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Casablanca : Zones d'ombres sur une villa voisine de celle du roi, soldée à moitié prix par la justice
Publié dans Yabiladi le 24 - 12 - 2014

Une villa à Casablanca est actuellement au cœur d'une affaire judiciaire peu commune. Elle devrait être mise aux enchères dans les prochaines semaines suite à une décision de justice pour escroquerie à l'encontre de son propriétaire. Se disant lui victime d'un «complot», l'homme se bat pour garder son bien dont l'évaluation met en évidence de nombreuses zones d'ombres.
C'est la villa voisine de la résidence du roi Mohammed VI à Casablanca. Elle est au cœur de plusieurs affaires judiciaires. La dernière devait s'ouvrir ce matin au tribunal d'Ain Sebaâ. Le propriétaire du bien, l'homme d'affaires Benjamin Chetrit, a porté plainte pour escroquerie contre une certaine Stéphanie Dayan, qu'il accuse de vouloir le «spolier».
Etendue sur un terrain de près de 3 000 m2, la villa doit être vendue aux enchères en janvier 2015 selon une décision du tribunal de première instance de Casablanca rendue en juin 2014. La cours s'était alors prononcée après la sollicitation de Stéphanie Dayan. Elle accusait Benjamin Chetrit de l'avoir escroquée de 5,3 millions de dirhams.
Un bien d'une valeur d'environ 80 millions mis aux enchères à partir de 30,5 millions dh
Dans le cadre de cette affaire, deux biens de l'homme d'affaires, un franco-marocain de confession juive, ont été mis sous saisie conservatoire : la villa et un magasin estimé à 8,1 millions de dirhams. La mise aux enchères de la villa à un prix de départ de 30 518 400 dirhams devrait servir à rembourser l'argent réclamé par Mme Dayan. Mais M. Chetrit se bat afin de conserver sa maison. Il dénonce une «dépréciation de la valeur de sa villa» par l'expert judiciaire qui l'a estimée à 35 904 000 dirhams.
Pourtant, cette même villa vaut bien plus si l'on en croit l'administration fiscale. A l'époque où il l'avait acquise, en novembre 2008, Mr Chetrit avait déclaré aux impôts avoir déboursé 31 683 450 dirhams. Mais en mars 2009, il a dû faire l'objet d'un redressement de la part de la Direction générale des impôts pour qui «le prix déclaré n'est pas conforme au moment de la cession à la valeur vénale de ladite propriété estimée par l'Administration fiscale à 74 800 000, DH», indique une note officielle du fisc dont Yabiladi détient la copie. L'homme d'affaires devait ainsi régler près de 2,9 millions de dirhams de droits complémentaires et de pénalités résultant de la rectification de la base imposable. En octobre dernier, M. Chetrit a, lui aussi, commandé deux contre-expertises. La première évalue la villa à 82 187 000 dirhams, tandis que la deuxième monte à 84 170 500 dirhams. Cet ancien MRE, revenu définitivement au Maroc en 2002, ne veut pas que sa maison soit «bradée».
«Elle a tout fait pour ne laisser aucune trace de cette transaction»
Comment toute cette affaire a-t-elle commencé? Quelque temps après l'achat de sa villa au groupe français Bolloré, d'après son récit des faits, l'homme d'affaires se «retrouve avec une prénotation mystérieuse sur le terrain de cette villa établie par Me Naciri Allal, au nom d'une personne décédée». Pour mémoire, l'affaire avait même fait l'objet d'un article dans les colonnes du quotidien L'Economiste à l'époque. Elle s'était finalement soldée par la condamnation à la prison de deux avocats.
Face à ce dilemme, Benjamin Chetrit dit avoir eu recours à Mme Dayan qu'il connaissait déjà. «Comme elle avait beaucoup de relations ''haut placées'' disait-elle, […] et qu'elle m'avait déjà aidé dans un cas quasi-similaire, j'ai fait appel à ses services. Je lui ai demandé une nouvelle fois de me prêter main forte, lui promettant en retour ''la modique'' somme de 3 millions de dirhams», avoue M. Chetrit. Il raconte qu'en 2010, Mme Dayan aurait réclamé son dû, alors que problème de la villa n'était toujours pas réglé. «Elle m'a demandé de signer au moins une reconnaissance de dette prouvant que j'ai l'intention de payer pour qu'elle puisse montrer à ses ''partenaires'' qu'ils ne travaillent pas en vain», dit-il. «C'est là où j'ai fait la plus grosse bêtise de ma vie. Au lieu de signer une avance sur commission, j'ai signé une reconnaissance de dette de 3 millions de dirhams», ajoute-t-il avec regret.
