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Pour les responsables de la communauté chrétienne au Maroc, le royaume est «soucieux de la liberté de culte»
Publié dans Yabiladi le 20 - 12 - 2015

Ces dernières années, le christianisme au Maroc a beaucoup intéressé les médias tant nationaux qu'internationaux, avec notamment les expulsions pour prosélytisme ou encore la conversion de certains Marocains. Yabiladi a voulu savoir comment se portent les communautés chrétiennes au Maroc aujourd'hui et comment elles évoluent. Reportage.
Le père Daniel Nourissat, Vicaire général au Diocèse de Rabat. Ici à l'Eglise Notre Dame de Casablanca dont il a la charge. Photo/Yabiladi.com
L'Eglise Notre Dame de Casablanca. /DR
Eglise évangélique au Maroc (EEAM), paroisse de Casablanca. /DR
C'est avec un grand sourire que le père Daniel Nourissat nous reçoit à l'Eglise Notre Dame de Casablanca. Il est environ 9h30 du matin, mercredi 16 décembre 2015, et une journée chargée l'attend, avec notamment l'organisation des obsèques d'un paroissien français. «Ainsi va la vie», lance cet homme d'une soixantaine d'années qui exerce en tant que curé à Casablanca, mais aussi Vicaire général au diocèse de Rabat. Il seconde ainsi l'Archevêque Vincent Landel actuellement en voyage à l'étranger.
Daniel Nourissat se réjouit de la position l'église catholique au Maroc. «Elle est bien respectée par les autorités marocaines», souligne-t-il. Et la lettre du ministre de l'Intérieur adressée à l'Archevèque à l'occasion d'un noël en témoigne. Elle est exposée dans la salle d'accueil de l'église. «Nous sommes dans un pays soucieux de la liberté de culte, c'est à dire la possibilité pour les croyants de toutes confessions de célébrer librement leur culte», déclare le responsable religieux sur un ton satisfait, ajoutant qu'on trouve au Maroc aussi bien des chrétiens catholiques, qu'orthodoxes, anglicans et protestants.
Des églises devenues majoritairement subsahariennes
Cependant les catholiques et les protestants sont les communautés chrétiennes les plus importantes avec respectivement… et 3000 à 5000 membres. Les deux églises existent au Maroc depuis plusieurs siècles, mais ont commencé à être très vivantes avec le protectorat français. A l'époque, leurs communautés étaient essentiellement européennes. Et elles sont restées ainsi même après l'indépendance, en dépit du départ de nombreux occidentaux.
Mais depuis plus de deux décennies, les églises catholiques et protestantes au Maroc ont été progressivement dominées par des fidèles subsahariens, en témoigne l'étude sur l'Africanisation de l'église évangélique au Maroc, de Bernard Coyault, ancien secrétaire général de l'Alliance biblique française et actuel directeur de l'Institut «Al Mowafaqa» à Rabat créé en 2013 suite à un partenariat entre catholiques et protestants pour former les leaders chrétiens.
Ils montent dans la hiérarchie
Et cette métamorphose des commucautés chrétiennes impacte le culte, chez les protestants notamment. Présidée jusqu'en juin dernier par Samuel Amedro, alors pasteur à la paroisse de Casablanca, l'Eglise évangélique au Maroc (EEAM) est à présent chapeautée au niveau national par une américaine. Résidente à Ifrane, nous n'avons pas pu la rencontrer. Mais à Casablanca, c'est désormais Nicolas Nyembélé de la République démocratique du Congo (RDC) qui assure le pastorat. La journée de jeudi est chargée pour lui, car c'est la journée dite de permanence. Plusieurs activités sont tenues dans l'enceinte de l'église et il en profite pour recevoir les fidèles qui viennent pour un entretien ou simplement une prière.
«L'église au début était l'Eglise réformée de France. C'est eux qui ont construit les bâtiments. Mais avec l'arrivée de nombreux étudiants subsahariens, l'église est à présent constituée de charismatiques, pentecôtistes, baptistes, méthodistes, réformés… Du coup, même dans le déroulé du culte, on essaie de trouver un équilibre pour que toutes ces sensibilités puissent se retrouver», nous explique ce pasteur qui est à la base venu au Maroc pour ses études universitaires au début des années 2000, après quoi il a été formée à l'Institut «Al Mowafaqa». D'après lui, les pays subsahariens les plus représentés sont le Congo Brazza, la Côte d'Ivoire, la Centrafrique, le Bénin, le Togo, le Cameroun, le Burundi... Les communautés occidentales étant quant à elles principalement composées d'Américains, Suisses, Français et Allemands.
