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Much Loved de Nabil Ayouch : Une censure et trois nuances d'hypocrisie [Edito]
Publié dans Yabiladi le 26 - 05 - 2015

Difficile d'écrire sur un film quand on ne l'a pas vu. Par contre certains ont moins de scrupules à appeler à la censure et au meurtre de son auteur, et même censurer le film sans l'avoir vu. Si le film n'a pas été projeté au Maroc, c'est notre inconscient collectif qui s'est retrouvé étalé sur nos petits écrans. Coup de projecteur sur notre hypocrisie XXL.
Que pensez-vous du film Much Loved ? Un média en ligne a osé ce sondage alors que personne n'a vu le film, hormis les quelques chanceux ayant fait le déplacement à Cannes. En une question, ce site opportuniste a voulu surfer à moindre frais sur la vague d'excitation qui s'est emparée d'une partie de l'opinion publique marocaine. Il n'est pas le seul : médias, artistes, Nabil Ayouch, politiques, religieux, ministres, influenceurs 2.0 en devenir, leader has been...
Tirons sur le messager
En l'espace de quelques jours, nous avons assisté à un étalage d'hypocrisie qui a débuté sur les réseaux sociaux pour finir chez nos leaders politiques castrés et ayant abandonné leur rôle de locomotive pour la société pour finir remorqués dans le wagon à bétail. A l'origine de ce spectacle, non pas un film mais des extraits soigneusement choisis par Nabil Ayouch pour créer le buzz. Son discours s'appuie sur une volonté artistique de révéler la réalité vécue par les prostituées au Maroc. Noble intention qui a été quelque peu contredite par les scènes choisies, où l'on voit essentiellement du racolage alors qu'il nous vend en interview un regard psycho-sociologique du plus vieux métier du monde. Mais cette petite hypocrisie fait partie du jeu du cinéma.
Certains se sont mis dans tous leurs états à partir de ces extraits. Pornographie des scènes, vulgarité des propos, le film est jugé obscène et rangé sans aucune forme de procès dans l'immense entrepôt où végètent les innombrables navets du cinéma marocain. Je ne sais par quel miracle, nos 34 millions de sélectionneurs du Mountakhab se sont transformés en critiques de cinéma. Ils n'ont pas encore vu le match en intégralité qu'ils nous livrent déjà le score final. Pourtant Nabil Ayouch, comme l'équipe nationale, a eu ses moments de gloire. On se souvient de ses très bons films comme Mektoub, Ali Zaoua ou plus récemment Les chevaux de Dieu. Mais il ne faut pas oublier aussi ses bides comme Une minute de soleil en moins.
Populisme en confiture
En parlant de soleil, c'est plutôt l'obscurantisme qui s'est étalé sur la toile, avec l'impressionnisme de départ qui nous a conduit au surréalisme à l'arrivée. Les réflexes pavloviens de nombreux Marocains sont à l'image de la faillite de la raison qui a suivi la longue décrépitude de notre système éducatif. Plus que les scènes jugées obscènes dans les extraits de Much Loved, c'est le zoom sur une réalité de la société marocaine qui nous choque et que nous ne voulons pas voir. Notre hypocrisie a atteint le mont Toubkal : les Marocains sont musulmans, hétérosexuels, tolérants, bénis par leurs parents (مرضي الوالدين), sans oublier la touche carte postale, accueillant, servant du thé à la menthe sous un palmier, avec les dunes de sable en arrière plan.
Et pour préserver cette image d'Epinal, les patriotes ne manquent pas. Certains de leur propre chef décident d'ester en justice contre le réalisateur du film, quand d'autres veulent carrément croiser le fer avec le nouvel ennemi de la nation.
Où étaient ces gardiens de la vertu lorsque le film 50 Shades of Grey était diffusé dans les quelques salles de cinéma du Maroc encore en activité ? Où étaient donc l'Istiqlal, le PJD, le ministre de la Communication et le CCM, tous tombés d'accord pour censurer un film marocain ? Prennent-ils leur décision en fonction de la météo de l'opinion publique ? Dans ce cas, pourquoi ne débranchent-ils pas Al Aoula, jugée par une large majorité de Marocains comme une étrangeté venue de la Roumanie sous Ceausescu.
Hypocrisie BCBG
Dans ce contexte délétère où le pays semble être géré par 34 millions de mokaddems, on peut comprendre le malaise de certains, notamment cette élite, libérale sur les moeurs néanmoins conservatrice sur les aspects politiques et économiques. Ceux-là même qui se sont découverts un élan soixante-huitard clamant qu'il est interdit d'interdire, et qui il y a quelques semaines appelaient à l'interdiction du show de Dieudonné Mbala Mbala qui pourtant venait avec un spectacle modifié et qui se joue régulièrement dans les salles françaises. Ne pas aimer l'humoriste franco-camerounais est légitime - surtout après son flirt au FN et son film nauséabond "L'antisémite". Mais de là à appeler à la censure pour Dieudonné, et invoquer la liberté d'expression artistique dans l'autre, c'est également de l'hypocrisie.
La polémique autour du film de Nabil Ayouch est douloureuse à vivre car loin d'insuffler une dynamique de débat, elle pousse les deux camps dans leurs retranchements, une fuite vers les extrêmes. Les conservateurs n'ont pas aimé cette image plutôt moche de notre société, renvoyée par un film qui joue le rôle de miroir plus ou moins grossissant. Les politiques désoeuvrés et de plus en plus impuissants, font semblant d'avoir leur mot à dire en surfant sur une vague de mécontentement qu'ils ont pris au vol. Et cette élite de plus en plus caricaturale qui n'est démocrate, libertaire, et en faveur des libertés publiques que lorsqu'ils sont les meneurs des combats. Voilà une idée pour un prochain film de Nabil Ayouch, l'hypocrisie XXL présente à tous les étages de notre société. Le casting sera facile, nous sommes 34 millions à vouloir un rôle.
Article modifié le 26/05/2015 à 18h17


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