Suite à ce qu'il appelle une «stratégie de l'intimidation et du harcèlement», M. Chetrit affirme avoir réglé «en janvier 2012, 670 000 dirhams en espèces, comme elle l'avait exigé». Une partie de la dette honorée, l'homme d'affaires demande à son tour la destruction de la reconnaissance de dette pour l'établissement d'un autre document portant l'inscription du reliquat, à savoir 2 330 000 dirhams, qu'il aurait fini par régler en octobre 2012 selon ses dires. «Malheureusement, elle souhaitait être payée en espèces. Je lui ai donné des espèces et un chèque de 470 000 dirhams. Je n'avais pas encore compris que c'était pour échapper aux impôts et ne laisser aucune trace de cette transaction», regrette-t-il amèrement.
Mais le problème, selon Benjamin Chetrit, c'est que la plainte de Stéphanie Dayan est basée sur «des photocopies certifiées conformes des deux reconnaissances de dettes que je lui avais faites alors que je les croyais déchirées !». L'avocat de l'homme d'affaires, Me Leglimi Messoud donne bien entendu la même version. «Dans un PV de la police, elle a déclaré qu'elle a perdu les originaux. Elle a présenté des copies ayant été certifiées conformes à Fès, alors qu'elle habite Casablanca. On ne sait pas comment elle a fait pour obtenir ces papiers», explique-t-il à Yabiladi. Benjamin Chetrit et un de ses amis juristes se sont rendus à Fès pour retrouver l'agent qui a légalisé les papiers de Mme Dayan. «Il est toujours à son poste dans la commune de Sidi Brahim. Comment une femme qui habite à Casablanca peut légaliser des reconnaissances de dette de 5 millions à 350 km dans un petit patelin comme celui-là?», s'interroge l'ami juriste qui requiert l'anonymat. M. Chetrit a également porté plainte contre l'agent et les deux hommes ont été entendus hier, mardi, par la police, nous confie le plaignant.
Mais l'une des plus grosses zones d'ombre concerne l'estimation du prix de la villa. «Cette dame a confié le dossier à un expert qui a fait un faux rapport», indique Me Leghlimi qui s'interroge sur le fossé existant entre l'évaluation de la villa par l'Administration fiscale et par l'expert judiciaire. «Au vu de tout cela, nous avons décidé de porter plainte pour escroquerie et abus de confiance et faux et usage de faux, non seulement contre elle, mais aussi contre l'huissier et l'expert», explique cet avocat, conseiller de l'association Droit et Justice.
«J'ai des preuves, lui n'en a pas»
De son côté, Stéphanie Dayan, également marocaine de confession juive, réfute toutes ces accusations. «C'est lui qui m'a escroqué. Je lui ai prêté de l'argent parce qu'il était dans le besoin. Je lui ai donné 3 millions de dirhams en mars 2010 et le reste en janvier 2012», assure-t-elle à Yabiladi. Divorcée et mère de deux enfants, elle dit avoir fait ce geste dans le cadre de sa «relation personnelle» avec Benjamin Chetrit.
«Ici au Maroc on a une justice […] Il a perdu devant la justice qui m'a donné mon droit. Aujourd'hui, il essaye par tous les moyens d'empêcher l'exécution de la décision de justice. Il porte plainte contre tout le monde. Mais j'ai gagné parce que j'ai des preuves et lui n'en a pas», dit-elle lors de notre entretien téléphonique. A la question de savoir à quel moment Mme Dayan a certifié les copies de reconnaissance de dettes, elle répond : «il faut vous en tenir à la décision de la justice, le dossier contient tous les éléments de preuve. J'ai présenté des reconnaissances de dette qui ont la même valeur que les originaux.»
«Pourquoi la villa et non mon commerce de 8,1 millions dh» ?
Une autre énigme demeure en suspend dans ce dossier. Alors que la plainte de Stéphanie Dayan concerne une escroquerie de 5,3 millions de dirhams, pourquoi la vente aux enchères se porte sur la villa 15 fois plus chère, alors que la simple vente du magasin estimé à un peu plus de 8 millions aurait suffi ?
Pour Benjamin Chetrit, la réponse est claire. «Tout cela est un montage pour me prendre ma villa et la vendre par le biais du tribunal. Acheter une villa de ce type à 30 millions par l'intermédiaire de quelqu'un, c'est le jackpot», estime-t-il. «Depuis que j'ai acheté cette maison, quelqu'un la veut, mais ne veut pas payer le prix qu'elle vaut», ajoute-t-il.
Actuellement le dossier dans lequel l'homme d'affaires a été condamné en faveur de Stéphanie Dayan est en cassation. «Nous avons aussi émis une demande pour stopper l'exécution de la vente de la villa et espérons que la justice tranchera en faveur de M. Chetrit», explique Me Leghlimi. Si en revanche sa plainte au niveau du tribunal d'Ain Sebaâ n'aboutit pas, Benjamin Chetrit a l'intention de saisir directement le Palais royal. «C'est Sa Majeste Le Roi Mohamed VI et non les jugements rendus en son nom qui mettront la vraie lumière sur cette sombre affaire», conclu-t-il.


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