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Les cyberviolences contre les femmes, une «pandémie silencieuse» au Maroc
Publié dans Yabiladi le 27 - 11 - 2025

Les violences fondées sur le genre et facilitées par les nouvelles technologies prennent une ampleur peu mesurable par rapport à sa dimension réelle, mais ses conséquences sur l'invisibilisation des femmes et des filles sont bien réelles. Pour sensibiliser sur le phénomène dont les chiffres alarment, le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) a inscrit sa campagne nationale dans le cadre des 16 jours d'activisme de l'ONU Femmes.
Le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) a tenu, mercredi 26 novembre à Rabat, une conférence pour le lancement d'une campagne nationale contre les violences ciblant les femmes et facilitées par le numérique. Cette initiative vise à briser le silence autour du cyberharcèlement, des cyberviolences et leurs conséquences, que l'institution dénonce comme étant une «pandémie silencieuse». Sous le thème «Ne nous taisons pas face à la violence», l'action entend conscientiser sur ce phénomène au Maroc, dans le cadre de la campagne internationale «Tous unis pour mettre fin à la violence numérique à l'égard de toutes les femmes et les filles». Elle s'inscrit ainsi dans les 16 jours d'activisme de l'ONU Femmes, du 25 novembre au 10 décembre 2025.
Si l'essor des nouvelles technologies et des réseaux sociaux a vocation à connecter le monde, l'élargissement des usages a en effet intensifié et complexifié les formes de violence faites aux femmes et aux filles. Le phénomène révèle désormais des effets préjudiciables sur les droits humains par le biais des TIC, transcendant souvent l'espace numérique. Dans ce sens, le CNDH alerte sur les facteurs qui facilitent cyberharcèlement encore sous-estimé. Intervenant lors de cette conférence, la présidente du Conseil, Amina Bouayach, a souligné que cette action se caractérisait par «une proximité directe avec les citoyennes et citoyens, avec une caravane qui parcourt les douze villes représentant les douze régions, pendant 16 jours».
En phase avec cette approche de proximité et afin de rendre visible la question sur l'espace public, une installation interactive de sensibilisation est librement accessible, au cœur de Mahaj Riad dans la capitale. Le temps de ces journées de mobilisation, l'exposition installée par le CNDH inclut des messages introductifs de prise de conscience, un contenu numérique sur la prévention, ainsi que des informations vulgarisées pour le large public. L'intérêt de mettre en avant cette visibilité part d'une réponse symbolique à l'invisibilisation des usages des cyberviolences et leurs conséquences.
Amina Bouayach, présidente du CNDH
Des cyberviolences sous-évaluées et non-dénoncées
En chiffres, le CNDH cite les données rendues publiques par le Haut-Commissariat au plan (HCP) depuis 2019, faisant état de près de 1,5 million de femmes au Maroc exposées à différentes formes de violence dans les espaces numériques. Selon le Conseil, les femmes ayant une présence affirmée dans l'espace numérique, engagées dans la vie publique, médiatique, politique ou de défense de droits humains, sont particulièrement ciblées par des «attaques numériques systématiques».
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Celles-ci se déclient en «campagnes de diffamation, de menaces, de discrimination, de harcèlement, ainsi que de violences verbales, physiques et sexuelles, portant directement atteinte à leur droit à la liberté d'expression et à la participation dans l'espace public». Intervenant lors de cette conférence, le haut-commissaire au plan Chakib Benmoussa a cité quant à lui l'enquête du HCP de 2019 sur la prévalence de la violence à l'encontre des femmes et des filles au Maroc.
Les données montrent que près de 14% déclarent avoir été victimes de violence en ligne, dans les 12 mois précédents l'enquête. Ces risques se manifestent surtout dans les zones urbaines (16%), chez les jeunes filles entre 15 et 19 ans (29%), les femmes avec un niveau d'instruction élevé (25%), les femmes célibataires (30%) et les étudiantes (36%), a-t-il rappelé.
