Café des femmes, un lieu de vie dupliqué sur l'expérience territorialement réussie du même concept dans des municipalités en France. «Au-delà d'un espace où se retrouver, les femmes vont pouvoir intégrer un processus d'accompagnement à la santé personnelle et à la santé de la famille, notamment à travers la formation», nous confie l'entrepreneur social.
En phase avec cette dynamique, il envisage de créer une entité africaine avec un siège marocain, pour un déploiement plus efficace d'initiatives locales et continentales. Au niveau national, ces actions se veulent en phase avec le Mémorandum d'entente signé entre l'Association des régions du Maroc (ARM) et le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), afin de renforcer la contribution des Marocains du monde au développement territorial.
Pour Abdelaali El Badaoui, il s'agit en effet d'«engager toute une transformation sociale à l'image du discours de Sa Majesté». «En tant que binationaux, nous nous rendons disponibles en toute humilité pour nous mettre au service de notre pays, de notre continent et des plus vulnérables», nous affirme-t-il.


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