«Le Maroc, terre bénie»
Chez les catholiques, la mixité de l'église est plus prononcée. «On a des Haïtiens, des Mexicains et même des gens qui viennent de Kiribati (une île du pacifique). Ils viennent tous apprendre le français à Rabat», explique le Père Daniel Nourissat qui éteint vite son téléphone, car perturbé par un appel. «Moi, quand je prie à l'église Notre dame, je sais que j'ai 60 nationalités devant moi», dit-il réjouit, estimant que c'est cela même du mot catholique «qui veut dire universel». Mais dans cette universalité, les Subsahariens restent inconstablement majoritaires. Et cela influence l'organisation du culte. «Aujourd'hui, nous avons une chorale dans toutes nos églises, parce que les Subsahariens aiment chanter et ils le font plutôt bien», dit-il en souriant. Et même au sein du clergé, certains prêtres viennent d'Afrique de l'Ouest, le Bénin et la Côte d'Ivoire notamment.
Pour lui l'arrivée des chrétiens est une richesse pour le Maroc. «Le Maroc est une terre bénie. Alors qu'il n'y avait aucune présence chrétienne dans les universités marocaines par le passé, il y a maintenant des milliers d'étudiants chrétiens. Cela permet finalement aux jeunes musulmans de rencontrer en chair et en os ce que c'est qu'un chrétien, et donc apprendre à se connaitre, à se respecter, sans chercher à se convaincre», soutient le prêtre qui rappelle le mot d'ordre au sein l'église catholique : pas de prosélytisme.
Non au prosélytisme, oui au respect de la loi
«Nous avons un grand respect pour les musulmans, peut-être parce que notre église a été marquée par Charles de Foucauld [un prêtre français qui raconta comment son séjour au Maroc lui avait permis de renouer avec sa foi chrétienne, en voyant la ferveur des Marocains pour la prière islamique», suppose le père Daniel qui s'est lui-même recueilli plusieurs fois dans des mosquées en Turquie ou en Syrie. D'après lui, bien que beaucoup d'Européens ont cessé de fréquenter les églises, la vie au Maroc poussent beaucoup d'entre eux à renouer avec leur foi. «On ne peut pas entendre un muezzin et ne pas se dire : 'et moi est-ce que je prie ?'», estime le prêtre.
L'EEAM qui, elle, a été très touchée par les sanctions pour prosélytisme il y a quelques années est à présent plus sereine. «Aujourd'hui, l'église est apaisée. Ça a été une période assez difficile parce qu'il y a beaucoup d'amis, de frères qui ont été expulsés», confie le pasteur Nicolas qui lève les yeux vers le ciel. Après un soupir, il tient à rassurer : «nous sommes une église officielle, donc nous sommes soumis aux lois en vigueur». Et pour lui, les lois en vigueur n'empêchent pas l'église protestante de s'épanouir dans le royaume. «Nous ne nous sentons pas opprimés et nous saluons la bonne entente qu'il y a entre les autorités marocaines et les églises», déclare ce jeune pasteur qui voit souvent des Marocains venir pendant leurs rassemblements.
Des Marocains souvent curieux
«La loi ne nous interdit pas de leur ouvrir nos portes. Ce qu'elle nous interdit, c'est d'inviter des Marocains pour les ramener au culte, de leur présenter l'évangile pour qu'ils se convertissent. Nous respectons cela. Mais si un Marocain vient de lui-même, nous ne pouvons pas le chasser», explique-t-il.
Le Père Daniel, lui aussi, voit souvent quelques Marocains à la messe. «Surtout lors des événements, précise-t-il. Ils ont le droit de venir s'ils veulent, par contre nous ne faisons pas chrétiens les Marocains. Cette loi nous la respectons». Pour lui c'est juste la preuve d'une «belle coexistence». Il raconte que des Marocains travaillant avec une Française décédée l'ont récemment contacté pour qu'il organise une prière mortuaire en son honneur à l'église Notre Dame. «Il y avait 60 Marocains et 5 chrétiens ainsi que la dépouille de cette dame qui leur a beaucoup donné. J'ai fait la prière. Et ça s'est très bien passé», explique le prêtre.
Selon certaines enquêtes menées par plusieurs médias internationaux, certains Marocains qui se rendent dans ces églises seraient parfois convertis. Mais les leaders assurent ne pas en être responsables. Pour le Père Daniel, il s'agit aussi de Marocains curieux. Dans tous les cas, qu'il s'agisse de l'EEAM ou de l'église catholique, ils assurent s'en tenir aux lois, tout en élargissant leur mission au domaine social, avec notamment l'accompagnement des migrants irréguliers venus dans l'objectif de rejoindre l'Europe. Les églises financent les billets d'avions pour ceux qui acceptent de retourner dans leurs pays d'origine.


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