De graves tensions font surface depuis quelques jours autour de la future mosquée de Marseille. Le président de l'association chargée de mener à bien les travaux a été remplacé dans ce que certains qualifient comme «putsch interne». Un putsch sur fond de nombreux conflits, où entre autres l'influence respective de l'Algérie et du Maroc seraient en cause.. Quelques semaines seulement après la pose solennelle de la première pierre de la future mosquée de Marseille, ce projet soulève de nombreuses tensions. Cette fois, ce n'est pas la droite (extrême) qui est à la source de ces conflits, mais ces derniers seraient bel et bien de provenance interne. Pour rappel, le projet avait pu être été lancé officiellement le 6 novembre dernier lorsque la mairie de Marseille avait remis le permis de construire pour cet édifice religieux à l'association de la Grande Mosquée de Marseille (AGMM), chargée de mener à bien ce projet de grande envergure. Une superficie de plus de 8.600 m² dont 6.000 m² bâtis, une salle de prière de 2.500 m² et un coût global de 22 millions d'euros : la future mosquée devra prendre sa place parmi les grandes mosquées européennes. La première pierre a été solennellement posé le 20 mai dernier, en présence notamment du recteur de la mosquée de Paris, Dalil Boubakeuret du maire UMP de Marseille, Jean-Claude Gaudin. Il est prévu que la première prière soit tenue au courant de l'année 2011. Mais depuis quelques jours, cet objectif semble s'éloigner, certains craignent même le retrait de l'Algérie, un des principaux donateurs, et avec cela la mise en danger du projet tout entier. La cause en est un conflit de direction au sein de l'AGMM, conflit rendu public ce week-end. Samedi dernier, lors de l'assemblée générale de l'AGMM, Nourredine Cheikh, jusque là président de l'association, s'est vu évincé de son poste au bénéfice de de l'imam Abderrahmane Gouhl Moulay. Cette nouvelle a beaucoup surpris la communauté musulmane de Marseille, mais s'est quelque peu préfigurée les jours avant, quand M.Cheikh avait demandé à la trésorière adjointe, Mme Orsatelli, de démissionner de son poste. Mme Orsatelli est Conseillère Régionale, et l'ancien président aurait voulu «éviter une entrée massive d'élus qui transformerait l'association en un forum de politiciens». Dans ce que l'association des familles musulmanes des Bouches du Rhône a qualifié comme «scénario de série B», Mme Orsatelli et d'autres membres de l'association se seraient mis à soutenir la présidence d'Abderrahmane Gouhl et auraient finalement obtenu, dans la soirée du samedi, la majorité nécessaire. Selon certains, ce conflit entre différentes personnes en cache un plus profond, qui serait la future influence sur ce lieux de culte que peuvent avoir l'Algérie, en tant que très grand donateur (potentiel), et le Maroc. L'imam Gouhl serait proche des instances religieuses marocaines, et des craintes ont été exprimées qu'une trop grande influence pourrait empêcher l'Algérie de contribuer à la hauteur souhaitée dans le projet de construction. Mais M. Gouhl s'en défend. Selon lui, ces accusations n'ont aucun fondement, lui même étant Algérien. Pourtant, l'association des familles musulmanes des Bouches du Rhône ne voit aujourd'hui comme seule possibilité honorable de sortir du conflit la démission pur et simple des membre de la direction de l'AGMM.