La ville d'Essaouira a accueilli, la semaine dernière, la commémoration annuelle de la Hiloula du rabbin Haïm Pinto. L'événement a connu la présence de personnalités gouvernementales officielles et du chef du bureau de liaison d'Israël au Maroc. Des prières ont été élevées pour l'armée de défense d'Israël, qui mène une guerre génocidaire contre les Palestiniens dans la bande de Gaza. Venus de plusieurs pays, des fidèles juifs se sont réunis la semaine dernière dans la ville d'Essaouira, à l'occasion de la Hiloula annuelle de Rabbi Haïm Pinto. Selon des médias hébreux, l'événement a été supervisé par son petit-fils, Rabbi David Hanania Pinto. Cette plus grande Hiloula du Maroc a été connu la présence de personnalités gouvernementales de premier plan, notamment le gouverneur d'Essaouira, des représentants du roi, ainsi que le bureau de liaison israélien au royaume, Yossi Ben David. Parmi les participants se figure également Mohamed Manguit, le président du conseil local des oulémas d'Essaouira, photographié en conversation avec le Rabbi David Hanania Pinto. Lors de cette cérémonie, le rabbin a prononcé une «bénédiction spéciale pour le roi du Maroc», exprimant sa gratitude «pour ses efforts en faveur des juifs dans le pays». A ce titre, il a affirmé que «les juifs jouissent de la sécurité et se sentent à l'aise à travers tout le Maroc sous son règne». Par la suite, certains participants ont brandi la photo du roi et des drapeaux marocains. Selon la même source, Rabbi Pinto a récité des «prières émouvantes pour les soldats de l'armée israélienne et pour le retour rapide et en sécurité de tous les otages détenus à Gaza». Une vague de colère sur les réseaux sociaux Ce geste a déclenché une vague de colère sur les réseaux sociaux. Des militants ont critiqué les prières pour l'armée d'occupation israélienne depuis une ville marocaine et en présence de figures officielles, au moment même où Israël mène un génocide contre la bande de Gaza assiégée. Dans un post sur sa page Facebook, le secrétaire général de l'Observatoire marocain contre la normalisation, Aziz Hennaoui, a questionné le ministre des Habous et des affaires islamiques : «Comment expliquez-vous votre décision de limoger le président du conseil des oulémas de Figuig (parce qu'il a exprimé une opinion personnelle concernant le génocide à Gaza)... alors que le président du conseil à Essaouira assiste à la célébration de la Hiloula sous le patronage de Rabbi Pinto, et que des prières sont élevées pour que l'armée israélienne triomphe de ses ennemis ?» Dans le même contexte, l'Organisation démocratique marocaine pour les droits de l'Homme a écrit sur sa page Facebook : «Récemment, le président du conseil des oulémas de Figuig a été suspendu, pour ces écrits en soutien à Gaza et les déclarations des érudits à ce sujet. Aujourd'hui, nous voyons le président du conseil local des oulémas d'Essaouira participer à la Hiloula juive à Essaouira, où des prières ont été élevées pour la victoire de l'armée d'occupation sioniste.» Pour sa part, un autre militant a souligné une forme de deux poids, deux mesures. Il a affirmé que la veille, un sit-in de solidarité avec la Palestine avait été réprimé mais qu'à Essaouira, des célébrations de la Hiloula avaient lieu «en présence d'une délégation de l'entité sioniste, avec des prières et rituels talmudiques pour l'armée sioniste». Il est à noter que la Hiloula de Rabbi Haïm Pinto a précédemment bénéficié d'une large couverture par les médias officiels au Maroc, avant le 7 octobre 2023 et ses répercussions. Depuis, les médias se sont en effet distanciés de l'événement. Par ailleurs, chaque semaine est marquée au Maroc par des dizaines de marches et de sit-in en soutien au peuple palestinien. Les rassemblements condamnent le génocide à Gaza, ainsi que la complicité internationale avec le gouvernement israélien d'extrême droite.
