La charte de la laïcité à l'école instaurée par le ministère français de l'Education rentre en vigueur ce lundi matin. Cette nouvelle initiative au nom des valeurs de la République révolte la communauté musulmane qui voit en cela, une autre manière de la stigmatiser, bien que le ministre s'en défende. Le CCIF, quant à lui, s'attend à une montée de la discrimination des parents d'élèves musulmans. Le ministre français de l'éducation, Vincent Peillon, avait lancé l'idée il y a un an, aujourd'hui, c'est chose faite. La charte de la laïcité à l'école a été dévoilée lundi 9 septembre dans un lycée de La Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne), rapporte Le Point. Le texte sera affiché dans toutes les écoles publiques du pays, de la maternelle au lycée, en passant par le primaire et le collège. Cette charte, «c'est le respect de chacun», selon le ministre Résumé en quinze articles, le texte rappelle tout d'abord la laïcité de la République, ainsi que la mission de l'école de veiller au respect des valeurs de le République. Soulignant dans son article six que cette charte «protège [les élèves, ndlr] de tout prosélytisme et de toute pression qui les empêcherait de faire leurs propres choix», l'article douze précise que «les enseignements sont laïques», ajoutant qu'«aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question du programme». L'article quatorze, quant à lui, insiste sur le fait que «le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit». 2004 bis Ce texte est cependant mal perçu par les responsables musulmans en France. «Cette charte a été faite soi-disant pour combattre le communautariste. Qui dit communautarisme... Forcément, je me sens visé parce que maintenant quand on parle de communautarisme, on parle de musulmans», explique au Parisien Abdallah Zekri, président de l'observatoire de l'islamophobie. Même son de cloche au Conseil français du culte musulman (CFCM). «On voit très bien à qui s'adresse [cette charte], je crains - comme c'était le cas pour la loi de 2004 - de voir les musulmans de France stigmatisés dans leur ensemble et que cette interdiction ne soit perçue comme trop brutale», a réagi son président, Dalil Boubakeur, interrogé par BFM TV. En effet, le contenu de la charte rappelle les principes de la loi de 2004, sans toutefois aborder les sujets polémiques liés aux cantines et aux fêtes religieuses, dont on se souvient encore des conséquences. Vincent Peillon veut, pour sa part, faire croire qu'il n'en est rien. Il rejette entièrement ces analyses, estimant que «la question de la laïcité ne doit pas tourner à l'obsession de l'islam». «Cette charte met toutes les religions sur un pied d'égalité, mais pas dans la sphère publique», a-t-il dit. Toutefois, le ministre ne pourra réussir à convaincre les responsables musulmans, surtout au vu du contenu de ladite charte. «Je perçois aussi dans ce texte un regard oblique sur l'islam, notamment le passage sur l'interdiction du port de signes ou de vêtements», expliquait le président du CFCM ce week-end dans le JDD. Le CCIF prévient les parents De son côté, le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) s'attend à une montée de la discrimination avec cette charte de la laïcité à l'école. Il a ainsi pris les devants depuis la rentrée scolaire du 4 septembre dernier, en publiant un guide. Le but est de faire connaitre leurs droits aux parents d'élèves notamment, dans les cas d'accompagnement scolaire, où les femmes voilées sont très souvent discriminées. Reportage BFMTV