Selon le HCP, l'auteur de ces violences est souvent un homme inconnu (environ 73%), un partenaire actuel ou ancien, des membres de la famille, des collègues de travail, des camarades d'études et des amis, chacun représentant près de 4% des cas. À ce titre, les données recueillies par le CNDH depuis 2023 révèlent un contraste saisissant entre l'ampleur des faits et le poids de la non-dénonciation.
Chakib Benmoussa - haut-commissaire au plan
Dans son rapport thématique sur l'impunité autour des violences faites aux femmes et aux filles, le Conseil souligne notamment que nombre de journalistes, professionnelles des secteurs médiatiques et des droits humains «s'abstiennent de procéder à toute démarche de dénonciation», au point où «seules 11% des journalistes victimes de violences numériques déclarent les faits et seulement 8% d'entre elles engagent des démarches judiciaires».
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Intervenant dans la même conférence, la représentante de l'ONU Femmes au Maroc, Myriem Ouchen Noussairi, a déclaré que la solution au non-dit qui entoure ces violences réside dans ce que l'on fait de l'espace où ces mêmes usages émergent. «Aujourd'hui, la capacité des femmes à s'informer, à s'exprimer, entreprendre et occuper l'espace public dépend aussi de leur sécurité en ligne», a-t-elle dit.
Asseoir un espace numérique sécurisé
Myriem Ouchen Noussairi a fait état d'une problématique qui concerne désormais les adolescentes aussi, «mais une autre population est également ciblée : les femmes visibles dans l'espace public, les journalistes, les militantes, les créatrices de contenu, les élues». «Nous savons qu'une attaque en ligne peut avoir des conséquences ordonnées qui se traduisent par l'autocensure, le retrait de l'espace public et le risque physique, en plus du coût économique de la violence», a-t-elle souligné.
La situation au Maroc ne diffère pas de la région arabe où globalement, six femmes sur dix (60%) utilisant Internet sont confrontées à une forme de violence facilitée par la technologie ou à du harcèlement en ligne. Selon le CNDH, les manifestations les plus fréquentes comprennent la diffamation et la diffusion d'informations mensongères ou offensantes (67%), le harcèlement électronique (66%), les discours de haine (65%), ainsi que la cyber intimidation, le chantage et la traite des êtres humains en ligne.
Par ailleurs, le Conseil a noté «le recours croissant aux techniques de deepfake, reposant sur des systèmes d'intelligence artificielle, et permettant la production de contenus numériques manipulés ou à caractère pornographique». Actuellement, près de 95% de ces contenus «sont diffusés sans le moindre consentement des personnes concernées et ciblent, exclusivement, dans leur quasi-totalité, des femmes et des filles (environ 99%)».
Myriem Ouchen Noussairi, représente ONU Femmes Maroc
Ces violations mènent notamment à «de nombreux cas de suicide dans plusieurs pays, notamment en Afrique du Nord et au Moyen-Orient», indique le CNDH. Dans ce contexte, il rappelle «cette réalité a incité un nombre croissant d'Etats, au cours des dernières années, à instaurer des dispositifs juridiques explicites consacrant la criminalisation et l'interdiction du deepfake à caractère pornographique».
Le cyberharcèlement cible particulièrement les femmes journalistes
Commentant cette réalité, Myriem Ouchen Noussairi estime que «les chiffres nous rappellent que derrière chaque donnée, il y a une femme qui se tait, une fille qui renonce et une société qui perd une voix». «Chaque espace doit être un espace de sécurité, de dignité, d'égalité pour toutes les femmes et les filles, y compris en ligne. C'est ce principe qui doit guider notre action collective aujourd'hui», a-t-elle dit.
En l'espèce, le CNDH en appelle à «la responsabilité des grandes plateformes numérique dans la prévention et la lutte» contre ces violences, outre la mise en place d'outils «incitant les femmes et les filles à dénoncer et à briser le silence entourant les violences numériques».


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